Programmation automnale du Diamant

Une première mondiale signée Ex Machina

Le Diamant de Québec a dévoilé lundi sa programmation automnale, avec comme point d’orgue la présentation en première mondiale de la plus récente pièce d’Ex Machina, écrite et mise en scène par Robert Lepage, intitulée Courville.

Campée en 1975, Courville s’attardera à l’histoire de Simon, 17 ans, qui traverse le chaotique chemin de l’adolescence alors que le Québec est dans une période d’euphorie collective (à laquelle l’élection à venir du Parti québécois n’est pas étrangère). Pour ce spectacle inspiré de la technique ancestrale japonaise du bunraku, Robert Lepage agira à titre de narrateur tandis que des marionnettes géantes incarneront les différents personnages.

« J’avais depuis longtemps envie de parler de l’adolescence, qui est une drôle de période, explique Robert Lepage. Les questionnements sur la sexualité viennent s’ajouter au tiraillement qui existe déjà entre le cœur et la tête. J’avais envie d’aborder l’adolescence à partir des corps. Or, il est difficile de présenter de la nudité ou des attouchements avec de vrais acteurs adolescents. C’est notamment pourquoi l’idée d’utiliser des marionnettes s’est imposée. »

Robert Lepage avait lui-même 17 ans en 1975, mais il insiste : la pièce Courville n’est pas autobiographique. Comme elle n’est pas la suite de 887, son plus récent succès théâtral dans lequel il racontait des bribes de son enfance à Québec. « C’est un exercice de mémoire. Il s’est passé beaucoup d’évènements marquants dans les années 70. On vivait notamment sous la menace constante d’une guerre nucléaire… »

« Courville est un spectacle très poétique, tragique et comique à la fois. Cela dit, c’est une proposition un peu casse-gueule pour moi. J’embarque toujours dans des affaires que je ne connais pas ! Je ne suis pas un spécialiste de la marionnette. Heureusement, j’ai trois manipulateurs de talent qui m’aident… »

— Robert Lepage

Courville est présentée du 19 septembre au 10 octobre au Diamant et doit partir en tournée mondiale plus tard à l’hiver, si la situation sanitaire le permet.

Selon Steve Labrie, directeur général du Diamant, la présentation en première mondiale d’une pièce signée Ex Machina marque une étape importante pour la salle de spectacle. « C’est dans cette optique que le lieu a été créé ! Courville pose d’immenses défis d’ingénierie. C’est un spectacle grandiose, très exigeant. Je n’ai jamais vu un spectacle d’Ex Machina qui ressemblait à ça de près ou de loin. »

Passeport vaccinal : oui, mais…

Il reste maintenant à savoir dans quelles conditions les spectateurs pourront assister à cette première mondiale… Toutes les ficelles n’ont pas encore été attachées en ce qui concerne l’obligation gouvernementale de présenter un passeport vaccinal pour entrer dans les salles de spectacle et les théâtres. Directeur artistique du Diamant, Robert Lepage espère toutefois que cette mesure s’accompagnera d’assouplissements des restrictions imposées, comme la distanciation entre les spectateurs. « Nous ferons ce que le gouvernement nous demandera, mais il est certain qu’on espère des assouplissements. Ça ne semble pas être le cas pour l’instant, ce qui est frustrant. »

« Dans les théâtres, l’application des mesures sanitaires a été militaire jusqu’ici, ce qui est loin d’être le cas dans les avions. Il suffit de prendre un vol Montréal-Québec pour s’en apercevoir. On dirait qu’il y a deux poids, deux mesures. Les théâtres ont été extrêmement vigilants et nous aimerions être récompensés en conséquence… »

— Robert Lepage

Programmation éclectique et Québécoise

Outre Courville, cinq autres spectacles seront présentés au Diamant d’ici décembre. Tous ont été approuvés par le directeur artistique, soit Robert Lepage lui-même. « Avec cette programmation, nous avons voulu réfléchir à la théâtralité à partir des autres disciplines », dit-il. Cela explique d’ailleurs l’éclectisme des spectacles à l’affiche.

Un gala de lutte (11 septembre) côtoie deux spectacles de cirque, soit le festif Animal, du Cirque Alfonse, et Ghost Light : entre la chute et l’envol, de Machine de Cirque. Aussi au programme : la pièce de théâtre Violette, conçue par la compagnie Joe, Jack et John pour un spectateur à la fois et mettant à profit la technologie de la réalité virtuelle, ainsi qu’un opéra du Nouvel Ensemble Moderne, L’orangeraie.

« C’est la première fois que le Diamant accueillera un opéra, note Viviane Paradis, cheffe de la programmation. Nous allons pouvoir utiliser la fosse d’orchestre pour cette œuvre, dont le livret est signé Larry Tremblay et dont la mise en musique a été confiée à Zad Moultaka. »

Les billets pour les différents spectacles du Diamant seront pour la plupart mis en vente le 28 août, à midi.

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