Catherine Zeta-Jones, business star

Elles forment le plus assorti des duos, et pas seulement parce qu’elles se ressemblent. Il y a quatre ans, Catherine Zeta-Jones créait sa marque, Casa Zeta-Jones, « un condensé de mes goûts et de ma façon de vivre, affirme-t-elle. Mais toutes mes collections doivent recevoir l’approbation de ma fille Carys, ma meilleure testeuse ! » La femme d’affaires n’en oublie pas pour autant son premier métier. Elle tourne en ce moment la saison 2 de la série « Prodigal Son », dans laquelle elle incarne une psychiatre.

Que ce soit une tenture froissée, un coussin mal placé ou un motif dépareillé, rien n’échappe à l’œil affûté de Catherine Zeta-Jones. Lorsqu’elle ne tourne pas, l’actrice passe en revue son manoir d’Irvington, à 40 kilomètres de Manhattan. Son emploi du temps est d’une rigueur quasi militaire. Réveil à 4 heures du matin, balade avec les chiens, séance de gym, rendez-vous téléphoniques avec ses employés de New York et Los Angeles, puis lecture de scripts…

Depuis 2017, date de création de Casa Zeta-Jones, sa marque de linge de maison et d’accessoires de décoration, la star enchaîne les journées marathons. Seuls les déjeuners quotidiens avec son mari, Michael Douglas, et une micro-sieste l’après-midi cassent le rythme. Quant au télétravail, il ne lui pèse pas : sa sublime villa s’étend sur quelque 1000 mètres carrés, un vrai terrain de jeu pour tester ses nouvelles créations.

Catherine doit sa passion du design et son sens de l’esthétisme à sa mère, Patricia, ancienne couturière : « Je suis née au milieu des machines à coudre et des tissus. Elle fabriquait mes robes, aménageait notre intérieur. Lorsque j’étais enceinte de mon fils Dylan, il y a vingt ans, je me suis mise à dessiner des croquis et des ambiances de déco. Je m’inspire de mes voyages, de mes tournages à l’étranger. Je possède un grand nombre de vêtements vintage, qui vont de robes Versace à des pièces haute couture Christian Lacroix… Je les conserve pour ma fille, Carys, qui se sert dans mon dressing. »

Mais pourquoi, en plus d’une collection de prêt-à-porter et d’une ligne de maquillage, disponible sur le site de Nocibé, élabore-t-elle depuis plusieurs mois une gamme de café ? « Parce que je fais ce qui me plaît ! Je suis une grande amatrice de café. Cela me rappelle mes débuts à Paris, quand j’habitais le Quartier latin. Je traversais le Pont-Neuf et j’allais de terrasse en terrasse. » Mais ce n’est pas pour cette seule raison qu’elle s’est lancée dans les affaires il y a quatre ans…

Elle a créé sa marque comme on cherche, après avoir surmonté nombre d’épreuves, à reprendre le contrôle de sa vie. Tout avait si bien commencé. Catherine Zeta-Jones est une des rares à l’avoir reconnu : elle voulait un Oscar. Elle l’a obtenu à 33 ans, en 2003, pour « Chicago » : meilleure actrice dans un second rôle. Auparavant, il y avait eu « Le masque de Zorro », « Haute voltige », « Traffic »… À Hollywood, elle était de celles qui comptent.

Puis arrive 2010. Michael Douglas, père de ses deux enfants, Carys et Dylan, a 65 ans ; il annonce qu’il souffre d’un cancer de la gorge au stade 4, le plus avancé. C’est un choc : « J’étais dans un piteux état. J’avais épousé un homme doté d’une grande force, et soudain j’apprenais qu’il devait se battre pour rester en vie… J’ai de la chance de l’avoir encore près de moi », confiera-t-elle, en 2014, aux 3000 personnes rassemblées au congrès annuel des spécialistes du cancer, à New York.

Après des semaines de chimiothérapie et une opération, Michael annonce sa guérison quelques jours avant la 68cérémonie des Golden Globes. Amaigri de 15 kilos, marqué par la douleur, il reçoit ce soir-là une ovation. Catherine en a le regard embué. C’est la fin du cauchemar, le début d’une renaissance… mais aussi le moment où elle craque psychologiquement.

Les médecins diagnostiquent un trouble bipolaire, déclenché par l’angoisse des derniers mois. La pathologie, caractérisée par des épisodes de dépression suivis de périodes euphoriques, se traite efficacement mais ne se guérit pas. Elle se fait hospitaliser à plusieurs reprises dans une clinique psychiatrique et dévoile publiquement son mal : « C’est un désordre émotionnel qui touche des millions de gens, et j’en fais partie. Il n’y a aucune raison de souffrir en silence et aucune honte à demander de l’aide. » Soignée par les plus grands spécialistes, elle arrive à reprendre le contrôle de ses humeurs changeantes. Mais sa relation avec Michael n’y résiste pas. En 2013, ce dernier confirme la rumeur lors d’une émission de télévision : « Il arrive que les gens aient besoin de faire une pause, mais ça ne signifie pas forcément que c’est la fin. Je me suis éloigné quelque temps. »

Catherine trouve un exutoire dans le travail. Mais si elle tourne coup sur coup « Broken City », aux côtés de Mark Wahlberg et Russell Crowe, puis « Effets secondaires », qui sera présenté au festival de Berlin, elle peine pourtant à se refaire une place. Boudée par le public, attaquée par les critiques, elle enchaîne les déceptions commerciales.

Prenant dès lors des distances avec le cinéma, elle explique cet éloignement par ses exigences : « Je veux bien quitter mes enfants un certain temps, mais pour un rôle que je n’ai jamais joué, entourée de gens formidables. Sinon, je préfère rester chez moi. » Toujours à propos de ses enfants, elle ajoute : « Lorsqu’ils étaient petits, Michael et moi mettions un point d’honneur à ce qu’ils suivent leurs cours et que leur vie sociale soit épanouie. C’est pourquoi nous avions conclu un pacte : Michael devait rester à la maison quand je travaillais, et inversement. »

Les occasions de retrouver Michael ne sont pourtant pas si rares : visites d’écoles privées, sorties en famille au restaurant ou au cinéma. À l’été 2014, ils vont à Jérusalem célébrer la bar-mitsva de leur fils. Ce sera leur seconde chance… Celle qu’ils ne laisseront pas passer. « Chaque mariage connaît des hauts et des bas », explique Catherine aujourd’hui. Apaisée, elle sait qu’elle peut compter sur le soutien de Michael : « Lorsque j’ai créé ma marque, il m’a épaulée. Il est très fier et très heureux, pour moi comme pour les enfants. Leur départ de la maison a conforté mon choix de lancer mon propre business, car j’ai plus de temps pour m’y consacrer. »

Carys ou Dylan reprendront-ils le flambeau de son empire naissant ? Elle botte en touche : « Ma fille a terminé sa dernière année de lycée en Suisse. Elle souhaite étudier les relations internationales. Mon fils suit des cours d’histoire et de politique à l’université. » Il n’y aura donc pas de troisième génération Douglas à Hollywood ? « Pour être honnête, je n’en suis pas si sûre… Ils ont pris des cours de théâtre et adorent ça. Je les ai vus sur scène, ils sont très bons. J’ai de la chance, mes enfants sont aussi intelligents que doués. Avec Michael, on a hâte de voir quel chemin ils vont prendre. »

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