Élections législatives

« Tout est centré sur Nétanyahou »

Pour la cinquième fois depuis le 9 avril 2019, les Israéliens sont appelés aux urnes le mardi 1er novembre afin d’élire les 120 députés du parlement, la Knesset. À quoi faut-il s’attendre cette fois ? À ce que Benyamin Nétanyahou, chef du Likoud, soit de nouveau le centre d’attention. Tour d’horizon.

Depuis la 24e Knesset

Les plus récentes élections, les 24es depuis la fondation d’Israël en 1948, ont eu lieu le 6 avril 2021. À la tête du Likoud (droite), Benyamin Nétanyahou obtient 30 des 120 sièges de la Knesset (parlement) et forme un gouvernement de coalition. Celui-ci tient deux mois. L’opposition, centrée autour du parti Yesh Atid (centre) de Yaïr Lapid, est invitée à former un nouveau gouvernement. Très fragile, ce gouvernement de coalition où M. Lapid alterne au poste de premier ministre avec Naftali Bennett (Yamina, droite radicale) a été renversé en juin 2022. Tout est à refaire.

Autour de Nétanyahou

Premier ministre d’Israël de 1996 à 1999 et de 2009 à 2021, Benyamin Nétanyahou suscite la controverse en raison d’accusations de fraude, de corruption et d’abus de confiance portées contre lui en 2019 et toujours devant les tribunaux. Sa personnalité divise les électeurs. « Les clivages entre les partis n’ont pas vraiment changé, dit Csaba Nikolenyi, professeur de science politique à l’Université Concordia. Vous avez ces partis qui appuient avec force M. Nétanyahou. Et vous avez ceux formant le “bloc du changement” qui font tout pour empêcher son retour à la tête du pays. » Professeur d’histoire à l’Université de Montréal, Yakov Rabkin voit cette nouvelle campagne comme « un exercice de démocratie procédurale ». « Tout est centré sur Bibi [surnom de Nétanyahou], dit-il. Pour le reste, tant la politique intérieure que la politique extérieure du pays, rien ne change. »

Rhétorique populaire

Force est d’admettre que M. Nétanyahou cultive une popularité certaine pour que son parti arrive premier, campagne après campagne. C’est que l’homme, un peu comme Donald Trump, a une rhétorique populaire qui plaît, résume Yakov Rabkin. « Il peut utiliser des insultes, même raciales, dit-il. Il est très populaire chez les ouvriers, les gens peu instruits, les défavorisés et aussi les jeunes au sein de l’armée [le service militaire est obligatoire]. » M. Nikolenyi fait de son côté remarquer que le Likoud est un parti « très loyal à ses leaders ». « Le leadership de M. Nétanyahou a déjà été contesté, mais ceux qui l’ont fait ont reculé ou perdu, ajoute-t-il. On ne voit pas ça au Québec ou au Canada. Un leader qui ne fait pas avancer son parti est remplacé. »

L’importance névralgique du vote arabe

On compte près de 1,9 million de citoyens arabes en Israël et ils forment 20 % de la population. Ils sont représentés par différents partis qui, au cours des dernières années, étaient regroupés sous le nom de « Liste unifiée ». Liste qui a explosé lorsqu’un des partis, Ra’am, s’est joint à la coalition autour du parti Yesh Atid pour former le gouvernement. Certains observateurs craignent que les électeurs arabes, fatigués de se retrouver toujours dans l’opposition, délaissent les urnes, ce qui favoriserait la droite. « Dans le passé, on a incité les Arabes à voter en leur disant qu’ils avaient une chance réelle de faire entendre leur voix à la Knesset. Mais là, le message des partis arabes n’est pas unifié, indique Csaba Nikolenyi, qui est aussi directeur de l’Institut Azrieli d’études israéliennes à Concordia. Cette division risque de décourager ces électeurs. »

En hausse : Hadar Muchtar

Un peu de nouveauté dans cette campagne ? Oui, et elle arrive par la voix de Hadar Muchtar, jeune femme de 21 ans qui a fondé son parti, Jeunesse ardente. Sur TikTok, ses vidéos, suivies par des dizaines de milliers de fans, sont percutantes. « Elle est extrêmement dynamique, dit Csaba Nikolenyi. Vous devriez entendre ses entrevues à la télévision israélienne. Elle dénonce l’establishment, qui, dit-elle, ne représente pas bien les jeunes et leurs enjeux : accès à la propriété, accès à l’emploi, etc. » Pour attirer l’attention, la jeune femme s’est récemment menottée à une clôture de la Knesset et a été arrêtée. Le hic : les sondages indiquent que son parti ne récolte pas le seuil de 3,25 % d’appuis nécessaires pour envoyer des députés à la Knesset.

En baisse : les travaillistes

Formation qui a longtemps dominé la scène politique israélienne, notamment avec Golda Meir, Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Ehud Barak, le Parti travailliste (Labor ou Ha’Avoda) en arrache dans les sondages, selon Yakov Rabkin. « C’était l’équivalent du Parti libéral ici, dit-il. Mais maintenant, ils craignent même de ne pas passer le seuil des 3,25 %. Ça montre un changement dans la société israélienne. » Le parti est actuellement dirigé par Merav Michaeli, qui est ministre des Transports dans le gouvernement de coalition sortant.

Sources : knesset.gov.il, The Times of Israel, The Jerusalem Post

67 %

Taux de participation aux élections du 6 avril 2021. Le Likoud est arrivé premier avec 24,2 % des voix, soit 30 des 120 sièges de la Knesset.

SOURCE : KNESSET.GOV.IL

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