COVID-19

Ces femmes qui soutiennent le Québec

La crise de la COVID-19 nous a rappelé à quel point le travail des femmes, formel ou informel, est essentiel. En cette Journée internationale des droits des femmes, voici le portrait de six femmes dont la contribution à la société nous aide à rester debout dans la tempête.

Lamicia Milhomme, préposée aux bénéficiaires

La pandémie a mis en lumière le rôle central que les préposées aux bénéficiaires jouent auprès des aînés du Québec. Ce rôle, au début de la crise, elles ont dû l’assumer dans des conditions parfois très difficiles.

Lamicia Milhomme travaille au CHLSD Laurendeau, établissement du nord de Montréal durement touché par la première vague. En mars, elle a elle-même contracté la COVID-19 sur son lieu de travail. Après 21 jours d’isolement, Lamicia était de retour au travail, prête à aider. Elle avait hâte de revenir.

« Chaque matin, quand je me levais, oui, j’avais un peu de crainte, mais la crainte partait quand j’arrivais à Laurendeau. Parce que j’avais une mission à accomplir : aider les autres qui travaillaient. Et on a aussi des liens avec nos résidants, ça devient comme une deuxième famille. Pour leur faire plaisir, on essayait d’animer dans la chambre, de leur parler, de les gâter… »

Aujourd’hui, dit-elle, les conditions et les façons de faire se sont grandement améliorées.

« Quand je finis mon quart de travail, j’ai l’esprit tranquille. Parce que j’ai passé une belle journée, j’ai souri avec mes résidants, ils ont apprécié mon travail. Et moi aussi, je les apprécie. »

Marie-Paule Morin, rhumatologue pédiatre

Des femmes contribuent aussi à construire le mur des connaissances de la COVID-19, dont Marie-Paule Morin, rhumatologue pédiatre au CHU Sainte-Justine.

Le printemps dernier, Sainte-Justine a commencé à accueillir des patients qui présentaient des symptômes apparentés à ceux de la maladie de Kawasaki, auto-immune : fièvre et inflammation pouvant s’accompagner d’une atteinte cardiaque.

La Dre Morin fait partie de l’équipe ayant pour mission de se renseigner sur cette nouvelle maladie, syndrome post-viral rare qui arrive de trois à quatre semaines après l’infection à la COVID-19. Elle fait aussi de l’enseignement auprès de ses collègues, met en place soins et traitements, et participe au programme de surveillance pancanadien.

Le plus grand défi de l’année pour cette mère de trois enfants de 7, 5 et 3 ans ?

« La première chose qui me vient en tête, c’est la conciliation travail-famille (rires) ! La pandémie et la réorganisation des soins demandent beaucoup, mais en même temps, on fait un peu plus avec moins d’aide à la maison. On se rend compte à quel point les gens de la famille qui nous aident sont importants. Et à l’hôpital, le plus grand défi – et aussi le plus enrichissant – est de faire face à une nouvelle maladie. On voulait s’assurer, en équipe multidisciplinaire, que la prise en charge de ces enfants-là soit optimale et que le traitement soit optimal. »

Karine Williams, enseignante

À la réouverture des écoles, les enseignantes et leurs collègues étaient là pour accueillir les élèves, pour leur permettre de continuer à apprendre, à socialiser, à vivre leur vie d’enfant ou d’adolescent avec le plus de normalité possible. Et ce, malgré les contraintes et l’alourdissement de leur tâche.

Karine Williams enseigne à l’école John-F. Kennedy, à Beaconsfield, spécialisée en autisme et en déficience intellectuelle. Le printemps dernier, elle appelait ses cinq petits élèves régulièrement, s’offrant même pour accompagner des familles à des rendez-vous médicaux.

Privés de leur école, des élèves se désorganisaient et perdaient des acquis. L’école a pu rouvrir dès le 1er juin, au grand bonheur de Karine et de nombreux parents.

« Quand on est retournés en juin, on portait la blouse, le masque, les lunettes, la visière. Pour les élèves, c’était extrêmement difficile. Mais dès qu’ils entendaient notre voix, on voyait leur sourire. C’était phénoménal de voir qu’ils nous reconnaissaient simplement à notre ton de voix, malgré notre équipement d’astronaute. »

« C’est sûr qu’on a toujours une crainte face à la pandémie. Ma mère est immunodéprimée et je ne veux certainement pas lui ramener la COVID-19. Mais on a tellement à apporter à ces jeunes-là qu’il faut un peu mettre notre peur de côté et continuer nos beaux projets pour les faire évoluer. »

Rose Ndjel, travailleuse communautaire

La fermeture du Québec en mars 2020 a provoqué une vague d’insécurité financière et alimentaire chez les plus vulnérables. Dès le premier jour, les organismes communautaires se sont mobilisés pour leur tendre la main.

Rose Ndjel est directrice générale de l’organisme Afrique au féminin, un organisme phare de Parc-Extension voué à l’intégration des femmes immigrantes.

« Depuis la pandémie, les interventions psychosociales ont augmenté à cause de la violence conjugale. Les maris ne travaillent pas et les femmes sont à l’intérieur de leur maison. Et il y a le dépannage alimentaire, aussi. Alors qu’on donnait à 110 personnes avant, on dépasse aujourd’hui le chiffre de 300 paniers chaque mardi. »

Cet été, la mère de famille n’a pas pris de vacances.

« Mon plus grand défi, ça a été de répondre aux besoins. Parce qu’ils étaient vraiment énormes. Des fois, je rentrais au travail avec seulement deux heures de sommeil parce qu’il fallait que je réfléchisse, il fallait que je trouve des solutions. Il fallait que je fasse les demandes de subventions pour combler les besoins manquants… Je suis fière de ce que j’ai accompli et de ce que je continue à accomplir. »

Sonia Goudreau, inhalothérapeute

Au Québec, quelque 80 % des professionnels en santé sont des femmes. Et ces travailleuses, quelle que soit leur profession, sont aux premières loges dans la lutte contre la COVID-19.

Sonia Goudreau est inhalothérapeute. Après une absence de 17 ans des soins intensifs (elle faisait carrière en soins à domicile), Sonia est venue prêter main-forte en décembre à l’équipe de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. La mère de famille devait y être affectée six semaines ; elle a choisi de rester, malgré le stress, malgré la difficile conciliation travail-famille.

Avec l’équipe médicale, l’inhalothérapeute intube les patients qui en ont besoin puis gère le respirateur. C’est aussi elle qui retire le tube quand le patient va mieux, ou quand il a été décidé de cesser les soins.

« Quand on me voit à l’hôpital, j’ai le gros sourire, je suis de bonne humeur, je suis là pour aider, j’ai plein de volonté, mais il y a quand même du stress à l’intérieur. Du stress, des larmes, il y en a. »

« En dehors du réseau de la santé, on a des familles. On est obligés de les mettre de côté un petit peu en ce moment parce que notre présence au travail est requise. C’est une passe difficile, particulièrement avec le délestage, mais je vais sortir de cet épisode-là la tête haute et vraiment fière de ce que j'aurai été capable d’accomplir. »

Francine Lachance, caissière

Au printemps, quand tout était fermé et que la population était confinée à la maison, les caissières d’épicerie ont monté la garde, apprivoisant au fil des semaines les nouvelles consignes et mesures de protection.

Employée du Metro Duvernay Laval depuis de nombreuses années, Francine Lachance n’a jamais songé à arrêter de travailler. « C’est même le contraire. Je me suis dit : “Avec ce qui arrive, je vais donner mon 100 %” », dit Francine, qui souligne l’esprit de solidarité qui règne dans son équipe.

« Au début, c’était l’inconnu. On était à l’écoute de ce que les clients nous disaient. Certains trouvaient ça dur. Je pense aux personnes âgées qui avaient peur, qui ne voyaient déjà pas grand monde… On essayait de leur remonter le moral, de mettre un peu de positif dans leur journée. On essayait aussi de les rassurer le plus possible, en leur disant qu’on ne fermerait pas le magasin contrairement à ce que certains pensaient. Je leur disais que je serais là pour les servir, toujours avec le beau sourire. »

« Une cliente m’a dit que ça la rassurait quand elle venait me voir, que je la mettais en confiance. Ça m’a tellement fait plaisir… »

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