Chronique

Essuyer ses larmes sans gants

C’est la série à voir absolument dans les prochains jours. Celle qui raflera une flopée de prix dans les prochains galas de télévision. Vous la trouverez sur Amazon Prime Video, en français et en anglais, sous le titre It’s a Sin, inspirée de la chanson des Pet Shop Boys qui colle à son scénario bouleversant.

Cette minisérie de cinq épisodes d’une heure raconte l’effroyable crise du sida dans les années 80, à Londres, le point de chute de plusieurs jeunes gais des régions qui y déménageaient pour vivre leur vie de façon plus libre.

Trois d’entre eux, Roscoe, Ritchie et Colin, deviennent colocataires dans un immense appartement du centre-ville où ils organisent des fêtes avec, enfin, des gens qui leur ressemblent.

Au contact les uns des autres, ils se libèrent de leur honte, s’émancipent, découvrent la sexualité, la drogue, l’amitié indéfectible, tout en fonçant vers un gros mur, celui du sida, qui transforme leur party perpétuel en cauchemar.

En septembre 1981, quand la série débute, on parle d’une « mystérieuse » pneumonie – ou d’une grippe – transmise par les oiseaux, qui ne s’attaque qu’à la communauté homosexuelle. L’épidémie progresse, et les médias nationaux ignorent cette crise mondiale. En fait, c’est tabou, caché, ignoré par les autorités sanitaires.

Dans l’indifférence et l’opprobre, des patients squelettiques, le corps recouvert de taches violacées associées au sarcome de Kaposi, meurent embarrés dans leur chambre d’hôpital, abandonnés et apeurés, sans que personne ne leur tienne la main.

Cette histoire tragique, toujours aussi révoltante 40 ans plus tard, a souvent été racontée au cinéma (120 battements par minute, Les nuits fauves) et dans d’excellents livres comme N’essuie jamais de larmes sans gants, de Jonas Gardell, ou L’immeuble Christodora, de Tim Murphy.

Supérieur à The Normal Heart ou à Pose, It’s a Sin parle de mort, certes, mais avec de l’espoir et de la solidarité. L’approche est brutale, tant dans les bacchanales que dans les scènes de fin de vie.

Cette minisérie, créée par Russell T. Davies (Queer as Folk), ne juge pas la promiscuité sexuelle de ses personnages. La caméra les suit sur une période de 10 ans dans un mélange d’humour et de drames épouvantables, bien sûr. Les images des patients mourants vous hanteront longtemps.

Impossible de ne pas pleurer au dernier épisode – doux Jésus, j’ai eu les yeux bouffis pendant deux jours. Heureusement, la trame sonore pimpante nous ramène aux belles années du new wave avec des succès de Soft Cell, de Bronski Beat, de Blondie ou d’Erasure.

Les trois personnages pivots d’It’s a Sin proviennent de milieux différents. Le flamboyant Roscoe (Omari Douglas) fuit sa famille nigériane, qui essaie de le « guérir » de la sodomie. Le charismatique Ritchie (Olly Alexander), qui croit que le sida a été inventé par les entreprises pharmaceutiques, abandonne le droit pour se consacrer au théâtre. Et le timide Colin (Callum Scott Howells) travaille pour un tailleur de Savile Row, rue de la mode à Londres. Il y croisera son mentor Henry (Neil Patrick Harris), en couple depuis 30 avec son copain.

L’alliée des trois protagonistes s’appelle Jill (Lydia West, de Years and Years) et c’est elle qui sonnera l’alarme sur le sida, secouera ses camarades masculins et cherchera frénétiquement des infos sur cette maladie infectieuse qui fauche jeunes et vieux.

On s’entend qu’It’s a Sin n’est pas une télésérie hop la vie. Reste qu’il s’agit de l’une des meilleures productions sorties dans les derniers mois. Le péché, ce serait de fermer les yeux et de ne pas la regarder.

La maison de l’amour

Je vous aime tous, vous êtes mes amours, on est chanceux de s’être trouvés, vous savez à quel point je vous aime, on se revoit en sortant, bla bla bla : le manoir de Big Brother Célébrités de Noovo a pris dimanche soir des allures de maison de l’amour d’Occupation double.

Tout le monde s’appréciait, même si tout le monde se trahissait, finalement. J’avais de gros doutes sur elle au début, mais Lysandre Nadeau a été une joueuse redoutable de Big Brother. Son départ créera un vide stratégique. Claude Bégin a aussi été mis à la porte, question de suivre sa douce. Heureusement, le chanteur ne nous a pas gâtés de l’un de ses savoureux mimes (sarcasme ici).

Quand on suit Big Brother, on souhaite toujours que les alliances négligées détrônent les plus fortes. On supporte les underdogs. Et très souvent, on se fâche, parce que le jeu les évince, même s’ils ne le méritent pas. C’est ce qui se passe actuellement.

Big Brother Célébrités est restée solide dimanche soir, avec ses 600 000 curieux. Amélioré, le gala de Star Académie a tout de même diminué par rapport à ses chiffres de la semaine dernière, avec une cote d’écoute évaluée à 1 148 000 téléspectateurs.

Tout le monde en parle a frôlé le million, avec 960 000 communiants à la grand-messe. Vlog (881 000) continue de cartonner, tandis que La poule aux œufs d’or (669 000) s’acclimate à sa nouvelle case horaire chez TVA. Et le hockey du Canadien ? Il a intéressé 533 000 fans sur les ondes de RDS.

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