Joshua Roy : « J’ai beaucoup appris pendant le tournoi »

L'espoir des Canadiens a terminé à égalité au quatrième rang des marqueurs du tournoi avec 11 points — dont cinq buts — en sept matchs, et il a obtenu la passe principale sur le but dramatique de Dylan Guenther en prolongation, qui a permis au Canada de remporter une deuxième médaille d'or consécutive à domicile.

Seuls Connor Bedard, le premier choix pressenti, et les recrues de la LNH Logan Cooley et Jimmy Snuggerud ont amassé plus de points que Roy au cours de l'évènement annuel. Il a donc toutes les raisons d'être exceptionnellement fier de la performance globale qu’il a offerte à son pays.

Roy, qui a également remporté l'or à Edmonton en août, croit que son succès personnel au sein du contingent canadien cet hiver a beaucoup à voir avec son état d'esprit... et ses remarquables coéquipiers de trio.

« Je suis allé à Moncton pour le camp de sélection avec une bonne attitude. Ce n'était pas parce que j'avais fait partie de l'équipe l'été dernier que j'étais assuré d'avoir à nouveau ma place. Je savais que je devais la mériter, alors j'ai travaillé très fort au camp. Ça s'est bien passé et j'ai eu beaucoup de bons entraînements, alors j'étais confiant avant le tournoi, a expliqué Roy, un choix de cinquième tour de Montréal (150e au total) en 2021. Ensuite, quand j'ai pu jouer avec Bédard et Logan Stankoven, nous avons eu une très bonne complicité et ç’a très bien fonctionné. »

Mis à part la production de points, le natif de Saint-Georges-De-Beauce (Québec) âgé de 19 ans affirme que le fait de jouer avec cette dernière édition du club canadien a fait de lui un joueur plus complet.

Il a observé de près ses coéquipiers plus expérimentés, s'est imprégné de connaissances dès qu'il en a eu l'occasion, a assumé de nouvelles responsabilités et a continuellement gagné la confiance du personnel d’entraîneurs lorsqu’envoyé dans la mêlée.

« J'ai beaucoup appris pendant le tournoi en voyant comment les joueurs se comportaient sur la glace comme en dehors, des gars comme Shane Wright et Brandt Clarke qui ont de l'expérience dans l’AHL et dans la LNH. C'était bon pour moi. Ils m’ont vraiment montré comment rester calme dans des moments assez stressants, comme les deux matchs en prolongation contre la Slovaquie et la Tchéquie, devant des salles combles. On comprend vraiment l'importance de rester uni en tant que groupe dans ces moments-là, a insisté Roy, qui a égalé Bédard avec le meilleur différentiel du tournoi, soit +14. C'était probablement la première fois que je jouais en infériorité numérique. J'ai joué un jeu solide sur le plan défensif pendant le tournoi. Je pense que la principale chose que j'ai prouvée à tout le monde est que je peux jouer sur 200 pieds. Je suis toujours un gars offensif, mais je peux aussi assumer ces responsabilités. »

Quant à sa remise en direction de Guenther qui a fait lever de leur siège les 10 735 partisans présents au Scotiabank Centre le 5 janvier dernier, Roy en était enchanté, bien sûr, mais il raconte le moment avec modestie.

Les habiletés du meilleur pointeur de la LHJMQ la saison dernière ne devraient plus nous surprendre, par contre, alors que 68 de ses 119 points cumulés avec le Phoenix de Sherbrooke étaient des mentions d’aide.

« C'est certainement l'un des meilleurs jeux de ma carrière, mais ce n'était pas la plus belle passe que j'ai faite dans ma vie, plaisante Roy. Le moment était tout simplement fou. Quand on est partis à 2 contre 1, la foule s'est levée et a commencé à crier. Quand j'ai vu les défenseurs glisser assez tôt et que j'ai su que Guenther était avec moi, je me suis dit : “Ce n'est pas un mauvais joueur, alors je vais lui donner la rondelle.” Il l'a simplement envoyée dans le filet et ç’a été un grand moment. La réaction au banc après le but était vraiment cool à voir, aussi. »

L'entraîneur adjoint d'Équipe Canada Stéphane Julien, qui dirige également le Phoenix et fait office de directeur général, a parlé de manière élogieuse de son élève vedette lors d'une récente visite au Centre Bell.

Il était ravi de le voir s'imposer et livrer la marchandise au moment le plus important.

« Ce qui m'a impressionné, c'est sa façon de gérer la pression, sa façon de gérer les choses au jour le jour, et sa constance et son calme avec la rondelle, surtout lors du but gagnant. C'était assez incroyable, a souligné Julien. En le plaçant aux côtés de Connor, ça ne pouvait pas être facile, avec toutes les caméras et tous les médias autour, en plus de constamment affronter les meilleurs défenseurs adverses. Mais Josh a démontré qu'il pouvait jouer à ce niveau. Son QI et son sens du hockey sont bien plus élevés que ceux de 70 % des joueurs de la LCH et de certains joueurs de la LNH. C'est quelque chose qui est difficile à enseigner, et il l'a. »

Parlant de constance, Roy n'a pas perdu de temps à inscrire son nom sur la feuille de pointage depuis son retour dans le junior. Il a depuis marqué 14 buts et récolté 28 points en 16 matchs avec le Phoenix.

Il se trouve au troisième rang des pointeurs de l’équipe grâce à son total de 71 points amassés jusqu'ici cette saison. [Ces statistiques sont en date du 22 février.]

« Je veux juste continuer d’avancer. J'ai bien travaillé pendant le tournoi et je veux simplement m'améliorer. J'ai encore beaucoup de choses à améliorer, donc je vais continuer à travailler. Le plus important, c’est que je veux continuer de démontrer que je suis un joueur bon sur 200 pieds, a expliqué Roy. J'ai eu une réunion après avoir été retranché par Montréal au dernier camp d'entraînement et ils m'ont dit qu'ils savaient que je pouvais obtenir des points et qu'ils savaient ce que je pouvais faire en zone offensive, mais ils veulent vraiment que je démontre ce que je peux faire en territoire défensif. C'est ce sur quoi je vais continuer de travailler pour le reste de la saison. »

Mais, détrompez-vous, le gagnant en titre du trophée Jean-Béliveau et du trophée Paul-Dumont est toutefois prêt à entrer dans les rangs professionnels et à faire tourner des têtes au prochain niveau.

Il a faim pour la prochaine étape de son parcours vers l’atteinte de son objectif ultime : porter un jour l'uniforme des Canadiens.

« Peut-être qu'avant le tournoi, devenir pro était un grand pas, mais, avec le tournoi que j'ai connu, ça m'a rendu vraiment confiant . Je suis vraiment excité pour le camp d'entraînement à l'automne. »

— Joshua Roy

Julien est convaincu que Roy est une perle pour Montréal.

Et son avenir est incroyablement brillant.

« Quand Josh a commencé le tournoi, il savait qu'il était sur la bonne voie. Il peut jouer au prochain niveau. Il a prouvé qu'il est un joueur spécial, et la façon dont il a géré la pression dans le tournoi était parfaite pour un joueur de Montréal, a analysé Julien. S'il joue comme il l'a fait au Mondial junior et comme il joue avec nous en ce moment à Sherbrooke, je ne vois pas pourquoi il n'aurait pas sa chance au camp d'entraînement. Tout peut arriver. Il comprend qu’il devra peut-être jouer dans l'AHL pendant un an ou deux, mais il a tout le talent pour jouer dans la LNH un jour. »

Pour l'instant, cependant, il concentre ses énergies à aider le Phoenix à remporter la Coupe du Président et à bâtir autour de son impressionnant palmarès des derniers mois.

« Je dirais que 2022 a été une bonne année pour moi, surtout avec deux médailles d'or. Je ne sais pas combien d'enfants rêvent de gagner une médaille d'or au Championnat du monde junior, et j'ai eu la chance d'en gagner deux. Passer ces moments avec ma famille - mes parents, ma tante et mon oncle - était assez spécial, a conclu Roy. C'était super de vivre ça avec eux parce qu'ils ont fait beaucoup de sacrifices pour moi depuis que je suis très jeune. J'ai aussi bâti de très bonnes relations avec les gars de l'équipe. Nous allons rester amis pour le reste de notre vie. »

Un texte de Matt Cudzinowski, traduit par Hélène Cloutier, collaborateurs du magazine des Canadiens