Vaccination

Les cliniques « éphémères » sont de retour

Pour convaincre les 540 000 adultes qui tardent à se faire vacciner, Québec implantera à nouveau cet hiver une série de cliniques « éphémères » dans les secteurs moins couverts par la vaccination. Des étudiants en médecine et en soins infirmiers participeront à l’opération.

« On va intensifier nos efforts pour avoir des stratégies adaptées dans les quartiers à faible taux de vaccination. On veut aller à la rencontre des gens sur le terrain, leur expliquer les bienfaits de la vaccination, en utilisant une approche positive. […] C’est ce qui avait manqué jusqu’ici, je pense », a affirmé lundi le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant.

Une première « clinique éphémère » verra le jour jeudi au CLSC Sainte-Catherine, au coin du boulevard Saint-Laurent et de la rue Sainte-Catherine. Elle sera ouverte tous les jours de 9 h à 17 h, sans rendez-vous. Des dizaines d’autres cliniques de ce genre devraient ouvrir partout au Québec, mais la priorité sera d’abord donnée à Montréal.

La mesure, en soi, n’est pas nouvelle : le gouvernement avait déjà mis sur pied des cliniques éphémères de vaccination l’été dernier. « On était alors passé de 1,2 million à 600 000 personnes non vaccinées à peu près. On ajoute de l’intensité à quelque chose qui marchait déjà. Mon but n’est pas de réinventer la roue », a d’ailleurs reconnu M. Carmant à ce sujet. « Les gens hésitants, s’ils voient la clinique, peut-être que le premier jour, ils ne rentreront pas, mais que le lendemain, ils vont aller chercher de l’information. Peut-être que dans deux ou trois jours, ils vont se faire vacciner. »

Une ligne téléphonique sera aussi mise sur pied pour les personnes « souhaitant discuter avec un professionnel de la santé des facteurs contribuant à leur hésitation vaccinale ».

Québec admet d’ailleurs avoir accès à l’identité des non-vaccinés, mais ne les contactera pas directement pour l’instant.

« Il n’y a rien de nouveau dans le plan présenté aujourd’hui par le ministre Carmant, pour une raison bien simple : ils se contentent d’augmenter l’intensité d’une approche qui a montré ses limites. C’est trop peu, trop tard », a réagi lundi le critique solidaire en matière de services sociaux, Sol Zanetti.

Québec a aussi annoncé la création d’un partenariat avec la faculté de médecine de l’Université de Montréal (UdeM), afin que des étudiants en médecine et en soins infirmiers « viennent donner un coup de main », en tant que vaccinateurs, évaluateurs, téléphonistes ou agents de terrain. Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal ouvrira d’ailleurs bientôt une plateforme « Je contribue » au niveau universitaire. « On veut les insérer partout dans la campagne », a promis M. Carmant à ce sujet.

Informer les parents

Le ministre s’est fait avare de commentaires sur le nombre de personnes non vaccinées qu’il vise à rejoindre. « Chaque dose donnée va être un gain. J’ai un chiffre en tête, mais je vais me garder la réserve de ne pas le partager », a-t-il glissé lundi, sourire aux lèvres.

Selon le directeur général de la gestion exécutive de la pandémie, Daniel Paré, l’opération devrait aussi aider à augmenter le taux de vaccination chez les jeunes de 5 à 11 ans, qui est au ralenti depuis quelques jours. « Nos enfants de 5 à 11 ans ont des parents, et des fois, il y a un lien entre les deux, donc effectivement, si on peut bien informer les parents, il peut y avoir un effet vraiment positif sur nos enfants », a-t-il convenu.

Le gouvernement appelle d’ailleurs à éviter les « amalgames », et rappelle que les personnes non vaccinées « ne sont pas toutes contre le vaccin et les mesures sanitaires ». Les communautés vulnérables ou marginalisées seront d’ailleurs particulièrement visées.

Pour l’heure, les premières doses administrées chez les adultes continuent à diminuer. Après un sommet de 2400 premières doses par jour atteint il y a une semaine, la province est retombée à moins de 1800 vaccins par jour chez les 18 ans et plus. La vaccination chez les 5 à 11 ans, elle, continue de progresser assez lentement. Environ 1100 enfants reçoivent quotidiennement leur première dose, ce qui a permis de faire passer le taux de vaccination à 61,1 %. Par contre, l’administration des deuxièmes doses chez ces mêmes jeunes progresse rapidement. Deux mois après avoir reçu leur première dose, 9,2 % des 5 à 11 ans sont aujourd’hui pleinement vaccinés.

52 morts s’ajoutent au bilan

Les 52 morts supplémentaires rapportées lundi portent la moyenne quotidienne à 70. La tendance sur une semaine demeure en hausse, mais de seulement 22 %. Malgré une légère hausse des hospitalisations, la tendance demeure à la baisse dans les hôpitaux du Québec. On a recensé lundi une augmentation de 16 hospitalisations, soit 254 entrées et 238 sorties.

À ce jour, 3299 patients demeurent hospitalisés en lien avec le virus, dont 263 sont toujours aux soins intensifs, une baisse de 10 cas en 24 heures (21 entrées, 31 sorties). Les 3299 personnes hospitalisées représentent une baisse de 2 % sur une semaine. Aux soins intensifs, les 263 patients représentent une baisse de 8 %. Pour l’heure, 85,9 % de la population québécoise a reçu une dose de vaccin, 79 % en a maintenant deux et 37,7 % a déjà trois doses.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse

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