Génomique

Cap sur l’agriculture de précision

La génomique est plus que jamais omniprésente dans le secteur agroalimentaire québécois. Au cours des 10 dernières années, les programmes d’amélioration génétique menés en ce sens par Génome Québec ont connu une hausse spectaculaire, nous rapprochant ainsi d’une « agriculture de précision ». Explications.

« Le secteur bioalimentaire représentait 1 % de notre portefeuille il y a 10 ans. Cette année, il atteint 30 %. Il s’agit de notre deuxième secteur économique en importance après la santé », explique Stéphanie Lord-Fontaine, vice-présidente, affaires scientifiques, à Génome Québec.

Mme Lord-Fontaine préfère d’ailleurs parler du secteur bioalimentaire (et non agroalimentaire), car il comprend à la fois la production animale et végétale, la transformation, la salubrité, de même que les pêcheries et l’aquaculture.

Selon elle, Génome Québec finance actuellement 26 projets de recherche collaborative entre les centres de recherche universitaire et les partenaires industriels. Pour un total de 52 millions de dollars. Cela va de la culture de soya ou de l’avoine à la production laitière en passant par l’affinage de fromages et l’insémination d’animaux d’élevage.

Pourquoi la génomique a-t-elle pris autant d’ampleur dans un secteur autre que celui de la santé ?

« Parce que le prix du séquençage a baissé, dit la vice-présidente. Ces dernières années, plusieurs variétés de fruits, de légumes et d’animaux ont été séquencées. Si bien qu’on dispose désormais d’une incroyable banque de données. »

Par l’entremise de son Centre d’expertise et de services (CES), Génome Québec se targue de posséder le seul instrument d’imagerie du génome entier installé au Canada, le Saphyr de Bionano Genomics.

Et quoi de mieux que l’intelligence artificielle (IA) pour digérer et organiser toute cette information de première importance ?

« Le Québec est très bien positionné et possède un écosystème très fort. Nos connaissances en génomique et l’excellence québécoise en IA nous aident à nous démarquer. »

– Stéphanie Lord-Fontaine, vice-présidente, affaires scientifiques, de Génome Québec

D’ailleurs, il ne faut pas confondre la génomique avec les OGM (organismes génétiquement modifiés). « On ne modifie pas la nature, illustre la scientifique. On utilise plutôt le pouvoir de la diversité et on précise, en agriculture par exemple, quelle plante on va faire se reproduire. C’est une sélection par marqueur assisté, par opposition à des OGM. »

Les projets auxquels Génome Québec participe ou a participé en agriculture et en alimentation sont nombreux, rappelle-t-elle. Définir l’endroit où une espèce bien précise de soya sera à l’abri des champignons ravageurs ; réduire la mortalité parmi les porcelets et favoriser des portées en meilleure santé ; augmenter la qualité de la viande et du lait ; réduire les pertes dans les fromageries en connaissant mieux les bactéries. La liste est longue.

La création de nouveaux cultivars, les produits de meilleure qualité et les maladies mieux contrôlées pour éviter les ravages sont autant d’exemples nous rapprochant de l’agriculture de précision, croit Stéphanie Lord-Fontaine. « On sait encore mieux ce qu’il y a dans les champs, dit-elle. Ça permet d’épargner sur l’épandage et d’augmenter les rendements. L’agriculture de précision va justement être facilitée grâce à l’intelligence artificielle. »

Génome Québec fait même dans l’économie circulaire, c’est-à-dire qu’elle aide à transformer un déchet en matière première recherchée. Jusqu’à tout récemment, les transformateurs laitiers mettaient au rebut le perméat d’ultrafiltration, un résidu du lait, explique Mme Lord-Fontaine. Grâce à un procédé microbien, ce résidu prend désormais la forme d’un acide fumarique, utilisé dans les secteurs alimentaire et médical.

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