Filière électrique

Québec prépare le terrain à Bécancour

Signe que des acteurs de la filière batterie se rapprochent du Québec, le gouvernement Legault avance 38 millions au parc industriel et portuaire de Bécancour – l’endroit privilégié pour développer ce nouveau pôle – afin de préparer le terrain en vue de les accueillir.

Propriété du gouvernement provincial, la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB) estime qu’à plus long terme, « plusieurs centaines de millions de dollars » en immobilisations seront nécessaires pour développer ses vastes terrains inoccupés au sud de l’autoroute 30, dans le Centre-du-Québec.

« Le gouvernement nous dit : “Préparez immédiatement les services publics parce que notre volonté est d’amener rapidement des investisseurs”, explique le président-directeur général de la Société, Maurice Richard, en entrevue avec La Presse. On veut que les services soient prêts quand il y aura des accords. »

Publié mercredi dans la Gazette officielle du Québec, le décret qui confirme l’avance de 38 millions à la SPIPB indique que celle-ci « ne dispose pas des fonds requis pour réaliser les études d’avant-projet et d’ingénierie nécessaires au développement de la filière batterie ».

M. Richard explique que la Société ne compte qu’un client au sud de l’autoroute 30 : Virentia, qui transforme de la luzerne.

« C’est comme développer un nouveau parc industriel. [Le gouvernement] vient nous offrir l’outil essentiel de départ. Il faudra aménager les voies de desserte, les rues, l’aqueduc, les égouts et un lien avec un chemin de fer. »

– Maurice Richard, président-directeur général de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour

Nouveau Monde Graphite et Nemaska Lithium, deux transformateurs de la filière batterie au lithium-ion, ont déjà opté pour le parc industriel et portuaire de Bécancour.

Avec de vastes terrains disponibles, un accès à un port en eau profonde ainsi qu’à des installations ferroviaires, le parc industriel répond à de nombreux éléments recherchés par des entreprises qui envisagent de s’établir au Québec. Cela s’ajoute à l’hydroélectricité québécoise, qui permet aux entreprises de réduire leur empreinte carbone.

« La seule raison pour laquelle on aura un fabricant de batteries au Québec, c’est l’hydroélectricité, affirme une source de l’industrie qui n’est pas autorisée à s’exprimer publiquement. C’est l’outil le plus puissant. »

Déjà des candidats

Dans le cadre de sa stratégie, le gouvernement Legault prévoyait, en octobre dernier, que les investissements totaux – privés et publics – seraient d’environ 8 à 10 milliards sur quelques années. L’objectif est d’attirer des acteurs de toutes les étapes, de la mine au module de batteries.

Britishvolt, dont l’antenne canadienne est dirigée par l’ex-premier ministre québécois Philippe Couillard, privilégie Bécancour pour son important projet d’usine de cellules lithium-ion – un élément de base des véhicules électriques. Stromvolt, établie en Ontario, mais dirigée par le Québécois Maxime Vidricaire, considère aussi le parc industriel de Bécancour pour son projet d’usine.

Au cours des derniers mois, d’autres acteurs internationaux ont manifesté leur intérêt après l’appel lancé par Québec à l’international. En novembre dernier, La Presse révélait que le géant minier brésilien Vale s’était inscrit au Registre des lobbyistes pour effectuer des approches auprès du gouvernement Legault.

Le 27 janvier dernier, BASF Toda America, une coentreprise du géant chimique allemand BASF, disait vouloir obtenir le « soutien politique » nécessaire pour un projet de recherche, de production et de commercialisation de matériaux de batteries dans le parc industriel de Bécancour, selon son inscription au Registre.

« Je ne peux pas dire ça, a répondu M. Richard à une question visant à savoir si des annonces étaient imminentes. Mais il y a des dossiers sérieux et des entreprises qui regardent l’endroit [le parc de Bécancour] pour s’y installer. »

L’arrivée de projets à Bécancour permettrait à la région d’être incluse dans une zone d’innovation – qui vise à rapprocher les acteurs de la recherche des entreprises – en matière d’énergie verte dans laquelle on retrouverait aussi Trois-Rivières et Shawinigan.


EN SAVOIR PLUS

9, La stratégie québécoise de développement de la filière batterie cible neuf étapes de développement, de l’exploration minière jusqu’au recyclage des matériaux de batteries.
Source: Source: ministère de l’Économie et de l’innovation

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