Sud des États-Unis

Une infirmière antivaccin meurt après avoir contracté la COVID-19

Avec des taux de vaccination trop bas, des régions du sud des États-Unis sont « comme du bois sec » devant l’étincelle du variant Delta, qui circule de plus en plus cet été, préviennent des experts.

« Pas à l’abri des mythes »

Olivia Guidry, infirmière qui incitait ses amis et sa famille à refuser la vaccination contre la COVID-19 l’an dernier, est morte samedi dans un hôpital en Louisiane après avoir contracté la maladie. « Aujourd’hui est un jour triste pour ma famille aux urgences et moi-même, a écrit son collègue Nick Berthelot sur Facebook. Liv, ton rire et ton sourire contagieux vont vraiment me manquer. » Son employeur, Ochsner Lafayette General Medical Center, a dit qu’une autopsie serait pratiquée pour déterminer la cause de la mort. Mme Guidry a souvent incité son entourage à ne pas se faire vacciner, notamment sur Facebook. Le DJoe Kanter, responsable de la santé de l’État de Louisiane, a déclaré en point de presse que les travailleurs de la santé pouvaient eux aussi être la proie de mythes et de la désinformation à propos des vaccins. « Les gens qui travaillent dans le secteur de la santé ne sont pas à l’abri de ces mythes. Ils sont partout sur les réseaux sociaux. Nous devons continuer à rencontrer les gens là où ils se trouvent, à écouter leurs inquiétudes et à fournir de bonnes réponses. » Des médias locaux ont rapporté que les parents de Mme Guidry de même que sa sœur avaient également contracté la COVID-19.

« Comme du bois sec »

Une nouvelle analyse de l’Université Georgetown montre que certaines régions aux États-Unis ont un taux de vaccination tellement bas qu’elles ont un risque élevé d’être des foyers d’éclosion pour les variants de la COVID-19, qui sont déjà de plus en plus présents cet été. « Les personnes non vaccinées sont comme du bois sec : elles sont un carburant très efficace qui vont alimenter les futures éclosions », explique en entrevue téléphonique Shweta Bansal, professeur agrégé de biologie à l’Université de Georgetown et responsable du US COVID-19 Vaccination Tracking Project. Les régions définies comme étant trop peu vaccinées chevauchent huit États : la Géorgie, le Texas, le Missouri, l’Alabama, l’Arkansas, la Louisiane, l’Oklahoma et le Tennessee. « Dans certains de ces États, la population y est aussi vulnérable qu’en décembre 2020, et même plus vulnérable, car des variants plus contagieux comme le variant Delta sont apparus », dit-elle.

« J’ai peur pour mon État »

Lundi, la responsable des programmes de vaccination au département de la Santé du Tennessee, la Dre Michelle Fiscus, a été renvoyée par le gouverneur républicain de l’État, Tennessee Bill Lee. Aucune raison n’a été donnée pour expliquer le geste, mais les républicains de l’État avaient fortement réagi à une campagne menée par la Dre Fiscus afin de promouvoir la vaccination chez les 12 ans et plus au Tennessee. « J’ai peur pour mon État, a dit la Dre Fiscus dans une déclaration après son renvoi. Je suis en colère au nom des gens extraordinaires du département de la Santé du Tennessee qui ont été maltraités par un public mal informé et par des dirigeants qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts. » Après 7 mois de vaccination, à peine 42 % des gens de 12 ans et plus au Tennessee ont reçu au moins une dose de vaccin, et 38 % sont pleinement vaccinés, des taux qui comptent parmi les plus bas aux États-Unis. Selon le quotidien The Tennessean, des documents internes du département de la Santé montrent qu’au rythme actuel, 50 % des habitants de l’État seront pleinement vaccinés en mars 2022. Après des mois d’accalmie, les infections sont à la hausse dans l’État : 1135 personnes ont reçu un diagnostic de COVID-19 dans la semaine qui a pris fin le 7 juillet, contre à peine 46 la semaine précédente, une hausse de 2367 %, et 125 cas de variant Delta ont été détectés dans l’État.

Prochains mois déterminants

Les prochains mois seront déterminants pour la suite de la pandémie dans le sud des États-Unis, note Shweta Bansal. « Nous voyons déjà le variant Delta commencer à être très actif dans certains endroits du pays. Pourtant, dans beaucoup d’endroits où la vaccination est basse, les gens sont encouragés par leurs élus à se rassembler, à ne pas porter de masque, bref, à vivre leur vie comme avant. Cela crée davantage de possibilités de transmission du virus. » Certaines communautés ont aussi vécu des pics de transmission il y a des mois, et ont l’impression que la crise est déjà passée. « Cela peut donner un faux sentiment de sécurité, surtout avec les variants. Nous sommes extrêmement chanceux d’avoir d’excellents vaccins, des vaccins qui donnent une immunité beaucoup plus forte que l’immunité que développe une personne qui a déjà eu la COVID-19. Donc même les gens qui ont eu la COVID-19 doivent se faire vacciner, et je ne crois pas que le message circule assez », dit-elle.

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