ARTS VISUELS  ALEX COMA

Quand l’artiste tue son ego

Si chaque artiste a sa propre signature, des créateurs comme Alex Coma sont plutôt rares en 2019. Empreint de mysticisme et de spiritualité, il explore son univers intérieur et a décidé de se purifier… en tuant son ego. Un des poulains de la galerie AVE, dans Saint-Henri, Alex Coma présente The Space Within jusqu’au 20 février.

L’art est une thérapie pour Alex Coma. Ses œuvres découlent d’une quête spirituelle. Il essaie de séparer ses caractères acquis de son « identité réelle ». Il appelle ce processus la désidentification, une façon de tuer son ego…

Diplômé de Concordia en 2014, Alex Coma a étudié la photographie avant de se tourner vers la peinture, un médium qu’il maîtrise bien depuis ses deux ans à l’Académie des beaux-arts de Montréal, sous le mentorat de Romina Sol Catanzaro.

« Pour moi, la réalité, c’est ce qui se passe dans ma psyché, et la peinture me donne cette liberté de pouvoir exprimer quelque chose d’intangible. »

— Alex Coma

À Concordia, Alex Coma s’est intéressé à la physique quantique et à ces espaces invisibles où la science perd ses repères. Ses enseignements l’ont conduit à la spiritualité et à considérer les sciences occultes comme l’alchimie ou la divination.

D’autres l’ont fait avant lui. Joseph Beuys ou Anselm Kiefer ont créé en se référant au sacré. Mais Alex Coma s’est totalement investi dans la spiritualité. Il médite, étudie ses rêves et se sert du tarot divinatoire pour créer : « Une façon de faire miroiter des vérités que j’ai, cachées au-dedans de moi, des vérités que, parfois, je ne veux même pas voir et que je m’oblige à voir avec le tarot. »

« Purifiant son esprit », le tarot lui a permis, dit-il, de pointer des traumatismes, refoulés, vécus dans son enfance. Considérant qu’on est de plus en plus déconnectés les uns des autres, Alex Coma fait le lien entre son individualité et le monde extérieur en utilisant l’architecture. Comme lorsqu’on fait dessiner une maison par des enfants pour mieux connaître leur personnalité.

Représenté par la galerie Arteria, l’artiste de 27 ans exposait en septembre dernier au Livart. Lors du vernissage, le baryton québécois Gino Quilico avait chanté un air traitant de la mort pour interagir avec sa toile Sublunary Return (voir la vidéo ci-dessous).

À la mi-mars, il présentera sept œuvres à l’Affordable Art Fair de Bruxelles, en Belgique.

The Space Within, d’Alex Coma, à la galerie AVE (901, rue Lenoir, B-315, Montréal), jusqu’au 20 février.

Six œuvres

The Sanctuary

Premier tableau de sa série Inner, Outer World, qui s’est étalée de 2016 à 2018. Alex Coma représente une large bâtisse illuminée de l’extérieur qui symbolise son ego, alors plutôt surdimensionné et n’ayant pas ou peu de lumière intérieure. Dans ses œuvres, les infrastructures représentent le corps humain. « The Sanctuary est une manifestation du début de mon parcours spirituel, dit-il. La toile représente une forme de naïveté, car je n’étais pas conscient de ce que je faisais alors. »

Sublunar Return

Cette toile résume les sept autres peintures de sa série Inner, Outer World. Alex Coma a dessiné une autre infrastructure, une église (photographiée à Hawaii) sur laquelle il a placé des symboles : les quatre éléments terrestres (l’air, l’eau, le feu et la terre), la victoire (une couronne et une étoile), la croix ansée égyptienne (qui symbolise la vie) et une allusion à la Kabbale juive. Dans le coin gauche en bas du tableau, une stèle funéraire est marquée des initiales de l’artiste pour rappeler la mort de son ego.

Ego Death

Première œuvre vidéo d’Alex Coma, Ego Death est une « performance de genre rituel », où on le voit briser un miroir dans lequel son image se reflétait. Il explique que le fait d’avoir cassé son reflet correspond à une mise à mort de son ego, une séparation des critères avec lesquels on l’identifiait. « C’est-à-dire tout ce qui crée notre fausse identité, dit-il. Dans le sens où on aurait pu naître n’importe où ailleurs dans le monde et notre identité aurait été complètement différente. »

L’installation Real Persona

Voici une œuvre introspective qui contient les miroirs cassés lors de la performance Ego Death. Ils sont placés selon deux arcs de cercle (l’un terrestre, l’autre divin) qui permettent de s’y refléter en se positionnant au croisement de deux miroirs ovales (l’un au sol et l’autre au plafond). L’arc extérieur est formé de sept morceaux, comme les sept couleurs de l’arc-en-ciel, et l’arc intérieur, de 12 brisures, comme les 12 constellations du Zodiaque. Avec un œil masculin et un œil féminin, inspirés de l’Égypte ancienne, pour nous inciter à regarder à l’intérieur de nous-mêmes.

Soleil interne

Dans cette installation, Alex Coma a placé autour du soleil interne, sorte d’iris projetant de la lumière, un cercle extérieur avec des peintures sur toile représentant les 12 plantes associées aux 12 signes du Zodiaque et un cercle intérieur avec des huiles sur bois représentant 7 planètes du système solaire. Chaque plante représente les vertus et énergies de chaque signe zodiacal.

Fusée

Structure symbolique qui marie le divin et le terrestre, soit les 7 couleurs de l’arc-en-ciel et les 12 constellations zodiacales, la sculpture Soul Rocket Black est une fusée lumineuse qui se rend explorer non pas les civilisations lointaines, mais notre intérieur. Une fusée à la découverte de notre inconscient. Comme le fait la méditation. D’ailleurs, le guide spirituel d’Alex Coma, Shri Amir Mourad, organisera une séance de méditation gratuite à la galerie AVE le 16 février à 13 h 30. Afin de découvrir notre espace intérieur. Mais aussi Alex Coma !

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