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Mythes et moustiques

Lorsque vient le temps de parcourir les bois au printemps, chacun a ses propres stratégies pour contrer l’ennemi public numéro un : l’insecte piqueur. Plusieurs notions font consensus. Il y a toutefois quelques mythes qui se glissent ici et là. Des experts en maringouins, mouches noires, brûlots et taons font le tri.

Seules les femelles piquent

C’est vrai, et ce, pour tous les groupes d’insectes piqueurs.

« C’est la femelle qui pique pour avoir du sang afin d’avoir les protéines nécessaires à la formation des œufs qu’elle va pondre après s’être accouplée », indique André-Philippe Drapeau Picard, préposé aux renseignements entomologiques à l’Insectarium de Montréal.

Il y a moins d’insectes piqueurs en Estrie que dans les Laurentides

C’est bien vrai.

« Il y a plus d’insectes dans les régions où il y a beaucoup de milieux humides, explique M. Drapeau Picard. Au sud du Saint-Laurent, les milieux ont été largement drainés pour l’agriculture. »

Certaines personnes attirent plus les moustiques que d’autres

« Ce n’est pas un mythe, nous ne sommes pas égaux devant les moustiques », affirme le spécialiste.

Le métabolisme, qui diffère d’une personne à l’autre, serait en cause, tout comme le microbiome à la surface de la peau. « Un chercheur américain a identifié dans la sueur d’athlètes 150 composés qui attiraient les moustiques », note Jacques Boisvert, professeur retraité de l’Université du Québec à Trois-Rivières qui a passé l’essentiel de sa carrière à étudier les insectes piqueurs.

Les vêtements clairs attirent moins les insectes piqueurs

C’est bien vrai.

M. Drapeau Picard rappelle que les mouches et les moustiques détectent la chaleur. « Au soleil, un vêtement plus foncé va absorber davantage l’énergie du soleil. Il devient plus chaud. »

Les filets moustiquaires fonctionnent bien

Oui, mais pas n’importe lesquels.

Jacques Boisvert rappelle que les mouches noires sont expertes dans l’art de trouver le moindre interstice pour entrer à l’intérieur. Il faut donc favoriser les filets qui couvrent le haut du torse. « Le problème avec le filet, c’est que si tu vas luncher... ben, c’est plate. »

Le pire moment, c’est au coucher du soleil

On peut se faire piquer à n’importe quel moment.

« On a plus de 60 espèces de moustiques au Québec, indique M. Boisvert. Certaines sont actives le soir, d’autres le matin et le soir. Les mouches noires, elles, sont actives du matin au soir, alors que les brûlots sortiront après le coucher du soleil. »

Les produits à base de DEET, d’icaridine et de p-menthane-3,8-diol peuvent être nocifs pour la santé

Ces produits ont été étudiés et ont été déclarés sûrs et efficaces.

« Mais c’est important de suivre les indications sur le contenant, rappelle M. Drapeau Picard. Du DEET, on ne se met pas ça dans les yeux. On ne va pas s’en mettre quatre fois par jours sur la peau non plus. »

La citronnelle est aussi efficace que les produits à base de DEET et d’icaridine

Pas exactement.

Selon Jacques Boisvert, la grande différence réside dans le temps de protection. On parle de 8 à 10 heures pour le DEET et l’icaridine, puis de 30 à 90 minutes pour la citronnelle. « Je me mets de la citronnelle quand je fais un BBQ. Je sors, je mets le steak, je le revire, je rentre », dit-il.

Les bracelets et les chandelles réussissent à repousser les insectes piqueurs

Non.

Jacques Boisvert a accumulé dans une grande boîte un bon nombre de produits qui ne fonctionnent pas. Les bracelets, savons, shampoings, chandelles et appareils à ultrasons en font partie. Par contre, les vêtements imprégnés de perméthrine, ça marche !

Les diffuseurs de type Thermacell éloignent les insectes piqueurs

Oui.

Ces diffuseurs à base de pyréthrinoïdes fonctionnent, selon Jacques Boisvert. Certains peuvent s’accrocher à la ceinture, mais sont plutôt chers. Pour une utilisation sur le patio, les bonnes vieilles spirales vertes fonctionnent avec les mêmes genres d’insecticides et ont une efficacité semblable. Toutefois, « s’il vente, il y a des gens qui ne seront pas protégés du tout et d’autres qui vont le recevoir en plein visage ».

Les dispositifs d’électrocution sont une bonne solution.

Non, car ils n’attirent pas seulement les moustiques.

« On avait cinq apiculteurs dans la région, raconte-t-il. Le propriétaire d’un dépanneur avait mis son dispositif à l’extérieur : il ramassait beaucoup d’abeilles. »

Manger des bananes attire les moustiques

Le plus grand mythe de tous.

Pour les besoins de la science, Jacques Boisvert a avalé six bananes de suite. Il n’a pas été piqué à mort.

La stratégie gagnante est d’être calme

Le mouvement, tout comme la chaleur et le gaz carbonique, attire les mouches et les moustiques, rappelle Jacques Boisvert.

« Il faut rester zen. Il ne faut pas commencer à taper un maringouin comme si on voulait tuer un éléphant. »

Chiffre de la semaine

18 h 24 min

C’est la longueur du jour au solstice d’été dans les monts Torngat, dans le Nord-du-Québec.

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La danse de l’araignée

Bien exécutée, l’escalade de bloc peut ressembler à une belle chorégraphie, comme ici avec Michaela Kiersch.

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