RIDM

Marc Gauthier : s’imprégner avant tout

La 24e édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) sera la première du directeur général Marc Gauthier, nommé en mars dernier. Homme d’organisation, ce dernier désire s’imprégner de la saveur du festival et connaître ses initiés avant de lancer de nouveaux projets. Rencontre.

Autrefois directeur général du Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA), Marc Gauthier a eu l’occasion de se rendre dans plusieurs évènements de cinéma au Québec ou ailleurs. Mais pas aux RIDM.

« Parce que les RIDM se tiennent en même temps que le FICFA, dit-il en riant. C’est l’ironie du sort. Mais j’ai appris avec le temps que chaque festival a son public qu’on doit apprendre à connaître. »

Et c’est ce qu’il a hâte de faire avec les festivaliers des RIDM, dont la 24e édition a lieu du 10 au 21 novembre. Après avoir fait la connaissance des membres de son équipe, dont plusieurs sont récemment arrivés, Marc Gauthier rencontrera maintenant le public, les cinéastes et les autres artisans du documentaire qui convergeront vers Montréal.

À court terme, c’est parfait pour lui. Pas question, dit-il, de tout chambarder dans une première année de mandat.

« Ce que j’ai dit avant mon arrivée est que, pandémie ou non, ça aurait été un peu prétentieux d’arriver et d’imposer toutes sortes de changements, dit-il. Mieux vaut se familiariser avec son équipe, le public et le type de programmation offerte. »

« Chaque festival a sa saveur et je veux m’imprégner de celle des RIDM. Une fois la première édition passée, on peut commencer à énumérer des ambitions et aller plus loin. »

— Marc Gauthier, directeur général des RIDM

La pandémie, justement, n’est pas terminée. Raison de plus pour ne rien bousculer, dit M. Gauthier. D’ailleurs, cette 24e édition comportera, comme l’an dernier, un volet en ligne.

À moyen terme, toutefois, le nouveau directeur général laisse voir sa préférence pour la salle.

« Il y a certainement des avantages à tenir une édition hybride, mais dans le monde des festivals tel qu’on le connaît et avec nos structures, c’est très coûteux. Un festival est par ailleurs un évènement social. Alors, de se dire que c’est correct de le vivre devant sa télé me paraît un peu étrange… »

Une « conversation est planifiée » sur le sujet dès le début de 2022, ajoute-t-il.

« Un gars de terrain »

Né dans un village du nord-ouest du Nouveau-Brunswick, Marc Gauthier s’est installé à Moncton pour des études en logistique. Par la suite, il s’est inscrit à l’université pour faire un baccalauréat en traduction. En juillet 2003, entre sa deuxième et sa troisième année d’études, il a obtenu un travail d’été au FICFA. Et il n’a jamais regardé en arrière.

« Je suis tombé dans le cinéma un peu comme un chien errant, dit-il joliment. Après deux semaines au FICFA, j’avais ma première promotion. Au bout de trois mois et demi, j’étais le seul employé. J’en suis devenu le directeur général en 2013. Pour l’organisation d’un festival de cinéma, je suis très autodidacte. »

Il dit par ailleurs rester humble dans sa propre définition de cinéphile. « Je ne suis pas un historien du cinéma, mais un organisateur. J’adore le cinéma, mais je suis comme la personne qui dit : j’aime les voitures, mais je ne suis pas mécanicien. C’est cela : je ne suis pas mécanicien. »

Pour l’organisation, par contre, il est fier des projets réalisés au cours de ses années au FICFA, comme l’installation dans une nouvelle salle, l’achat de matériel et la création d’un partenariat avec deux évènements québécois, REGARD et le défunt Festival de cinéma de la ville de Québec, pour le partage d’équipements.

« Marc Gauthier est un gars de terrain autant qu’un gestionnaire d’expérience, nous dit Danny Lennon, programmateur et grand expert du court métrage au Québec. Depuis deux décennies, Marc a démontré une approche fédératrice, qui place toujours le cinéma et les créateurs au premier plan, devant le reste. Et ça, c’est primordial pour assurer la pérennité et l’évolution d’un festival. »

M. Lennon nous rappelle aussi que Marc Gauthier a reçu, il y a un an, l’insigne de Chevalier des Arts et des Lettres remis par le consulat général de France dans les provinces atlantiques. « Les RIDM sont chanceux d’avoir mis la main sur lui, puisqu’il était d’ailleurs convoité par plusieurs organisations. »

La 24e édition des RIDM a lieu du 10 au 21 novembre avec un volet en ligne du 14 au 25 novembre.

Trois coups de cœur de Marc Gauthier aux RIDM

Dehors Serge dehors de Pier-Luc Latulippe et Martin Fournier

« Plus jeune, je ne parlais pas français et, à la maison, nous n’étions pas exposés à la culture québécoise en général. Mais Serge Thériault était une figure familière. Je ne connaissais pas sa situation actuelle avant d’avoir entendu parler de ce film et après visionnement, je pense que ce portrait a été fait avec grand respect. »

Le 13 novembre à 18 h, au Cinéma du Musée, et en ligne du 14 au 17 novembre

Cow d’Andrea Arnold

« Elle est entre autres la réalisatrice d’American Honey et quand une réalisatrice de fiction prend la peine de signer un premier documentaire dans sa carrière, on comprend que c’est par passion. Dans Cow, on suit le cycle de vie d’une vache laitière. C’est d’une force incroyable. On est captivé ici par quelque chose qui a l’air anodin. »

Le 16 novembre à 18 h 30, au Cinéma du Musée (pas de diffusion en ligne)

Gorbachev. Heaven de Vitaly Mansky

« J’ai un grand amour de l’histoire et je considère Gorbachev comme le chef d’État le plus incompris du XXsiècle. Par ailleurs, le réalisateur a un rapport mitigé avec l’ancien régime. Sachant ce que je sais de Gorbachev, je pense que les évènements survenus sous son administration ont eu des répercussions directes sur la vie de Mansky. On le sent dans sa signature. »

Le 15 novembre à 18 h, au Cinéma du Musée, et en ligne du 18 au 21 novembre

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