Jumelages interculturels

Le français comme langue fraternelle

L’auteure s’est intéressée au témoignage de Félix Le-Phat-Ho, médecin de famille, sur l’immersion comme moteur de cohésion sociale1.

J’ai lu votre article du 14 janvier dans La Presse avec beaucoup d’intérêt. Votre témoignage est très touchant, très inspirant et rejoint mes convictions les plus profondes. Dans notre monde interconnecté, comme vous l’avez souligné, il est important de vivre des expériences marquantes, de rechercher des dénominateurs communs, de s’unir, de former des leaders visionnaires et rassembleurs qui ont à cœur le bien collectif et le vivre-ensemble.

Quand je suis arrivée à l’UQAM, il y a plus de 20 ans, mes collègues de l’École de langues ont constaté que leurs étudiantes et étudiants qui devaient apprendre le français pour s’intégrer à leur nouvelle société d’accueil n’arrivaient pas à rencontrer des francophones avec qui échanger pour pratiquer le français. D’autre part, mes étudiants futurs enseignants avaient peu de personnes immigrantes dans leur réseau de connaissances. De ce constat est né le projet de jumelages interculturels.

Au départ, les jumelages visaient des échanges entre des étudiants immigrants et en enseignement dans des situations authentiques.

Au fil des ans, des jumelages ont été proposés aux étudiants en travail social, psychologie, communication, sociologie, carriérologie, didactique des langues. Des jumelages ont aussi été organisés dans plusieurs cégeps entre anglophones et francophones, entre autochtones et allochtones dans des programmes de sciences humaines, de techniques policières, de soins infirmiers et, également, dans des universités d’ici et d’ailleurs. Notre groupe de recherche a mis sur pied une communauté de pratique sur les jumelages en partenariat avec des groupes communautaires pour maintenir les liens durant la pandémie2.

Comme vous l’avez mentionné, l’expérience immersive est cruciale pour atténuer les polarisations, les préjugés et la discrimination, et son impact positif sur les relations intergroupes et la cohésion sociale n’est plus à démontrer.

Comme vous l’avez si bien dit, il est temps de redonner à son prochain, non seulement individuellement, mais aussi collectivement et institutionnellement.

Je reprendrais à mon compte les propos de Marco Micone qui proposait que le français, qu’il soit langue maternelle ou langue seconde, devienne une langue fraternelle pour tous les citoyens du Québec. Les immigrantes et immigrants d’hier sont les membres de la société d’accueil d’aujourd’hui et les immigrants d’aujourd’hui seront les membres de la société d’accueil de demain.

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