Un excédent de 293 millions, mais la dette augmente
Le point sur la dette
À Montréal, le ratio d’endettement est maintenant « de 114 %, soit inférieur de 6 % à celui prévu au budget 2021 », notent les autorités dans un rapport d’activité pour 2021 dévoilé mercredi. « Ce résultat est conséquent avec la stratégie de l’administration municipale, qui a porté exceptionnellement la limite du ratio d’endettement à un maximum de 120 % pour les années 2019 à 2026 et laisse entrevoir le respect de cette limite au cours des années à venir. Cela permettra un important rattrapage dans le déficit d’entretien des actifs municipaux », y lit-on. « On a dégagé environ 638 millions d’économies grâce au paiement des investissements au comptant. C’est une gestion très serrée des finances qui contribue à limiter la hausse de l’endettement », a justifié mercredi la présidente du comité exécutif et responsable des finances, Dominique Ollivier. Reconnaissant que le défi est grand, la numéro 2 de Valérie Plante émet toutefois une nuance. « Il faut aussi regarder du même souffle l’accroissement de nos actifs, qui totalise presque 1 milliard de dollars net. Au comptant, comme Montréalais, en bout de ligne, on s’enrichit tous », a-t-elle lancé.
Un surplus de 293 millions
L’excédent global qu’a dégagé Montréal en 2021 atteint 293,1 millions, dont plus de 250 millions iront directement dans les coffres de la ville centre et 108 millions aux arrondissements. La Ville rapporte une hausse de ses revenus de 146 millions par rapport à ses prévisions budgétaires de l’an dernier. Plus de 80 millions de cette somme proviennent de transferts gouvernementaux du provincial et du fédéral, et 134 millions sont tirés des droits de mutation immobilière. Montréal compte consacrer un peu plus du tiers de son surplus, soit plus de 100 millions, à la « gestion responsable de la dette ». « C’est pour continuer à faire baisser nos ratios, et montrer cette volonté qu’on a d’avancer dans le sens d’une saine gestion », a dit Mme Ollivier. À ses côtés, le directeur de la comptabilité et des informations financières de la Ville, Raoul Cyr, a aussi rappelé que si la dette atteint 6,6 milliards, « on compte des immobilisations qui valent environ 13,7 milliards ». « Si on fait le ratio, on est à 50 % d’endettement. Je pense que c’est un ratio raisonnable. C’est sûr qu’on vise toujours le paiement à 100 %, mais il faut voir que ces immobilisations-là servent aux générations futures aussi », a-t-il jugé.
Moins de contraventions
Signe que la pandémie a frappé fort, l’administration a toutefois engrangé 59 millions en moins d’amendes et pénalités aux citoyens. Dans son rapport, Montréal précise avoir touché 45 millions de moins en contraventions liées à la circulation et au stationnement. Le reste, soit environ 13 millions de baisse, est issu de pénalités concernant la réglementation municipale ou encore le Code criminel. La Ville a aussi déboursé 52,6 millions pour les heures supplémentaires de ses employés en matière de sécurité. La rémunération des salariés a d’ailleurs bondi de 102,3 millions en 2021. Cela dit, la « baisse globale » des charges de fonctionnement est évaluée à 94 millions. Une hausse de 52 millions des affectations internes – provenant de surplus accumulés par le passé – a ainsi permis de dégager un excédent cumulé de 359 millions.
Une agglomération en déficit
Le conseil d’agglomération, lui, enregistre toutefois un déficit de quelque 66 millions. De cette somme, environ 39 millions proviennent des pertes engendrées par la pandémie de COVID-19. « On parle donc d’un déficit structurel de 27 millions. Sur le budget global de 3 milliards, c’est 0,9 % comme tel », a relevé le directeur général de la Ville, Serge Lamontagne, jurant « avoir des solutions qui prennent quelques années à implanter » pour rééquilibrer ce budget. « Il faut rappeler que l’année d’avant, on était à près de 200 millions de déficit à l’agglomération, dont 80 millions directement reliés à la pandémie. Cette année, on descend à 66 millions », s’est-il aussi réjoui, parlant d’un bon premier pas.
Des taxes qui diminuent
Montréal a engrangé 14 millions de moins en taxes municipales, en 2021, par rapport à l’année précédente. À la Ville, on explique ce recul peu commun par la situation pandémique. « Cette baisse résulte en partie d’un retard dans la réalisation de certains projets de construction, ce qui a eu comme effet de reporter aux années futures certaines taxations », explique-t-on. « Le budget 2021 a été finalisé en octobre 2020, en plein milieu de la pandémie. Quand on a réfléchi le budget, on l’a réfléchi dans un contexte de pandémie. On a donc été très serré dans les prévisions de dépenses, et conservateur dans les revenus », a aussi résumé M. Lamontagne, en laissant entendre que le prochain budget de la Ville risque d’être bien différent.