Immobilier

La taxe de 15 % de Vancouver pourrait profiter à Montréal

Le pouvoir d’attraction de Montréal auprès des investisseurs immobiliers étrangers pourrait monter de quelques crans si jamais Toronto décide d’emboîter le pas à Vancouver en imposant lui aussi une taxe de 15 % sur ce type de transaction.

Au début de la semaine, le gouvernement de la Colombie-Britannique a créé la surprise en annonçant l’application d’une nouvelle taxe dès mardi prochain, dans l’espoir de calmer son marché survolté. Plusieurs s’attendent maintenant à ce que l’Ontario impose une mesure similaire à Toronto.

Dans ce contexte, l’économiste Douglas Porter, de la BMO, estime que Québec devrait « au moins étudier » la possibilité d’imposer une surtaxe aux acheteurs internationaux qui lorgnent Montréal.

« La bonne chose est qu’il n’y a pas d’urgence, puisque la croissance des prix demeure relativement faible, a-t-il indiqué hier à La Presse Affaires. Toutefois, si d’autres provinces commencent à imposer cette taxe, il pourrait devenir nécessaire pour Québec de l’appliquer aussi à Montréal, car il pourrait y avoir un certain débordement des acheteurs étrangers vers d’autres villes. »

À SUIVRE

Alexandre Tazi, un courtier montréalais qui a épaulé plusieurs investisseurs internationaux, juge qu’il sera « intéressant » de voir les conséquences pour Montréal. Surtout si la Ville Reine adopte un règlement similaire à celui de Vancouver.

« Il reste à voir si Montréal s’avérera la prochaine destination de choix pour les Chinois. Si tel est le cas, les propriétaires actuels en bénéficieront, tandis que les premiers acheteurs auront de la difficulté à accéder à la propriété. »

— Alexandre Tazi, courtier du Groupe Londono

Pour l’heure, le gouvernement du Québec exclut l’adoption d’une taxe de 15 %. « Ce n’est pas quelque chose qui a été considéré ou envisagé parce que le contexte n’est pas le même qu’en Colombie-Britannique », a-t-on indiqué hier au cabinet du ministre des Finances Carlos Leitao.

AUX ANTIPODES

Il faut dire que la situation de Vancouver est en effet aux antipodes de celle de Montréal. Selon l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les prix ont bondi de 32 % depuis un an dans le Grand Vancouver, à 917 800 $.

Dans la métropole québécoise, la hausse des prix a été d’à peine 1,9 % depuis un an, à 310 200 $. Même si le marché se resserre depuis quelques trimestres, les acheteurs ont encore l’embarras du choix, ce qui limite la croissance des prix.

Qui plus est, la présence d’investisseurs internationaux demeure somme toute limitée dans la métropole, selon des données récentes de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). À peine 0,9 % des achats ont été réalisés par des étrangers l’an dernier dans le Grand Montréal (454 transactions), une proportion qui est au moins cinq fois plus élevée à Vancouver.

Benoit Durocher, économiste principal chez Desjardins, estime que l’imposition d’une taxe destinée aux étrangers n’a pas sa place pour le moment à Montréal. « Oui, nous avons quelques investisseurs qui viennent acheter des condos ici, mais c’est sans commune mesure avec ce qu’on voit à Vancouver et Toronto. »

Intelligence artificielle

Le Québec perd des cerveaux

Grâce à des chercheurs comme Yoshua Bengio, l’Université de Montréal (UdeM) a réussi à se hisser parmi les plus importants centres de recherche en intelligence artificielle (IA) au monde. Mais il est de plus en plus difficile de convaincre les chercheurs de rester à Montréal après leurs études.

Il y a quelques années, environ la moitié d’entre eux poursuivaient leur carrière dans la métropole. Aujourd’hui, c’est à peine 20 %, voire moins. Ce qui a changé ? Google, Facebook et les autres poids lourds de l’informatique ont commencé à investir massivement en IA et à proposer des emplois alléchants aux finissants.

« Ils se font offrir des postes mieux rémunérés que le mien, et je suis bien payé », affirme M. Bengio, qui est directeur de l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal (MILA).

Yoshua Bengio est l’un des pionniers de l’« apprentissage profond », une branche de l’IA qui vise à faire en sorte que les ordinateurs puissent « comprendre le monde par eux-mêmes ». Aujourd’hui, on parle de reconnaissance vocale et de résultats de recherche améliorés sur le web ; demain, il sera question de diagnostics médicaux facilités et de voitures autonomes.

« Si on devait arrêter la recherche fondamentale aujourd’hui, on en aurait pour cinq ou dix ans à nourrir le pipeline de nouveaux produits et applications. »

— Yoshua Bengio

LA VALSE DES MILLIONS

Mais il n’est pas question de cesser la recherche, bien au contraire. L’UdeM a récemment créé l’Institut de valorisation des données (IVADO), qui regroupe le MILA ainsi que d’autres centres de recherche spécialisés dans des disciplines informatiques et mathématiques connexes.

L’IVADO a réussi à recueillir plus de 110 millions auprès d’entreprises comme Google, Facebook, General Electric, Hydro-Québec, la Société nationale des chemins de fer français, Air Canada, Gaz Métro, CAE, la Banque Nationale, Microsoft, Merck, IBM, la Caisse de dépôt et placement de même que Power Corporation, propriétaire de La Presse. D’ici la fin de l’été, l’IVADO espère obtenir 100 millions du fonds fédéral Apogée, qui relève du ministre de l’Innovation, Navdeep Bains.

La création de l’IVADO incitera probablement plus de chercheurs en IA à s’installer pour de bon à Montréal. Mais pour accroître substantiellement le taux de rétention, il faudra que les entreprises québécoises embauchent davantage dans le domaine. « Il y a encore beaucoup de frilosité, constate Yoshua Bengio. Trop souvent, les gens d’affaires veulent que ça rapporte à court terme et ce n’est pas toujours possible. »

Dans les pionniers de l’apprentissage profond, M. Bengio est le seul à ne pas avoir cédé aux chants des sirènes des nouveaux rois de l’IA : son homologue de Toronto est passé chez Google, celui de New York chez Facebook et celui de l’Université Stanford, en Californie, chez le géant chinois Baidu. « Ici, j’ai un levier incroyable, explique-t-il. J’aime avoir une liberté complète, que nos découvertes servent à tous et pas seulement à une entreprise en particulier. Et je suis bien au Québec. »

Industrie minière

Québec misera 175 millions sur un projet minier du géant Tata

Dans l’espoir de donner un élan à son Plan Nord qui peine à décoller, le gouvernement Couillard s’engage à hauteur de 175 millions de dollars dans le projet minier de Tata Steel Minerals Canada (TSMC) à Schefferville, sur la Côte-Nord.

Par l’entremise du Fonds Capital Mines Hydrocarbures, Québec a confirmé hier une prise de participation en allongeant 125 millions en plus de consentir un prêt de 50 millions à cette coentreprise détenue par Tata Steel (94 %) et New Millennium Iron (6 %) pour concrétiser l’expansion de la mine de fer à enfournement direct.

Depuis 2010, le géant indien Tata Steel a déjà investi 1 milliard dans ce projet dont la facture totale est évaluée à 1,5 milliard. L’entreprise devrait ainsi ajouter approximativement 300 millions de plus.

Entre 450 et 500

Nombre d’emplois qui devraient être créés d’ici 2020

La nouvelle a été confirmée dans le cadre d’une conférence de presse qui se déroulait à Sept-Îles et à laquelle participaient la direction de TSMC, des ministres provinciaux ainsi que des représentants locaux.

En près de deux ans, le prix de la tonne a glissé d’environ 100 $ US pour osciller aux alentours de 55 $ US.

« Dans le passé, les gens de Tata ont prouvé que les entreprises qui s’associent avec eux peuvent s’attendre à de la rentabilité », a dit le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, au cours d’un entretien téléphonique en marge de la conférence de presse, lorsqu’on l’a interrogé quant à l’engagement financier de son gouvernement malgré la déprime prolongée des cours du minerai de fer.

L’entente de principe entre Québec et TSMC avait été annoncée en grande pompe en janvier dernier par le premier ministre Philippe Couillard, depuis Davos, où il participait au Forum économique mondial.

DE NOUVELLES MINES

Le projet de TSMC, également appelé DSO, enjambe la frontière du Québec et du Labrador. La coentreprise souhaite développer la partie québécoise de son gisement. Étant donné que la phase de construction a déjà été complétée, l’argent supplémentaire injecté par TSMC servira à ouvrir de nouvelles mines. L’entreprise assure que les risques de dépassement de coûts sont minimes.

L’an dernier, par l’entremise des installations de la Compagnie minière IOC, Tata Steel Minerals Canada avait expédié un peu plus de 2 millions de tonnes de minerai de fer. Si le projet se concrétise, la production pourrait atteindre jusqu’à 6 millions de tonnes par année.

Affaires

Air Miles

Dans notre numéro d’hier, nous avons largement sous-estimé le nombre d’Air Miles émis et échangés. Ce sont plus de 5,7 milliards (et non millions) de milles qui ont été émis l’an dernier et 4,4 milliards qui ont été échangés. Nos excuses.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.