COMMANDITÉ
Regards sur l’entrepreneuriat

Maison Orphée : mettre la table pour l’avenir

Comme bien des petites et moyennes entreprises (PME), Maison Orphée a longtemps maîtrisé l’art de faire plus avec moins. Pour se donner les moyens de jouer dans la cour des grands, l’entreprise dirigée par Élisabeth et Élaine Bélanger a amorcé, il y a plusieurs années, un important virage technologique qui touche toutes les facettes de ses affaires; un tournant dans ses 40 ans d’histoire.

Une PME mûre pour la transformation

« Pour une entreprise de notre taille, les gens sont souvent surpris de réaliser le niveau d’automatisation et de maturité numérique de Maison Orphée », dit Élisabeth Bélanger. C’est que, depuis 2018, la PME de Québec investit massivement dans la modernisation de ses processus, systèmes et opérations. Par exemple, l’implantation d’un système de planification des ressources d’entreprise (en anglais : enterprise resource planning, ou ERP) a représenté un investissement important, mais l’outil technologique vaut son pesant d’or pour le fabricant d’huiles et de condiments.

« En ayant accès aux données en temps réel à travers toute l’entreprise, chaque personne est en mesure d’agir plus rapidement et de façon autonome. L’intelligence d’affaires permet d’avoir l’information pertinente, au bon moment, et de prendre de meilleures décisions. »

-- Élisabeth Bélanger, copropriétaire et PDG, Maison Orphée

Les PME canadiennes investissent de façon importante dans les technologies numériques. Cependant, seules 60 % des PME possèdent un site web, et seulement 34 % analysent des données sur leur clientèle.

Source : « Saisir l’avantage numérique », BDC, 2022

Maison Orphée achève ces jours-ci une autre étape décisive de sa transformation numérique : l’automatisation de ses processus et la robotisation d’un nombre de tâches sur sa ligne d’embouteillage. Ce projet a nécessité de la réflexion, entre autres parce que l’entreprise conditionne sur cette ligne près d’une cinquantaine de produits de différents formats, dont certains pour des marques privées. Pour y arriver, la PME québécoise a misé sur la contribution de toute son équipe.

Préparer son monde au changement

L’entreprise dirigée par les sœurs Bélanger peut se réjouir d’avoir pu compter, dans cette période de grands changements, sur l’adhésion de la quarantaine de personnes qu’elle emploie. Pour la cheffe d’entreprise, la clé du succès aura été d’impliquer l’ensemble des équipes dès les balbutiements du projet. « Des opérateurs en usine, par exemple, ont pu aller visiter les fournisseurs d’équipements et se familiariser avec les robots », explique-t-elle.

La vaste transformation effectuée par Maison Orphée a pour but de rendre l’entreprise plus productive, mais pas d’éliminer des emplois. « Soulever une caisse ou traiter des factures, c’est nécessaire, mais ce n’est pas particulièrement valorisant », fait remarquer Élisabeth Bélanger. En usine comme dans les bureaux, l’automatisation des tâches simples ou redondantes dégage du temps pour que le personnel puisse apporter de la valeur ailleurs, tout ça dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre que l’on connaît.

De nouveaux horizons

Grâce à ces investissements, Maison Orphée jette les bases des prochaines étapes de sa croissance. La PME caresse l’ambition de doubler son chiffre d’affaires d’ici cinq ans, mais pour y parvenir, la diversification de ses sources de revenus s’impose : « Nous réalisons par exemple que notre expertise en fabrication d’huiles extraites à froid et de condiments naturels — notre spécificité — est convoitée par les marques et les autres transformateurs. » Ouvrir les valves dans ce créneau n’aurait pu être envisageable sans la capacité accrue que permettront à terme tous les efforts de modernisation réalisés dans les dernières années.

« Cette transformation numérique nous permet de sortir du modèle familial, de soutenir l’entreprise dans sa croissance et sa pérennité, et de commencer à bâtir une relève. »

-- Élisabeth Bélanger, copropriétaire et PDG, Maison Orphée

Les propos de l’entrepreneure sont issus d’une entrevue qui a eu lieu en juillet 2023.

Que diriez-vous à une entreprise qui amorce un tel virage vers l’automatisation ?

« On fait souvent le choix d’un projet en raison de sa rentabilité sur le plan financier, et c’est important. Toutefois, il ne faut pas négliger la question de la qualité de vie au travail. Faciliter les tâches, les rendre plus agréables, ça vaut aussi quelque chose ! »

Conseil Desjardins

La transformation numérique est-elle accessible aux PME québécoises ?

Au sortir d’une pandémie qui a écorché bien plus durement les entreprises qui n’étaient pas préparées à prendre le virage technologique que les autres, le constat est clair : « Si vous n’êtes pas prêt à entreprendre cette transformation, votre compétiteur le fera », avance Éric Krause, vice-président associé, Capital de développement chez Desjardins Capital.

Avec l’éventail de programmes de financement et de subventions qui est aujourd’hui offert, le plus grand frein à l’innovation technologique est souvent plus que purement financier, selon Éric Krause : « C’est plutôt la résistance au changement de certains dirigeants d’entreprises et employés. » Il suffit de prendre pour exemple la progression fulgurante de l’intelligence artificielle (IA). « Bien que le Canada possède l’un des plus grands hubs [pôles] en intelligence artificielle, selon un rapport de Scale AI, seulement 44 % de la population canadienne fait confiance à I’IA, ce qui place le pays en fin de peloton à l’échelle mondiale. »

Les entreprises d’ici ont pourtant intérêt à développer une culture axée sur l’innovation. L’intelligence artificielle, la robotisation des tâches, l’automatisation des processus : « Ce sont là des solutions pour faire plus avec moins, ou encore faire mieux avec le même nombre de ressources, et ce, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre », ajoute Éric Krause.

Manger l’éléphant une bouchée à la fois

Il est envisageable pour les entreprises de réaliser des projets de transformation plus modestes dont le rendement de l’investissement sera plus rapide et qui favoriseront l’adhésion du personnel, lequel verra des gains concrets. « Au lieu de s’attaquer au gros mammouth, il faut choisir les bons problèmes sur lesquels se concentrer et réaliser des projets plus simples, dit le spécialiste, d’autant plus qu’il existe aujourd’hui des solutions prêtes à l’emploi (ou off the shelf, comme on dit en anglais) pour réduire les coûts. » Pour partir du bon pied, les entreprises ont donc tout à gagner à obtenir l’accompagnement de spécialistes et de partenaires pour chaque étape de leur projet de transformation numérique.

Les retombées positives sont nombreuses pour les PME qui jouent le jeu : plus grande résilience face aux perturbations, gains en matière de service à la clientèle et d’adaptation aux tendances, ouverture de nouveaux marchés et même amélioration du bilan ESG (facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans certains cas. Comme le conclut Éric Krause, les entreprises qui tardent à se mettre à niveau courent le risque d’accumuler une dette technologique qui peut affecter leur valeur du point de vue d’un acquéreur ou d’un investisseur.

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