« J’ai choisi la sécurité »

Stormy Daniels se défend d’avoir menti pour de l’argent au procès de Donald Trump

New York — « Vous vouliez faire plus d’argent, n’est-ce pas ? » : la défense de Donald Trump a cherché à discréditer jeudi la vedette de films pour adultes Stormy Daniels lors du second jour de son témoignage marathon et plein de tension, au procès de l’ancien président des États-Unis à New York.

Déjà entendue pendant cinq heures mardi, l’actrice et réalisatrice avait livré un récit sans filtre sur sa rencontre et la relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue en 2006 avec l’actuel candidat républicain à la présidentielle, en marge d’un tournoi de golf pour célébrités dans le Nevada.

Elle a encore été interrogée trois heures jeudi, un face-à-face tendu avec l’avocate de Donald Trump, Susan Necheles, au cours duquel elle s’est défendue d’avoir menti pour s’enrichir avec cette histoire.

La relation sexuelle, niée par Donald Trump, est au cœur de l’affaire, car c’est pour se taire sur cet épisode que l’actrice avait reçu 130 000 dollars à la toute fin de la campagne pour l’élection présidentielle de 2016, remportée sur le fil par le républicain contre Hillary Clinton.

Une somme réglée par Michael Cohen, ex-avocat de Donald Trump, dans le cadre d’un accord de confidentialité.

L’ex-président américain est jugé pour 34 délits de falsifications comptables pour dissimulation dans les comptes de sa holding, la Trump Organization, du remboursement des sommes à l’avocat. Il risque une peine de prison, en pleine campagne présidentielle.

« Protéger mon histoire »

À l’intérieur de la salle d’audience au mobilier en bois vieillot et lustres néons blancs, Susan Necheles a cherché à pousser Stormy Daniels dans ses retranchements, la dépeignant comme une femme avide d’argent.

« Vous menaciez de nuire politiquement au président Trump s’il ne vous donnait pas d’argent pour cette histoire ? », a interrogé Susan Necheles.

« J’ai choisi la sécurité », a répondu Stormy Daniels, sous les yeux de Donald Trump. « La meilleure solution consistait à protéger mon histoire par une trace écrite, pour que ma famille ne soit pas en danger », a-t-elle ajouté.

« Vous vouliez faire plus d’argent, n’est-ce pas ? », a insisté l’avocate, en faisant valoir qu’après l’accord de confidentialité, l’actrice avait quand même tout raconté dans un livre qui lui aurait rapporté 800 000 dollars selon la défense. Entre les deux, toute l’affaire avait été révélée par le Wall Street Journal, en 2018.

Le duel a continué, dans une atmosphère tendue.

« Vous avez aussi joué et réalisé plus de 150 films pornographiques […] donc vous avez beaucoup d’expérience dans l’art de rendre réelles des relations sexuelles bidon. »

— Susan Necheles, avocate de Donald Trump, s’adressant à Stormy Daniels

« Celle-là, je n’ai pas eu besoin de l’écrire », lui a rétorqué Stormy Daniels.

« Vous avez tout inventé »

Mardi, l’actrice n’a rien caché de sa rencontre en 2006 avec le magnat de l’immobilier, jusqu’au fait qu’il n’aurait pas utilisé de préservatif.

Elle a aussi décrit son ressenti, quand elle a trouvé, en sortant de la salle de bains, le milliardaire de 60 ans qui l’attendait sur son lit. « J’ai senti le sang quitter mes mains », a-t-elle lâché. Si elle dit ne pas s’être sentie menacée, elle assure que l’intention de l’homme d’affaires « était assez claire » et que le « rapport de force était déséquilibré ».

« Parce qu’il était soi-disant en tee-shirt et boxer, vous étiez si bouleversée qu’il veuille avoir une relation sexuelle avec vous que vous n’avez pas pu refuser ? », a encore questionné l’avocate, avant de lancer clairement : « Vous avez tout inventé, n’est-ce pas ? »

Stormy Daniels a maintenu sa version. Lorsque son contre-interrogatoire s’est terminé, elle est sortie de la salle, l’air défiant, passant à côté de Donald Trump sans le regarder.

« Répondre »

Pour la deuxième fois cette semaine, les avocats de Donald Trump ont demandé, en vain, l’annulation des poursuites.

Les avocats de l’ancien président ont aussi demandé au juge Juan Merchan d’assouplir son interdiction de s’exprimer sur les témoins, afin de lui permettre de répondre directement au récit de Stormy Daniels.

« Il doit pouvoir répondre au peuple américain », a plaidé Todd Blanche. Le juge a refusé.

À sa sortie de la salle d’audience, le candidat de 77 ans, qui doit assister chaque jour en silence aux débats, a de nouveau dénoncé le « juge corrompu » et s’est plaint de ne pouvoir faire campagne normalement.  

Trois autres témoins se sont succédé jeudi : une employée du service comptabilité de la Trump Organization, une éditrice travaillant pour la maison d’édition ayant publié l’un des livres de Donald Trump, puis l’une de ses assistantes directes à la Maison-Blanche, Madeleine Westerhout.

Le procès, qui se poursuit vendredi et devrait durer encore plusieurs semaines, est d’autant plus important qu’il risque d’être le seul à être tenu avant l’élection du 5 novembre, parmi les quatre affaires pénales dans lesquelles Donald Trump est inculpé.  

Convention républicaine

Donald Trump sera intronisé par son fils de 18 ans

Le Parti républicain de Floride a désigné Barron Trump, de tout juste 18 ans, pour être l’un des délégués appelés à officiellement nommer en juillet son père Donald comme candidat pour la présidentielle américaine de novembre. Sa présence sur la liste de 42 noms, aux côtés de ses grands frères Eric et Donald Jr., montre l’importance de la famille dans la dynastie politique que tente d’instaurer l’ancien président. C’est une première pour le plus jeune enfant de Donald Trump qui avait jusque-là échappé aux feux des projecteurs. Ivanka Trump, conseillère de son père quand il était à la Maison-Blanche, mais désormais en retrait de la politique, n’est quant à elle pas sur la liste.

— Agence France-Presse

Biden veut faciliter le refus d’asile en cas de risque pour la sécurité nationale

Le ministère américain de la Sécurité intérieure a publié jeudi un projet de réglementation permettant une expulsion accélérée des demandeurs d’asile présentant un « risque pour la sécurité nationale » ou condamnés pour des crimes graves. Le projet prévoit que les agents traitant les demandes d’asile puissent statuer sur les refus dès le premier filtrage, au bout de quelques jours, indique le ministère dans un communiqué. Sont concernés les individus « condamnés pour un crime particulièrement grave, ayant participé à la persécution d’autres personnes ou étant inadmissibles pour des motifs liés à la sécurité nationale ou au terrorisme », précise le ministère. Actuellement, ces individus restent détenus jusqu’à une audience devant un juge de l’immigration, « un processus qui peut prendre des années et qui est très coûteux en ressources », selon le communiqué.

— Agence France-Presse

Attaque à la machette contre des policiers

Un vingtenaire condamné à 27 ans de prison

Un Américain de 20 ans qui avait attaqué des policiers à la machette le soir du Nouvel An 2023 à New York a été condamné jeudi à 27 ans de prison, a annoncé le département de la Justice. Le jeune homme radicalisé, Trevor Bickford, qui voulait commettre une attaque djihadiste le soir du 31 décembre 2022, a plaidé coupable en janvier d’attaque contre trois policiers près de Times Square, où des New-Yorkais et des touristes du monde entier se rassemblent par milliers pour le réveillon. Il les avait blessés à la tête et aux épaules sans mettre leurs vies en danger, avant d’être immobilisé. Originaire du Maine, dans le nord-est des États-Unis, le jeune homme avait manifesté des signes de radicalisation islamiste avant les faits. Après avoir envisagé de partir à l’étranger pour faire le djihad, il avait finalement décidé de commettre une attaque aux États-Unis, selon des documents judiciaires. — Agence France-Presse

Plus de 35 entités chinoises ajoutées à la liste noire

Les États-Unis ont ajouté jeudi à leur liste noire commerciale 37 entités chinoises, dont certaines entreprises liées selon Washington au survol du territoire américain début 2023 par un ballon chinois accusé d’être un espion. Le département du Commerce a déclaré qu’il visait également ceux qui cherchaient à acquérir des produits américains pour faire progresser les capacités technologiques quantiques de la Chine. « Ces activités ont des applications militaires substantielles et constituent une menace significative pour la sécurité nationale américaine », a-t-il souligné dans un communiqué. Les entreprises ajoutées à la « liste d’entités » ne peuvent pas obtenir d’articles et de technologies américaines sans autorisation gouvernementale. Certaines entités ciblées sont également liées aux avancées des programmes nucléaires chinois, ou « impliquées dans l’expédition d’articles contrôlés vers la Russie » après l’invasion de l’Ukraine par Moscou en 2022, a ajouté le département du Commerce.

— Agence France-Presse

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