Menaces de Trump sur l’OTAN

Paris, Berlin et Varsovie plaident pour une Europe unie

« Plan » pour la lutte contre la désinformation russe, soutien réitéré à l’Ukraine, mais, surtout, union face aux menaces proférées par Donald Trump : les ministres des Affaires étrangères français, allemande et polonais ont présenté un visage uni, lundi, près de Paris.

« Nous ne nous laisserons pas diviser », a affirmé le chef de la diplomatie polonaise, Radosław Sikorski, invité, comme son homologue allemande, Annalena Baerbock, par le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, à une réunion au château de La Celle-Saint-Cloud.

Dans cette résidence historique de banlieue parisienne, propriété du ministère des Affaires étrangères, qui a accueilli autrefois la reine Élisabeth II et la première dame Jacqueline Kennedy, une tirade de l’ex-président américain Donald Trump, qui souhaite faire son retour à la Maison-Blanche, résonnait dans toutes les têtes.

Samedi, lors d’un rassemblement de campagne, Donald Trump avait ainsi semé le trouble en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l’OTAN face à la Russie si ceux-ci ne payaient pas leur part, affirmant même qu’il « encouragerait » Moscou à s’en prendre à eux.

Des propos qualifiés d’« irresponsables » par le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, en visite à Chypre. « Toute relativisation de la garantie d’assistance de l’OTAN » est « dangereuse » et « ne sert que les intérêts de la Russie », a estimé le chancelier allemand, Olaf Scholz, lors d’une conférence de presse à Berlin.

Lundi, France, Allemagne et Pologne, trois pays au poids considérable tant sur le plan géographique que sur le plan démographique, ont donc affiché leur union.

« L’alliance atlantique n’est pas un contrat avec une entreprise de sécurité », a souligné M. Sikorski. Quand, après le 11 septembre 2001, « la Pologne a envoyé une brigade armée pendant dix ans en Afghanistan, on n’a pas envoyé la facture à Washington », a-t-il poursuivi, préférant se souvenir du président Trump qui « avait envoyé des missiles Javelin à l’Ukraine » avant l’invasion russe de février 2022.

Le ministre français des Affaires étrangères a, lui, plaidé pour une « deuxième assurance vie » européenne, « pas en substitution, pas contre l’OTAN, mais en addition » de cette organisation.

« Tous les quatre ans [soit au rythme des scrutins présidentiels américains], l’Europe ne peut pas se payer le luxe de réfléchir à sa propre sécurité et d’être dépendant d’une élection extérieure », a-t-il argumenté.

« Sens de l’histoire »

« C’est le sens de l’histoire », a affirmé M. Séjourné, ajoutant qu’il fallait se préparer à la possibilité que le républicain Donald Trump fasse son retour à la Maison-Blanche.

Son homologue allemande, Annalena Baerbock, a insisté sur le « besoin d’une union européenne de la sécurité et de la défense », tout en réitérant l’importance de défendre l’Ukraine.

« Les milliards que nous investissons en Ukraine, ce sont des milliards que nous investissons dans notre propre sécurité. »

— Annalena Baerbock, ministre des Affaires étrangères allemande

Allemagne, France et Pologne ont un poids militaire très important au sein de l’Union européenne – plus d’un quart des dépenses dans ce secteur – et disposent également d’une large représentativité politique.

Avant cette rencontre, le président Emmanuel Macron avait reçu le premier ministre polonais, Donald Tusk, à l’Élysée, scellant ainsi les retrouvailles entre Paris et Varsovie après des années diplomatiquement tendues sous le précédent gouvernement nationaliste du parti Droit et Justice. M. Tusk s’est ensuite rendu à Berlin.

« Attaque contre notre démocratie »

Les ministres des Affaires étrangères ont également dévoilé une nouvelle coopération contre les opérations étrangères de désinformation, venant notamment de Russie, alors que la France a annoncé lundi avoir mis au jour un réseau « structuré et coordonné de propagande russe » ciblant des pays européens et les États-Unis.

Au moins 193 sites internet constituent ce réseau, selon un rapport de Viginum, l’organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères. Ils « ne produisent aucun contenu original, mais relaient massivement » un discours prorusse, expliquent les auteurs.

« Les réseaux, la désinformation, les sites falsifiés sont une attaque contre notre démocratie européenne », a observé Mme Baerbock, qui a appelé à « développer un plan pour gérer la désinformation ».

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Nombre de pays membres de l’OTAN qui ont atteint l’objectif des 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) consacré aux dépenses militaires tel que prescrit par l’alliance

Sources : AFP et l’OTAN

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