Monsieur l’inspecteur
Ce qu’un inspecteur ne peut pas vous dire
Collaboration spéciale
« Je n’ai pas les compétences pour déterminer la valeur d’une propriété, affirme l’inspecteur préachat Jean-Pierre Desbiens. Elle pourrait avoir plus de valeur tout simplement parce qu’elle est du côté de la rue exposé au soleil ! »
L’inspecteur n’est pas un évaluateur. Souvent, il n’a même pas connaissance du prix de vente. C’est au courtier immobilier qu’il faut s’adresser, lui demandant de fournir des comparatifs de propriétés semblables vendues récemment dans le même secteur.
La plupart des inspecteurs n’hésiteront pas à donner, verbalement seulement, un ordre de grandeur des coûts d’une réparation. Dans leurs rapports cependant, ils ne mettront aucun chiffre. Ils s’assureront néanmoins de mettre en évidence les réparations les plus coûteuses.
Le coût des travaux peut varier selon la quantité de matériaux, la qualité choisie et même selon la saison, souligne l’inspecteur Sébastien Duchesne. « Pour trouver le coût réel, il n’y a rien de mieux que d’obtenir des soumissions de trois entrepreneurs », suggère-t-il.
Toutes les composantes d’un bâtiment ont une durée de vie normale, mais celle-ci peut être altérée par la qualité de l’installation, l’exposition aux intempéries ou les habitudes des occupants.
Les inspecteurs n’aiment pas parler de durée de vie. Ils fondent leurs recommandations sur la détérioration observée. Une toiture, par exemple, pourrait montrer des signes d’usure prématurée, en raison d’un problème de ventilation. À l’inverse, de vieilles fenêtres bien entretenues peuvent être encore bonnes après 40 ans !
Seule l’inspection des maisons neuves est réalisée dans le but de vérifier la conformité au Code du bâtiment et autres normes gouvernementales. S’il fallait inspecter le parc immobilier usagé selon les normes d’aujourd’hui, tout serait à reconstruire !
« Pour tout ce qui touche à la sécurité, mes recommandations seront basées sur le Code du bâtiment actuel, mais sans y faire allusion directement. »
— Sébastien Duchesne, inspecteur en bâtiment
Par exemple, il pourrait suggérer de rehausser la hauteur de balustrades conformes à d’anciens codes de construction, mais jugées dangereuses de nos jours.
Non. L’inspecteur en préachat sait où chercher et comment reconnaître ces substances contaminantes, mais il recommandera toujours leur analyse en laboratoire pour confirmer leur présence. C’est au propriétaire vendeur de commander ces analyses.
Ces éléments sont exclus de la norme de pratique de l’Association des inspecteurs en bâtiments du Québec. Moyennant un supplément, l’inspecteur pourrait accepter d’inspecter les dépendances. Quant à la piscine, il en vérifiera seulement les éléments de sécurité liés à son accès.
L’inspecteur en préachat ne fera pas non plus de diagnostic d’éléments invisibles, comme la fosse septique ou le drain français.
« Les clients me montrent souvent des défauts de finition, rapporte Sébastien Duchesne. Tout ce qui relève de l’esthétique, ça n’est pas important pour moi. »
L’inspecteur n’émettra pas d’opinion sur la couleur des murs et le modèle d’armoires de cuisine. Il cherche des défauts significatifs, qui dénotent une détérioration des matériaux ou qui représentent un danger pour la santé et la sécurité des occupants.
« J’ai déjà une maison que j’aime beaucoup et je ne suis pas prêt à déménager », répond en souriant Jean-Pierre Desbiens.
Quand des clients sans expérience en immobilier saisissent mal l’ampleur des travaux correctifs à réaliser sur une maison, Jean-Pierre Desbiens ose se prononcer. « Très rarement, il m’arrive de déconseiller carrément à mes clients d’acheter la maison. En principe, je ne devrais pas le faire, mais je considère que, selon les clients et la situation, je dois les aider de cette façon. »