La gestion du risque pour les aînés aussi
Pendant la crise de la COVID-19 mais aussi après, il faudra apprendre à laisser les aînés gérer leurs risques eux aussi, plaide le gériatre social Stéphane Lemire, qui pointe les impacts d’un confinement prolongé des personnes âgées.
« On ne veut pas se ramasser dans un mois avec la moitié des aînés qui ne marche plus ! », fait remarquer l’interniste-gériatre en entrevue avec Le Soleil.
Le Dr Lemire estime que le confinement était nécessaire. Mais il est heureux d’entendre le premier ministre et le directeur national de santé publique parler maintenant de gestion de risque, avec une réouverture graduelle des écoles et des entreprises.
Cette gestion de risque devra valoir aussi pour les aînés, dit-il. « Ce ne sont pas tous du monde impotent ! s’emporte le Dr Lemire. Il faut se rappeler que ce sont des adultes qui ont pris des décisions toute leur vie. Il faudra qu’à eux aussi, on puisse leur dire de recommencer à vivre, en prenant des mesures comme porter un masque, garder les distances, se laver les mains. »
Le cauchemar vécu en CHSLD par les personnes âgées et leurs familles ne fait que souligner l’importance de donner des ressources aux organismes communautaires qui font du soutien à domicile, insiste le Dr Lemire.
« Ce qu’on vit n’est qu’une petite répétition générale de ce qui nous attend en 2031, avec le vieillissement de la population, estime-t-il. Il faut des investissements importants pour que la personne âgée puisse avoir le vrai choix de rester à la maison, avec des services. »
Le médecin spécialiste en gériatrie est fondateur et président du conseil d’administration de la Fondation AGES, un organisme qui fournit des services de proximité et de l’information à des milliers d’aînés.
Au bout de 40 jours de confinement, les préposés qui agissent comme sentinelles pour la Fondation AGES constatent de nombreux problèmes chez les aînés : anxiété, isolement, mais aussi des lacunes dans les services de base liés à l’alimentation, à l’entretien.
Une situation stressante comme le confinement peut accélérer le vieillissement d’un aîné, ajoute le Dr Lemire.