Un cirque qui pèse 1,2 million de kilos

En matière de logistique, la Formule 1 est une machine parfaitement rodée. Un tour des paddocks avec son partenaire officiel des 20 dernières années, DHL, nous a permis de prendre plus pleinement la mesure du défi de coordination et de structuration que représente le sport automobile.

Il y a 10 jours, les quelque 1,2 million de kilos d’équipements de Formule 1 étaient à Monaco. Aujourd’hui, ils sont là, devant nous, dans les paddocks du circuit Gilles-Villeneuve.

Il fait très, très chaud mercredi matin au circuit Gilles-Villeneuve. À environ 48 heures de la première séance d’essais libres du Grand Prix du Canada, les employés des 10 équipes de Formule 1 s’affairent à mettre en place tout leur équipement dans le garage qui leur est réservé. Dans celui de Red Bull, tout à l’avant de la ligne des puits, de la musique joue à pleine tête. On ne s’attendait à rien de moins chez le constructeur champion en titre.

Les entrées des garages, et les voitures qui s’y cachent, sont toutes protégées par des panneaux afin d’empêcher un visiteur éventuel de voir sur quoi travaillent les mécaniciens. Seules des parties de voitures, comme des ailerons avant, traînent ici et là devant les garages.

« Tout ce que vous voyez ici, DHL l’a apporté. »

— Mathieu Levasseur, responsable des évènements de sport automobile pour DHL en Amérique du Nord

Autrement dit, c’est lui qui, depuis 2019, s’assure que tout l’équipement envoyé par voie aérienne, maritime ou terrestre arrive à bon port au circuit Gilles-Villeneuve. Il se présente d’ailleurs à nous comme un « logistics freak », un maniaque de la logistique !

Il est difficile de croire que pratiquement tout l’équipement qui nous entoure prendra ensuite la direction de l’Espagne pour le Grand Prix du 23 juin.

Et pourtant.

« C’est le summum de la logistique, lâche Levasseur. Il n’y a rien de plus gros que ça. Oui, il y a les Jeux olympiques, des évènements comme la Coupe du monde ou le Super Bowl. Tu apportes les choses sur un site et ça se passe là. Nous, en trois jours, c’est reparti et il n’y a plus rien. »

Qu’arrive-t-il si de l’équipement, comme une voiture par exemple, arrive en retard à un circuit ? « Ce n’est pas une option », nous répond simplement Christian Pollhammer, qui est responsable de la logistique évènementielle pour la F1 depuis 2017.

Voilà qui en dit long sur l’efficacité – et les attentes – de la F1 et de DHL.

« Une course après la course »

Pour Mathieu Levasseur, une course rime avec un mois de préparation sur le circuit. Après le Grand Prix de Miami, auquel il travaillait également, il est revenu à Montréal pour l’arrivée des premiers équipements le 14 mai.

Au total, pas moins de 100 camions se sont rendus jusqu’au Québec en provenance de Miami – ceux-ci contiennent du matériel qui n’a pas besoin d’être déplacé en Europe pour les courses de l’autre côté de l’océan. Un total de huit avions bien remplis sont arrivés de l’Europe. Et du matériel utilisé lors du Grand Prix du Japon, en avril, est parvenu au Canada par voie maritime.

« Les cargaisons qui voyagent par les airs doivent être arrivées en lieu sûr 48 heures avant d’être livrées, explique Christian Pollhammer. C’est une exigence [au Canada]. L’escouade canine vient ensuite pour fouiller avant qu’on charge tout. »

« Une fois l’avion arrivé, ça prend environ une heure de route pour s’en venir [au circuit], enchaîne Levasseur. Il y a beaucoup de construction, alors nous devons discuter avec Transports Québec pour savoir quelle route nous pouvons prendre, ou pas, s’il y a une situation inattendue. »

Après la course, dimanche, tout sera emballé en un temps record. Votre représentante de La Presse n’aura même pas le temps d’écrire son article que, déjà, les équipes seront à la tâche.

« Tout l’équipement critique, donc les garages, les voitures… Ce sera parti dès lundi, lâche Levasseur. Les équipes ramasseront tout en environ sept heures, puis nous commencerons à remplir les camions dimanche vers minuit. »

« Pour nous, c’est beaucoup de pression de temps pour sortir d’ici parce que deux semaines plus tard, nous courons déjà en Espagne, précise Pollhammer. Les équipes doivent retourner à leur usine, attendre que leurs conteneurs arrivent, les transférer de nouveau dans leurs camions, puis parcourir 1500 km pour se rendre en Espagne. »

Une course après la course, autrement dit.

Et l’impact environnemental ?

Comme la Formule 1 s’est donné comme objectif d’être carboneutre d’ici 2030, des efforts sont faits en ce sens. Si plusieurs courses ont été regroupées au calendrier afin de limiter le voyagement, il demeure que le Grand Prix du Canada est entouré de deux courses en Europe. Ce n’est pas exactement l’idéal en matière d’impact environnemental… « La raison pour laquelle Montréal est seul en Amérique du Nord, c’est en raison de notre contrat avec le Canada, soutient Christian Pollhammer. La course doit avoir lieu à ce temps-ci de l’année. Nous sommes liés à ça. » « Nous avons changé beaucoup de choses en Europe avec de l’essence HVO [huile végétale hydrotraitée] et tout ça, ajoute-t-il. […] Il y a de plus en plus de conteneurs qui passent par l’océan. Il y a deux raisons à ça : l’empreinte carbone et les coûts. »

Garder la barre haut placée

Mathieu Levasseur travaille avec DHL depuis sa sortie du cégep, en 2001, mais est responsable des opérations depuis 2019. Ces dernières années, le Montréalais de 43 ans s’est créé une excellente réputation, si bien qu’il a été invité à s’occuper des autres courses en Amérique du Nord avec son ami et collègue Mathieu Perreault. Cette année, ils ont aussi été appelés en renfort par DHL Bahreïn pour la première course de la saison. « C’est très flatteur, mais on doit performer. On ne peut pas descendre notre barre. […] On essaie d’amener notre expérience à un niveau où personne ne comprend comment on fait. On n’a plus besoin de se parler. On sait ce que l’autre pense. »

Où donner de la tête pendant le Grand Prix ?

Une variété de rendez-vous à saveur de Formule 1 débarquent à Montréal jusqu’au 10 juin.

Le Festival Grand Prix dans la rue Crescent

Le festival classique revient cette année, avec un éventail d’activités et de dégustations le long de la rue Crescent, au centre-ville de Montréal.

L’arrêt au puits du Centre Eaton

Jusqu’au 10 juin, le Centre Eaton offre une expérience immersive, incluant un simulateur de course et une compétition de changement de pneus.

La Soirée Maxim Grand Prix

Le rappeur French Montana offrira une performance lors de cette soirée organisée par le magazine Maxim à la gare Windsor, le 8 juin.

La Semaine Grand Prix Ferreira

Le restaurant de fine cuisine portugaise Ferreira offre trois formules de repas gastronomiques pour souligner le passage du Grand Prix à Montréal, du 6 au 9 juin.

FANAFEST

Située dans le Vieux-Montréal, la boutique de marchandise de sport automobile FANABOX mettra en vente des objets souvenirs exclusifs lors de son évènement FANAFEST, du 6 au 9 juin.

Le Grand Prix F1 chez Alexandre & Fils

La brasserie française de la rue Peel soulignera le passage du Grand Prix à Montréal en exposant de luxueuses voitures de course devant son établissement.

— Fannie Arcand, La Presse

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