« Nous sommes considérés comme une menace »
Coincés en Europe, des Québécois cherchant à rentrer au pays ont été refoulés par la police à l’aéroport de Lyon, en France
Des Québécois en vacances en Espagne qui tentaient de revenir à la maison en passant par la France ont été refoulés par la police à l’aéroport et se retrouvent coincés sans vol de retour, alors que des mesures draconiennes sont imposées en Europe pour freiner la pandémie.
Marie-Josée Ross, sa mère de 78 ans, sa sœur et son beau-frère étaient partis vers Malaga, en Espagne, le 11 mars. Avant de s’envoler pour leurs vacances prévues de longue date, ils avaient vérifié l’état de la situation en lien avec la COVID-19. La situation semblait maîtrisée en Espagne.
Ils devaient revenir le 2 avril, mais les choses se sont gâtées après leur arrivée. Le nombre d’infections a explosé, les hôtels, restaurants et commerces ont fermé, les gens ont été confinés à l’intérieur, et plusieurs vols commerciaux ont été annulés.
La famille Ross a tout essayé pour se trouver un vol de retour le plus vite possible.
« Ça fait trois fois qu’on achète des billets depuis une semaine. Chaque fois, c’est annulé », a raconté Mme Ross lorsque jointe par La Presse samedi.
« Tout le monde remplit ses cartes de crédit en achetant des billets, ici. » — Marie-Josée Ross
Le dernier plan de la famille Ross était de prendre un vol de la compagnie Vueling, un transporteur à bas prix espagnol, jusqu’à Lyon. De là, elle devait prendre un autre vol pour Paris, où elle avait une place sur un avion qui devait partir pour Montréal.
Mais samedi, lorsque la famille a atterri à Lyon, c’est la police française qui l’attendait. Il y avait 18 Canadiens sur le vol de Vueling. Les policiers les ont fait mettre à l’écart et ont confisqué leurs passeports.
« Selon les règlements frontaliers français, nous sommes considérés comme des criminels dangereux, une menace pour la France », a résumé Mme Ross.
Les Canadiens ont été informés que Vueling serait mise à l’amende et devrait payer 5000 euros d’amende pour chacun des 18 Canadiens qu’elle avait fait entrer en France, en violation de l’ordre de fermeture des frontières.
Selon Marie-Josée Ross, les policiers étaient troublés par la situation.
« Ils ont été d’une gentillesse rare. Ils étaient très mal à l’aise. On comprenait que ça ne venait pas d’eux. On voyait que, comme humains, ils auraient voulu nous laisser passer. Dans les circonstances, ils ont pris soin de nous. Ils ont trouvé une salle où ma mère de 78 ans a pu s’asseoir, parce qu’il n’y avait pas de chaise au départ », raconte-t-elle.
Après des heures à attendre, les Canadiens ont été remis dans un vol vers Malaga. À l’atterrissage en Espagne, alors que la plupart n’avait pas mangé de la journée, c’est encore la police qui les attendait. On a fini par leur remettre leurs passeports et leur dire de se débrouiller.
« Ça argumentait. La police et la compagnie disaient chacun que ce n’était pas leur problème. Une dame nous donnait quelques indications, mais elle est disparue pendant qu’on cherchait les bagages », dit Mme Ross.
Une employée d’une ligne aérienne partenaire a fini par dénicher des places à six des Canadiens dans un hôtel près de l’aéroport, malgré l’ordre aux établissements de ne plus admettre de clients. Ils ont dû prendre six taxis pour s’y rendre car les nouvelles règles liées à la pandémie imposent un maximum d’un passager par taxi. D’autres Canadiens avaient un condo où ils pouvaient retourner. « Les autres, je ne sais pas où ils sont, je les ai perdus », explique la Québécoise.
La famille Ross ignore toujours quand elle pourra revenir au pays.
« On va aller au comptoir d’Air Transat à l’aéroport dimanche pour voir, mais sur leur site web, on n’est pas capables de trouver une place », affirme la voyageuse.