École primaire

L'écriture en lettres attachées doit rester, selon une chercheuse

Après la presque totalité des États américains, voilà que la Finlande abandonne à son tour l’enseignement de l’écriture cursive (en lettres attachées). Le Québec serait bien avisé de ne pas suivre ce mouvement, dit une chercheuse universitaire spécialisée dans ces questions.

En 2012, Isabelle Montésinos-Gelet, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l'Université de Montréal, de même que les professeures Marie-France Morin, de l’Université de Sherbrooke, et Natalie Lavoie, de l’Université du Québec à Rimouski, publiaient les résultats d’une étude menée auprès de 718 enfants de 54 classes de deuxième année du primaire.

Depuis longtemps, la plupart des élèves québécois apprennent à écrire en scripte en première année, avant de passer à la cursive en deuxième année.

Les chercheuses ont comparé ce cas de figure classique à l’enseignement exclusif en lettres attachées ou en lettres détachées.

Premier constat : la façon dont on apprend à tracer nos lettres n’est pas sans conséquence.

Si les scripteurs experts forment leurs lettres sans aucun mal et ne butent sur l’orthographe que de quelques mots dans une phrase, les enfants, eux, doivent consacrer beaucoup d’attention au seul tracé des lettres (la graphomotricité).

Or, à peine commencent-ils à maîtriser cet art, à peine développent-ils certains automatismes qu’on leur demande de passer à un autre type d’écriture en deuxième année, ce qui détourne plus longtemps leur attention de l’orthographe ou de la construction de phrase, relève Mme Montésinos-Gelet.

Ce qu’il faut donc surtout éviter, à son avis, c’est d’enseigner les deux types d’écriture.

« Qu’ils apprennent à écrire en script ou en cursive, les enfants sont avantagés lorsqu’un seul type d’écriture est enseigné. »

— Isabelle Montésinos-Gelet, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l'Université de Montréal

Et entre la cursive et les lettres détachées, quel enseignement privilégier ?

À la lumière de ses travaux et de la littérature sur le sujet, Mme Montésinos-Gelet croit que l’enseignement exclusif de l’écriture cursive est préférable. « Les élèves qui n’avaient appris que la cursive avaient la meilleure syntaxe. »

Mais si l’enseignement de la seule cursive est à privilégier, cela ne signifie pas pour autant que les parents d’enfants d’âge préscolaire doivent se garder d’enseigner à leurs enfants à reconnaître les lettres détachées.

D’une façon ou d’une autre, dit Mme Montésinos-Gelet, il est important de savoir identifier toutes les lettres.

Fait à noter, si les États-Unis et la Finlande délaissent, eux, l’enseignement de l’écriture cursive, ce n’est aucunement, comme l’ont prétendu certains articles, pour faire passer les enfants directement au clavier.

Les élèves américains et finlandais continuent d’apprendre à écrire au crayon, mais en lettres détachées, jugées plus utiles en cette ère numérique.

Au Québec, le choix de la graphie relève de chaque école ou de chaque commission scolaire et non pas du ministère de l’Éducation. 

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