Des psychiatres pressent Québec d’améliorer la sécurité en milieu hospitalier

Secoués par des agressions violentes survenues à l’hôpital en santé mentale Albert-Prévost, des psychiatres déposeront des recommandations pour améliorer la sécurité dans les centres hospitaliers.

Le 29 octobre 2019 à l’hôpital Albert-Prévost, le DMario Roy a été violemment attaqué par Joshua Côté-Mashala, qui a depuis reçu un diagnostic de schizophrénie. Le patient l’a poignardé à de nombreuses reprises, avec une paire de ciseaux, dans le dos, dans le cou et au visage. Ce n’est qu’après de longues minutes que des agents de sécurité ont réussi à maîtriser l’agresseur.

« L’agression du DRoy, ça nous a beaucoup ébranlés », a confié le DStéphane Proulx, chef de l’urgence psychiatrique de l’hôpital Notre-Dame. « Des agressions de psychiatres et du personnel de la santé, ce n’est pas un phénomène nouveau. Mais là, une agression aussi importante et grave, ça nous a fortement ébranlés. »

Quelques mois plus tard, toujours dans la même unité du pavillon Albert-Prévost, un patient de 24 ans a tenté de prendre la fuite et frappé plusieurs intervenants.

Dans la foulée de ces évènements, le 9 mars 2020, les travailleurs de l’établissement ont manifesté pour dénoncer la violence qu’ils subissaient. Le DStéphane Proulx et la Dre Florence Chanut ont également signé une lettre dans la section Débats de La Presse dans laquelle ils indiquaient qu’il était urgent d’agir pour mieux sécuriser les hôpitaux.

Recommandations à venir

Un an plus tard, qu’en est-il ? Le DProulx a affirmé que la pandémie de COVID-19 avait « indirectement » amélioré le sentiment de sécurité, notamment parce que les allées et venues sont maintenant contrôlées dans les hôpitaux et que la sécurité a été renforcée. Sa crainte est que ces mesures soient « balayées » après la pandémie.

Il fait aussi partie d’un comité sur la sécurité dans les services de psychiatrie, qui a été créé l’an dernier à la suite des malheureux évènements survenus au pavillon Albert-Prévost. Ce groupe a notamment sondé les membres de l’Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ) sur divers thèmes, dont la violence et la sécurité.

« Le sondage que nous avons fait nous dit que 60 % des psychiatres ont été agressés physiquement au cours de leur carrière et 80 % ont reçu des menaces d’agression à leur égard », affirme le Dr Proulx.

« Et ça, c’est juste le microcosme du psychiatre et des résidants en psychiatrie. Mais imaginez si nous étendions ça aux infirmiers, aux préposés dans les milieux d’hospitalisation et d’urgence, qui sont les milieux les plus problématiques », a précisé le Dr Proulx. Il a donné l’exemple récent de l’une de ses collègues à l’hôpital Notre-Dame, une travailleuse sociale qui « s’est fait saisir la tête par un patient, prendre les oreilles avant de se faire reculer sur une cloison à l’urgence générale ».

Les recommandations formulées par le comité pour améliorer la sécurité dans les centres hospitaliers seront déposées par l’AMPQ au ministère de la Santé et des Services sociaux, le mois prochain.

Nouvelles mesures

Du côté du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, dont fait partie l’hôpital en santé mentale Albert-Prévost, Marie-Hélène Giguère a affirmé qu’un comité de travail pour la révision des normes et des pratiques en matière de sécurité avait aussi été créé au début de 2020. Sa mission est de « se pencher tant sur la sécurité des installations physiques que sur les pratiques en place » de ses 26 installations. « Malheureusement, la pandémie a ralenti le rythme de travail de ce comité », a ajouté la conseillère cadre.

Toutefois, toujours dans les premiers mois de 2020, des mesures ont été implantées pour assurer une meilleure sécurité à l’hôpital en santé mentale Albert-Prévost, a expliqué Mme Giguère, notamment des formations, l’ajout de caméras de surveillance, de deux portiques de détection de métal et d’un gardien de sécurité, ainsi qu’un rehaussement des effectifs.

Pas d’accusation contre la policière de Mont-Tremblant

La policière de Mont-Tremblant qui faisait l’objet d’une enquête pour avoir utilisé le système informatique de son employeur à des fins personnelles n’a commis aucune infraction criminelle, a conclu la Sûreté du Québec. Le syndicat de l’agente allègue qu’elle est victime d’une « chasse aux sorcières » visant à déterminer comment La Presse a obtenu un échange de courriels entre la mairesse de Lac-Tremblant-Nord et elle.

« Aucune infraction de nature criminelle n’a été commise », a confirmé Ann Mathieu, porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ). C’est la Ville de Mont-Tremblant qui avait demandé à la SQ d’enquêter sur le « comportement » de la policière, le 18 février dernier, a révélé La Presse, vendredi. La Ville a affirmé qu’elle « n’émettrait aucun commentaire ».

La Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ) s’est dite soulagée qu’aucune accusation criminelle ne soit portée contre la policière, qui voulait « rétablir la vérité ». « Mais une enquête criminelle, c’est grave. Ce qui s’est passé, c’est grave », a déclaré François Lemay, président de la FPMQ.

Dans des entrevues menées à la fin du mois de janvier, le maire de Mont-Tremblant, Luc Brisebois, et la mairesse de Lac-Tremblant-Nord, Kim Meyer, ont affirmé que « les services à la population n’étaient plus assurés ». Ils ont pressé Geneviève Guilbault, ministre de la Sécurité publique, d’abolir le corps de police municipal afin de le remplacer par la SQ.

Kim Meyer a notamment raconté à La Presse avoir appelé le 911 et avoir eu des appels avec les policiers au lendemain de sa plainte. Elle a déclaré que ceux-ci n’ont finalement « jamais adressé la situation ».

Or, des courriels de la mairesse Kim Meyer laissent plutôt croire que c’est elle qui a abandonné sa plainte, malgré l’insistance de la policière. « Apres (sic) reflections (sic) et discussion avec mon mari, nous avons decider (sic) d’attendre avant de porter plainte », écrit-elle dans un message. Kim Meyer n’a pas voulu répondre à nos questions, vendredi.

« Elle a défendu son intégrité »

Quand la policière a entendu la version de la mairesse Kim Meyer dans les médias, elle s’est sentie interpellée, affirme la FPMQ. Elle aurait remis les courriels à son syndicat afin que la « vérité sorte ». « Son objectif était de défendre son intégrité. C’est elle qui était attaquée sur la place publique. Elle a défendu son intégrité et l’intégrité du service de police au complet en remettant cette preuve à son syndicat », dit M. Lemay.

La policière aurait appris vendredi après-midi qu’aucune accusation ne serait portée contre elle. Selon la FPMQ, elle n’a reçu aucun appel de son employeur et demeure donc suspendue.

Rappelons que, depuis 2018, le climat est à couteaux tirés entre les policiers de Mont-Tremblant et leurs directeurs. En décembre 2019, le conseil d’agglomération a voté à l’unanimité l’abolition de son corps de police afin de le remplacer par la SQ. La ministre Guilbault a accédé à la demande de la Ville, le 27 janvier dernier.

Hausses des transferts en santé

Pas tout de suite, réitère Trudeau

Le prochain budget fédéral ne contiendra pas les hausses de transferts en santé réclamées par les provinces et territoires. Le premier ministre Justin Trudeau a réitéré vendredi que le gouvernement fédéral est « absolument » prêt à en discuter de nouveau avec les provinces et territoires, mais seulement une fois la pandémie passée. Jeudi, les premiers ministres des provinces et territoires l’ont exhorté, une fois de plus, à hausser les transferts fédéraux afin qu’ils couvrent 35 % des coûts totaux en santé. — La Presse Canadienne

Langues officielles

Le comité d’experts dévoilé

La ministre Mélanie Joly a dévoilé son comité d’experts chargé de se pencher sur les nouveaux droits et nouvelles obligations en matière de langue pour les entreprises privées de compétence fédérale. Mme Joly avait promis de nommer les membres de ce comité dans les plus brefs délais après le dépôt de son document de réforme en vue d’une modernisation de la Loi sur les langues officielles, il y a deux semaines. Les membres sont : la professeure Linda Cardinal, titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques à l’Université d’Ottawa ; l’avocat Frédéric Bérard, docteur en droit constitutionnel ; Donald Savoie, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en administration publique et gouvernance à l’Université de Moncton ; l’avocat Pierre-André Blanchard, de Teamsters Québec ; le professeur Ibrahima Diallo, de l’Université de Saint-Boniface ; l’avocate Janice Naywark, ancienne membre d’un comité du Quebec Community Groups Network. Me Josée Gervais se joindra au comité en tant qu’experte associée. La première rencontre du comité est prévue lundi. — La Presse Canadienne

Sherbrooke

La conjointe de Raïf Badawi veut être candidate du Bloc

Ensaf Haidar, conjointe de Raïf Badawi, cherche à devenir candidate pour le Bloc québécois aux prochaines élections fédérales. Mme Haidar, qui habite Sherbrooke depuis qu’elle s’est réfugiée au Canada avec ses trois enfants, devra d’abord gagner sa place lors d’une assemblée d’investiture. Le candidat bloquiste défait en 2019, Claude Forgues, a déjà manifesté son intérêt pour tenter de nouveau sa chance. Mme Haidar a récolté quelques appuis dans le mouvement souverainiste à Sherbrooke. En entrevue cette semaine, la principale intéressée a tenté d’expliquer pourquoi elle veut être candidate bloquiste et, si les militants puis les électeurs la choisissent, députée à Ottawa. « J’aime le Québec, a-t-elle confié. Le Québec m’a aidée beaucoup. Il m’a soutenue beaucoup. » Depuis des années, des rassemblements se tiennent tous les vendredis à Sherbrooke pour réclamer la libération de son conjoint. Raïf Badawi est en prison depuis neuf ans. Les autorités saoudiennes lui reprochent ses écrits qui prônaient des valeurs libérales. — La Presse Canadienne

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