« Faire le choix de vivre avec d’autres »

Benoit Lavigueur carbure aux défis. Sa passion pour la construction écologique l’a mené à constamment viser de nouveaux sommets. Cinq ans après avoir construit la maison la plus performante et la plus verte au Québec, à Bolton-Est, il s’en défait afin d’aller encore plus loin. Ce faisant, avec deux partenaires de renom, il espère trouver une réponse à la crise du logement.

Pionnier de la construction écologique, il a prêché par l’exemple lorsqu’il a bâti sa maison à Sainte-Martine, en 2008, qui lui a servi de laboratoire. La maison unifamiliale a obtenu un pointage record au Québec lorsqu’elle a été certifiée LEED Platine, en 2012. Alors qu’il était à la tête de l’entreprise Belvedair, spécialisée dans la construction d’habitations écologiques, il a ensuite cherché à se rapprocher d’un bassin important de clients, dans les Cantons-de-l’Est, en construisant un chalet hyper performant visant les certifications LEED Platine, Maison passive et Neutre en carbone, à Bolton-Est.

« Je voulais être dans le club des 100 points en ce qui concerne la certification LEED, révèle-t-il. La maison a obtenu 104,5 points. C’était au-delà de mes attentes. Je connais un seul projet ailleurs au Canada qui a un plus haut pointage, à 106,5 points. »

Le cohabitat

Le chalet, composé de deux logements superposés de 1100 pi⁠2 (102 m⁠2), où peuvent séjourner entre sept et neuf personnes au rez-de-chaussée et au rez-de-jardin, a été la deuxième habitation au Québec à détenir la certification Neutre en carbone. Benoit Lavigueur n’a toutefois pas eu le temps de remplir tous les papiers afin d’obtenir l’exigeante certification Maison passive. Alors qu’il met la maison sur le marché de la revente afin de mener d’autres projets encore plus ambitieux, il se promet de finaliser le tout. « C’est complet à 98 %, révèle-t-il. Le bâtiment respecte tous les critères. Il est parfait du point de vue technique. Mais je veux clore ce dossier, qui a demandé tant d’amour et tant de travail de recherche. »

La maison de campagne a servi à la fois de chalet familial, de bureau et d’hébergement temporaire au cours des cinq dernières années. Les deux logements superposés, qui permettent une grande flexibilité, ont nourri la réflexion de l’entrepreneur sur le vivre-ensemble et le cohabitat (coliving).

« Il y a une différence entre cohabiter avec n’importe qui et cohabiter avec des amis, avec des gens qu’on aime, qui partagent les mêmes valeurs », indique le consultant et conférencier, qui a fondé la société Les Éco-Bâtisseurs, à l’automne 2020, afin de faire partager son expertise et d’avoir un plus grand impact.

« La bonne insonorisation du chalet est une des particularités les plus appréciées par tous les gens qui l’ont essayé. Il peut y avoir des modes de vie complètement différents en haut et en bas. Quand un bâtiment est bien conçu, c’est facile de cohabiter avec d’autres. »

– Benoit Lavigueur, pionnier de la construction écologique

« J’accompagne beaucoup de couples, de familles et de groupes, dans la cinquantaine et la soixantaine, qui ne veulent pas dépendre du gouvernement en vieillissant, ajoute-t-il. Ils disent qu’ils vont le créer, leur CHSLD ! La pandémie a accentué ce désir d’habiter dans des bâtiments plus communautaires et réfléchis, en faisant le choix de vivre avec d’autres. »

Des solutions à la crise du logement

Premier en Amérique du Nord à avoir obtenu le titre de « Héros du climat » pour son action contre les changements climatiques, il y a près de 20 ans, Benoit Lavigueur sent encore le besoin d’aller plus haut, plus loin.

« Ce qui nous pousse à vendre le chalet, c’est que je suis en train de construire un autre bâtiment modèle, à Eastman, explique-t-il. Le chalet a été visité par plus de 3000 personnes. Savoir que tu crées des bâtiments qui font une différence dans la vie des gens, c’est vraiment intéressant. De plus en plus d’entrepreneurs me consultent. Il y a encore du travail à faire, mais on a réussi à montrer qu’une maison écologique peut se faire sans compromis. »

La crise du logement le préoccupe grandement et l’amène à chercher des solutions. « Chaque matin, je me lève en me demandant comment on peut loger le plus de gens possible dans des bâtiments de qualité, écologiques et sains, révèle-t-il. Je considère que le coliving est une des solutions. D’un côté, il manque des logements et d’un autre côté, je crois que jamais il n’y a eu autant de chambres et de sections de maisons vides qu’actuellement. »

« Il faut réinventer les bâtiments pour qu’ils soient flexibles, qu’ils soient en mesure d’accueillir différents groupes de personnes, sans jamais qu’une section soit inutilisée. »

– Benoit Lavigueur, pionnier de la construction écologique

Il s’est récemment associé avec Spa Eastman et Solution ERA pour un projet lancé officiellement sous peu et qui servira encore une fois de laboratoire. Deux pavillons, dans un premier temps, permettront au Spa Eastman de combler un besoin d’hébergement, tout en donnant l’occasion d’expérimenter le concept de cohabitation. « Chaque maison aura six suites de 300 pi⁠2, comportant chacune une chambre, une salle de bains puis un petit coin bureau, explique M. Lavigueur. C’est comme si six couples avaient chacun leur minimaison et qu’ils se partageaient 3000 pi⁠2 d’espace commun, dont un solarium, une serre, une grande cuisine et une salle à manger. »

La construction a déjà commencé et se veut ambitieuse. La certification LEED Platine est visée et, cette fois-ci, Benoit Lavigueur voudrait amasser plus de 106,5 points afin d’obtenir la plus haute note au Canada. Les certifications Net zéro, prouvant que les bâtiments produisent autant d’énergie qu’ils en consomment, ainsi que Carbone neutre sont aussi visées.

Lisez notre article sur la maison de Benoît Lavigueur à Bolton-Est

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