Les nouvelles révélations déferlent sur Facebook

« Facebook sait qu’il a un problème de traite des êtres humains depuis des années. Il ne l’a toujours pas complètement réparé. »

« Sur Facebook, le fiasco de la modération en langue arabe »

« Facebook de nouveau montré du doigt pour les contenus haineux sur ses réseaux en Inde »

« L’Histoire ne nous jugera pas avec bonté »

« Ce que Facebook savait sur la façon dont il radicalisait les utilisateurs »

Depuis quelques jours, des médias de partout dans le monde multiplient les gros titres et les révélations sur le géant des réseaux sociaux, à partir de dizaines de milliers de documents confidentiels, les « Facebook Papers », obtenus par Frances Haugen, ancienne employée de Facebook devenue dénonciatrice.

Mme Haugen, qui a comparu lundi devant une commission parlementaire britannique travaillant sur une législation visant à freiner les entreprises de réseaux sociaux, accuse son ancien employeur d’attiser la haine et l’extrémisme en ligne et de ne pas protéger les enfants contre les contenus préjudiciables.

Malgré toute cette mauvaise presse, l’entreprise de Mark Zuckerberg a annoncé lundi des profits de 9 milliards au troisième trimestre, soit 17 % de plus qu’il y a un an.

The Atlantic, Bloomberg, CNN, NBC, The New York Times, The Washington Post, Associated Press, Le Monde sont au nombre des grands médias qui ont obtenu les documents internes, d’abord transmis au Wall Street Journal, il y a un mois, sur les pratiques du réseau social. Après les révélations entourant l’existence d’une étude interne sur les répercussions d’Instagram sur l’image corporelle et le bien-être des jeunes, d’autres secrets ont été mis au jour.

Récentes révélations

CNN affirme que Facebook savait depuis 2018 que ses plateformes servaient au trafic d’êtres humains.

« Les choses ont tellement mal tourné qu’en 2019, Apple a menacé de retirer l’accès de Facebook et Instagram à l’App Store, une plateforme sur laquelle le géant des médias sociaux s’appuie pour atteindre des centaines de millions d’utilisateurs chaque année. En interne, les employés de Facebook se sont précipités pour supprimer le contenu problématique et apporter des changements de politique d’urgence pour éviter ce qu’ils ont décrit comme une conséquence “potentiellement grave” pour l’entreprise », peut-on lire.

De son côté, Le Monde illustre les carences de Facebook « en matière de modération des contenus arabophones et son inertie pour y mettre fin ».

« Les pays arabophones d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont un marché majeur pour Facebook, avec 220 millions d’utilisateurs actifs fin 2020 – soit une bonne moitié de la population de la zone –, faisant de l’arabe la troisième langue sur le réseau social », rappelle le quotidien.

The New York Times fait état de problèmes en Inde, où Facebook est de nouveau montré du doigt pour les contenus haineux sur ses plateformes.

« Avec 340 millions de personnes utilisant les différentes plateformes de Facebook, l’Inde est le plus grand marché de l’entreprise », note le journal.

« Les problèmes de Facebook sur le sous-continent présentent une version amplifiée des problèmes auxquels il a été confronté à travers le monde, aggravés par un manque de ressources et un manque d’expertise dans les 22 langues officiellement reconnues de l’Inde. »

– Extrait d’un article du New York Times

D’autres reportages décrivent une entreprise en conflit interne où les données sur les dommages qu’elle cause sont nombreuses, mais qui offre peu de solutions.

Rien d'étonnant

Interrogé par La Presse, Pierre Trudel, professeur de droit à l’Université de Montréal et spécialiste des questions de droits à l’information, estime que toutes ces révélations n’ont rien de si étonnant.

« Ce sont des documents qui ont confirmé ce que beaucoup de gens disaient, explique-t-il. Ça a surtout confirmé que l’entreprise avait en sa possession des données, des analyses, qui confirmaient un certain nombre de problèmes qu’on associe aux réseaux sociaux, comme la détresse liée à la diversité corporelle et les problèmes de modération. »

M. Trudel est d’avis qu’on « aurait tort de faire porter à Facebook tout le blâme pour ces dérives ». « D’après moi, dit-il, c’est aux États d’intervenir, de légiférer et de mettre des balises. »

– Avec l'Associated Press et l’Agence France-Presse

Que sont les « Facebook Papers » ?

C’est un projet de collaboration entre 17 grands médias américains, qui ont analysé 10 000 pages de documents confidentiels obtenus par la lanceuse d’alerte Frances Haugen, une ingénieure informatique ayant quitté Facebook en mai. Un consortium de médias européens a eu accès aux mêmes documents. D’un commun accord, les membres de ces deux groupes de presse ont décidé d’attendre au vendredi 22 octobre pour commencer à diffuser des reportages, afin de laisser à tous les journalistes le temps d’analyser les informations et d’obtenir des réponses de Facebook. D’autres articles devraient paraître dans les prochains jours.

– Avec l'Associated Press

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