Iris et les hommes

Ciel, mes amants !

Son mari n’étant plus porté sur la chose, une dentiste quadragénaire s’envoie en l’air grâce à une application de rencontres.

Après lui avoir donné un âne buté comme principal partenaire de jeu dans Antoinette dans les Cévennes, Caroline Vignal (Les autres filles) offre cette fois à la pétulante Laure Calamy le plus que séduisant Vincent Elbaz comme mari. Le hic, c’est que le personnage de ce dernier, Stéphane, est toujours scotché à son clavier et n’a plus le temps pour les rencontres sur l’oreiller.

Qu’à cela ne tienne, Iris (Calamy), dentiste à la tête de son propre cabinet, mère dévouée de deux charmantes filles et, jusque-là, femme fidèle, va bientôt s’encanailler grâce à une appli de rencontres. Ding ! Ding ! Ding ! Les notifications ne tardent pas à se multiplier sur le téléphone d’Iris, à la grande surprise de Stéphane et au grand dam de l’hygiéniste dentaire Nuria (Suzanne De Baecque, hilarante).

Mû par l’enthousiasme contagieux de Laure Calamy et quelques idées de mise en scène amusantes, Iris et les hommes, troisième long métrage de Caroline Vignal, traite avec une légèreté déconcertante du désir féminin et de l’adultère. Par ailleurs, à voir les amants qu’elles soumettent à leur héroïne, il faut croire que la réalisatrice et la coscénariste Noémie De Lapparent ne considèrent pas l’adultère comme une solution aux couples fatigués par la routine.

De fait, personne n’oserait dire qu’Alphonse/Julien (Sylvain Katan), Sylvain (Laurent Poitrenaux) ou No Vanilla (Alexandre Steiger), quelques-uns des spécimens mâles proposés par l’appli de rencontres, donne envie de tout abandonner ne serait-ce que pour quelques instants de volupté. Pour ainsi dire, les escapades extraconjugales d’Iris se révèlent plus loufoques que coquines. Par ailleurs, les rendez-vous doux deviennent si mécaniques qu’on s’explique mal le sourire extatique de la quadragénaire enjouée. Et dire que le scénario s’appuie sur les recherches de la réalisatrice...

Évitant les sempiternels textos affichés à l’écran, Caroline Vignal a eu l’heureuse idée de transformer les usagers du métro en candidats potentiels venant tour à tour se présenter à Iris. Un peu plus longue, la scène serait devenue quelque peu dérangeante tant les hommes s’y font insistants. Puis arrive, sans crier gare, ce numéro musical où Laure Calamy, toute de rouge vêtue, chante (plutôt mal) Il pleut des hommes (version française d’It’s Raining Men adaptée par la réalisatrice) et danse (pas si mal) entourée d’hommes près d’une station de métro à Créteil. Rigolo et fantaisiste.

Comédie sentimentale

Iris et les hommes

Caroline Vignal

Laure Calamy, Vincent Elbaz, Suzanne De Baecque

1 h 38

En salle

6/10

Club Zero

Une satire qui laisse sur sa faim

Une nutritionniste qui vient d’être embauchée dans une école secondaire privée élitiste d’une ville européenne non nommée entraîne ses élèves dans un dogme de la non-consommation.

Le précédent long métrage de l’Autrichienne Jessica Hausner, Little Joe, était un thriller décalé, clinique et lancinant, sur une scientifique qui crée une fleur censée rendre heureux. Scénarisé comme Little Joe par Jessica Hausner et la Française Géraldine Bajard, Club Zero est une satire sous forme de suspense dans le même registre intrigant et glacial, qui s’intéresse à la surconsommation et aux clivages de classe, à travers la délicate question des troubles alimentaires (avec certaines scènes assez crues).

Épousant une esthétique minimaliste qui n’est pas sans rappeler celle de son compatriote Ulrich Seidl, coproducteur du film, Jessica Hausner (Amour fou) met en scène Mia Wasikowska, d’une indolence glaciale, dans le rôle d’une nutritionniste qui intègre le corps professoral d’une école secondaire d’élite.

Cette mademoiselle Novak, qui s’est fait connaître grâce à des capsules (et une tisane aux propriétés apaisantes) sur l’internet, a mis sur pied un mode de nutrition novateur, qui s’inspire de la méditation pleine conscience, afin de s’attaquer à la surconsommation, à la malbouffe et à la destruction de l’environnement. Son discours dans l’air du temps trouve bien sûr un écho chez ses jeunes élèves, intrigués et séduits par sa proposition de manger moins et de manger mieux, afin d’en tirer des bienfaits pour le corps, l’esprit et la planète.

L’enseignante profite de la complaisance, de la crédulité et de la confiance aveugle de nombreux parents (notamment un couple ultrariche interprété par Mathieu Demy et Elsa Zylberstein) envers cette école réputée pour repousser les limites de ses élèves. Ces parents disent vouloir ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants, des cours de piano et de danse jusqu’au mandarin en passant par la nutrition. Cette course à « l’excellence » a un prix, rappelle Jessica Hausner.

La mystérieuse mademoiselle Novak exploite les fragilités et zones d’ombre de ces adolescents (parents absents, mère sans le sou ou souffrant de troubles alimentaires, etc.) afin de mieux s’imposer en confidente et en gourou révolutionnaire. Quelques élèves, plus sceptiques, quittent le groupe. La plupart d’entre eux embrassent le dogme de ce Club Zero pour combler un vide.

Club Zero, présenté en compétition au plus récent Festival de Cannes, est une métaphore cynique et troublante, qui peut parfois sembler caricaturale et simpliste, de ce qui peut mener des gens brillants, mais influençables et vulnérables, à intégrer une secte. Jessica Hausner démonte efficacement les mécanismes de ce processus d’abandon du libre arbitre. Mais son film, construit comme un thriller froid, clinique et distant – on m’excusera le jeu de mots – laisse sur sa faim.

Drame

Club Zero

Jessica Hausner

Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Amir El-Masry

1 h 50

En salle

6/10

Godzilla x Kong : The New Empire

Les monstres nous ont laissés tomber

Godzilla et Kong doivent unir leurs forces alors qu’une menace venant des profondeurs de la Terre se manifeste.

Il est toujours dommage de voir des valeurs sûres disparaître.

En dépit de la taille titanesque de ses plus célèbres personnages, la valeur cinématographique du MonsterVerse – qui regroupe les films et les séries de monstres de Legendary Pictures – n’est pas si grande. Reste qu’on pouvait s’y fier. Les quatre films qui précèdent Godzilla x Kong : The New Empire sont au moins divertissants. Ce cinquième volet est toutefois un échec total.

The New Empire est non seulement faible visuellement, ses personnages humains sont les plus inintéressants de toute la série. La Dre Ilene Andrews (Rebecca Hall) demeure la scientifique au grand cœur avec un jugement discutable, alors que Bernie Hayes (Brian Tyree Henry) reste le conspirationniste verbomoteur insupportable. Jia (Kayle Hottle), la fille adoptive de la Dre Andrews, est mignonne, mais ses « pouvoirs » prennent ici des proportions démesurées.

S’ajoute heureusement Trapper (Dan Stevens), un mélange de Steve Irwin – le regretté chasseur de crocodiles – et d’Ace Ventura – on y fait même allusion ! Il est si caricatural qu’on ne peut que l’aimer. Et lorsqu’il prend les choses en main au son d’I Was Made for Lovin You, de Kiss, on est conquis.

Cependant, tout le reste du scénario écrit à plusieurs mains, dont celles du réalisateur Adam Winghard, se prend trop au sérieux. Il n’est pas compliqué, pourtant. Les dialogues ne servent pour la plupart qu’à confirmer ce qu’on voit à l’écran. On imagine facilement les pauvres acteurs lancer leurs répliques futiles devant un fond vert regardant un monstre qu’ils ne voient pas.

Depuis leur affrontement, Godzilla et Kong occupent chacun leur territoire : l’un à la surface de la Terre en croisade contre les titans, l’autre dans les profondeurs (Hollow Earth) à la recherche de ses semblables. L’énorme gorille découvre des centaines de ses semblables au service du Skar King, gigantesque orang-outang qui contrôle un dragon quadrupède cracheur de glace.

Dans un festival d’images de synthèse inférieures à celles de certains jeux vidéo, Godzilla et Kong font donc équipe pour empêcher le méchant singe et son dinosaure d’anéantir la surface de notre planète. Entre-temps, Rome et les pyramides d’Égypte y passent. Aussi communes ces scènes soient-elles, on les préfère à celles du monde caché sous nos pieds qui a perdu toute sa magie du film précédent. Hollow Earth est terne et artificiel. C’est navrant. Nous devrons nous rabattre sur Godzilla Minus One.

Action

Godzilla x Kong : The New Empire

(V. F. : Godzilla et Kong – Le nouvel empire)

Adam Winghard

Avec Rebecca Hall, Brian Tyree Henry, Dan Stevens

1 h 55

En salle

3/10

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