Désengagement des électeurs

Reconstruire le lien de confiance envers la politique

Chaque année, le Baromètre de confiance Edelman étudie dans quelle mesure les parties prenantes de 28 pays font confiance aux entreprises, aux gouvernements et aux médias. Dans le cadre de son enquête 2022, Edelman a mené des entretiens approfondis avec plus de 36 000 personnes interrogées dans 28 pays.

Richard Edelman résume les conclusions de cette année comme suit : « La méfiance est désormais l’émotion par défaut de la société, avec près de 60 % de personnes enclines à la méfiance ». L’enquête Edelman identifie les attitudes envers les médias et les gouvernements comme étant les principaux facteurs contribuant à ce résultat. « Le modèle économique des médias repose sur l’indignation partisane de leurs auditoires, tandis que le modèle politique tend maintenant à chercher à exploiter cette indignation. »

Au milieu d’un climat politique qui suscite ce type d’analyse, il n’est pas surprenant que les électeurs lors des récentes élections municipales, provinciales et fédérales au Canada et ailleurs aient été sceptiques et désengagés.

Nous avons la chance de vivre dans une démocratie, mais la démocratie est fragile lorsqu’elle est minée par la méfiance envers le gouvernement et la politique.

Il n’y a pas de moyen simple de régler le climat politique que cela a créé, mais la Fondation Jarislowsky et cinq universités unissent leurs forces pour contribuer à y remédier. Dans une tentative de pousser l’échiquier politique dans une direction plus positive, nous avons établi le premier réseau de chaires universitaires en son genre dédié à faire l’étude, à entretenir et à promouvoir la « confiance et le leadership politique ».

Renforcer le processus démocratique

Cette initiative pancanadienne est basée sur les rôles et les responsabilités des dirigeants politiques partout au Canada. Les titulaires de chaires que nous nommerons développeront un programme novateur d’enseignement, de recherche et d’apprentissage expérientiel. Ils encadreront et mentoreront des étudiants de nombreuses disciplines et de divers horizons en soutenant leur intérêt pour la politique, l’administration publique et le secteur public, et ce, à tous les niveaux de gouvernement.

Chaque chaire bénéficiera d’un fonds de dotation de 4 millions de dollars qui leur fournira des ressources additionnelles importantes qu’elle pourra utiliser pour soutenir l’enseignement de l’éthique, de la responsabilité fiduciaire et de la gouvernance démocratique – sur nos campus et au-delà. Guidés par un comité consultatif pancanadien composé d’experts reconnus ainsi que par des comités consultatifs régionaux, les titulaires développeront des certifications en confiance et en leadership politique qui pourront servir de base à des carrières fructueuses et marquantes en politique et dans la fonction publique.

La création de ces cinq nouvelles chaires vise à renforcer le processus démocratique. Sa santé repose sur l’éducation et l’esprit critique que ces chaires viseront à développer chez les étudiants. Nous devons veiller à ce que ce processus soit dirigé par des hommes et des femmes inspirants, hautement dignes de confiance et fiables et qui exercent une responsabilité fiduciaire. C’est un truisme de dire que nous devons étudier l’histoire pour en tirer des leçons.

Nous devons renforcer la démocratie en éduquant nos futurs dirigeants d’une manière qui solidifie la confiance dans nos institutions publiques, nos organisations et nous-mêmes.

Nous pouvons accomplir beaucoup plus lorsque nous travaillons ensemble en mettant en commun les ressources de nos organisations et nos ressources personnelles à la recherche du bien commun. En créant cette opportunité inédite soutenue par la Fondation Jarislowsky pour des universitaires exceptionnels, nous voulons démontrer les possibilités inhérentes à la pensée collaborative, à l’utilisation judicieuse des ressources financières et à la confiance et à l’innovation entre divers partenaires dans la sphère publique.

À l’ère du numérique où les médias sociaux permettent de croire facilement que l’animosité l’emportera sur l’harmonie, nous pouvons utiliser les outils et les structures que nous avons si laborieusement construits en tant que société pour protéger nos systèmes démocratiques. Retrouver un débat respectueux et un discours civil est un début. Apprendre à la prochaine génération de politiciens à apprécier la profonde responsabilité inhérente au leadership politique sera l’avenir.

* Stephen A. Jarislowsky est président de la Fondation Jarislowsky, un magnat canadien des affaires, investisseur et philanthrope ; Christian Blanchette est recteur de l’Université du Québec à Trois-Rivières ; Leo Groarke est président de l’Université Trent ; Mike Mahon est président de l’Université de Lethbridge ; Peter J. Ricketts est président de l’Université Acadia ; Deborah Saucier est présidente de l’Université Vancouver Island

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