OPINIONS RENTRÉE SCOLAIRE

Des milliers de jeunes reprennent le chemin de l’école aujourd’hui et au cours des prochains jours. Cette nouvelle année scolaire, qui promet d’être mouvementée, vous a inspirés.

Pourquoi une rentrée progressive ?

À l’aube d’une rentrée à la maternelle pour la plus jeune de mes trois filles, je me questionne sérieusement sur la pertinence de cette rentrée dite « progressive ». Dans un contexte où, en grande majorité, les deux parents travaillent et où la plupart des enfants ont passé les dernières années en groupe dans une garderie, à qui profite cet étalement de la rentrée sur quatre jours ?

Certainement pas aux parents qui ont, dans la majorité des cas, épuisé leurs banques de vacances dans les dernières semaines afin de permettre une transition en douceur du milieu de garde à la grande école, ou simplement pour éviter à leur progéniture un été complet dans les camps de jour des villes. Ces quatre jours supplémentaires d’horaire atypique sont un irritant majeur.

Oh ! Bien sûr, la grand-maman ou la voisine peuvent certainement prendre la relève, diront les écoles compatissantes, mais est-ce le meilleur moyen de favoriser l’intégration d’une nouvelle routine pour un enfant qui, inévitablement, ces quatre jours écoulés, devra s’adapter au service de garde, dîner avec les copains et rejoindre une autre éducatrice pour la fin des classes à 14 h 37 ? Je ne le crois pas.

— Marie-Josée Thériault, Boucherville

Un retour avec appréhension

Cette semaine, je retourne au travail. J’appréhende grandement cette nouvelle année scolaire puisque j’aurai dans ma classe de 3e année deux élèves TED (trouble envahissant du développement) et une autre avec un trouble anxieux. Pour aider ces élèves, une technicienne en éducation spécialisée les accompagnera 15 heures par semaine. Qu’est-ce que je ferai pendant les 10 autres heures de classe ? Je n’en suis pas à mes débuts dans ce métier, j’entame ma 31e année. La réalité est qu’une année sur deux, je dois intégrer ces élèves dans ma classe. Cependant, mon choix est clair : il n’est pas question que je néglige les 23 autres. Je suis formée pour enseigner au régulier et non en adaptation scolaire.

— Johanne Bureau

Moins d’aide et de soutien

Mon fils, jeune éducateur spécialisé, s’est présenté à la journée d’affectation de postes à la Commission scolaire de Laval. Il est revenu bredouille. Aucun poste n’est disponible pour les « remplaçants » comme lui. Il semblerait que même les « permanents » n’ont pu obtenir de poste. Quelques heures grappillées ici et là, tout au plus. Je suis triste pour lui, mais je sais qu’il se retroussera les manches et cherchera ailleurs dans d’autres organismes. Il songe même à retourner aux études. Il fera son chemin, j’en suis certaine. Mais je suis en peine pour tous ces enfants qui seront privés du soutien indispensable qu’apporte l’éducateur spécialisé. La réussite scolaire de bien des enfants en dépend et les enseignants en auront plein les bras avec l’augmentation du nombre d’enfants par classe et l’ajout d’enfants aux besoins particuliers et sans services spécialisés. On ferme des classes adaptées et le soutien spécialisé dans les classes dites « ordinaires » est réduit sinon absent.

— Marie Desrosiers

Les deux côtés de la médaille

Oui, le gouvernement a fait des coupes dans le financement des écoles. Mais se pourrait-il qu’il y ait de la mauvaise gestion et du gaspillage dans le maniement des fonds alloués par le gouvernement et des subventions ajoutées par certains parents utilisateurs du service de garde ? On entend beaucoup de cris, mais se pourrait-il que les gestionnaires des commissions scolaires et des écoles utilisent les médias pour camoufler leur mauvaise administration ? Y a-t-il véritablement un sous-financement gouvernemental ? Les contribuables et les parents ont le droit de savoir comment sont administrés les fonds consacrés à l’éducation.

— Nicole Lavoie

Allons voir ailleurs

Récemment, j’ai eu la chance de faire un court voyage chez nos voisins américains, dont la rentrée scolaire a lieu quelques semaines avant la nôtre. Pour soutenir financièrement les parents durant cette période, il n’y a aucune taxe sur les biens de consommation qui touchent la rentrée, que ce soit les fournitures, les vêtements ou les chaussures, et ce, pour toute la famille, pas seulement pour les enfants. Avec un taux de taxation de près de 15 % au Québec, cette simple mesure permettrait aux familles d’économiser et de souffler un peu.

— Sylvie Morin

Un investissement et non une dépense

Bravo au gouvernement et au peuple québécois, qui l’appuie indirectement, pour notre système d’éducation qui devient de plus en plus tiers-mondiste. Si notre société préfère aller dans le Sud chaque année et avoir une grosse maison et une grosse voiture, au lieu d’accepter de débourser en payant un peu plus d’impôts ou de taxes pour l’éducation, les prochaines générations ne pourront plus garder la société québécoise dans le peloton de tête. Il faudrait que les Québécois comprennent qu’il est profitable de dépenser un peu plus maintenant pour pouvoir retirer un plus grand bénéfice plus tard. L’éducation c’est un investissement, pas une dépense. Il semble que le peuple québécois l’oublie.

— Michel Ferland

Une retraite souhaitée

J’ai pris ma retraite après 35 ans dans l’enseignement. Je peux vous dire que j’étais fière de ne plus vivre dans le milieu scolaire. J’ai retenu que peu importe ce que disent ou font les enseignants, ce n’est jamais le bon moment. Ils doivent accepter une baisse de salaire et une augmentation de la tâche, sans jamais rechigner. Mais ils sont tellement gâtés avec leurs semaines de vacances non payées, pourquoi se plaindraient-ils ?

— Murielle Lespérance

À quoi ressembleront nos écoles

« Avec la menace d’une grève, on peut se demander à quoi ressemblera la rentrée ». Nous devrions plutôt nous demander à quoi ressembleront nos écoles lorsque le gouvernement aura fini de couper un peu partout… Non, la grève ne plaira pas aux parents. Mais quand la grève plaît-elle ? Le but d’une grève est justement de faire réagir en démontrant que la société ne peut pas fonctionner sans nous. Le travail des enseignants, tout comme celui des infirmières, est essentiel et doit être reconnu.

Les parents doivent accepter que les enseignants fassent la grève, car si nous ne nous mobilisons pas, en fin de compte les élèves souffriront grandement des mauvaises décisions du gouvernement en matière d’éducation. Oui, la grève fait mal, oui, elle causera des maux de tête aux parents, mais elle est un droit reconnu et les travailleurs peuvent y avoir recours lorsque des négociations n’aboutissent pas. Soyez certains que si nous faisons la grève, si nous acceptons de perdre des journées de salaire, c’est que les enjeux sont importants !

— Catherine Miron, enseignante à la Commission scolaire Marie-Victorin

Une mesure de dernière instance

Faire la grève est une mesure de dernière instance. Cela ne plaît pas aux enseignants. Je me demande à quel point les gens sont conscients de la lourdeur de la tâche et des actions bénévoles du personnel depuis de nombreuses années. Ce bénévolat de la part du personnel est malheureusement tenu pour acquis. C’est lorsque la menace d’une grève du zèle se profile à l’horizon que les gens prennent conscience de l’implication du personnel. Pour ce qui est des augmentations salariales, cela semble outrageux dans le contexte économique, mais il faut comprendre comment cette demande a été calculée. Si une augmentation de 13,5 % semble énorme pour un contrat de cinq ans, que dire de la proposition gouvernementale de 3,5 % ? Je me demande où sont les priorités de notre société.

— Alain Blais

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