COMMANDITÉ
Portrait

La retraite de Barry, c’est retaper des voitures de rêve

Barry Wagorn, propriétaire de l’atelier Wagorn’s Garage, à Ottawa, continue d’utiliser sa clé à chocs et ses douilles plus de 40 heures par semaine à un âge où beaucoup les auraient rangées. Peut-être la perspective d’un essai routier à bord d’une voiture luxueuse ou classique différente tous les jours y est-elle pour quelque chose ? Voici l’histoire d’un homme à ce point passionné par son métier qu’il ne ressent aucun besoin d’en prendre congé.

Coup de foudre pour les voitures anglaises

Barry a grandi juste à côté du garage fondé par ses parents en 1963 et y a travaillé dès son plus jeune âge. Il n’avait que 8 ans lorsqu’il a assemblé son premier moteur. Papa a transmis à fiston son amour tout naturel des voitures britanniques; il faut dire que les Wagorn habitaient l’Angleterre seulement trois générations plus tôt.

Grâce à ces précieux enseignements, Barry a appris les moindres secrets mécaniques des marques Triumph, MG, Jaguar et Bentley, ainsi que ceux de sa préférée, Rolls-Royce Motor Cars.

« Chaque Rolls-Royce est fabriquée avec tant de qualité et de précision… Honorer ce travail lors des réparations, c’est un défi qui me plaît beaucoup. »

– Barry Wagorn, garagiste, Wagorn’s Garage

Une passion plus qu’un gagne-pain

Aujourd’hui propriétaire de l’entreprise familiale, Barry reconnaît que l’entretien de véhicules récents et de parcs automobiles commerciaux en demeure la principale source de revenus. Néanmoins, il affectionne particulièrement le moment où les rendez-vous du jour sont réglés et où il peut consacrer quelques heures à redonner vie à des bolides comme il ne s’en fait plus.

Voici d’ailleurs un aperçu de ce qui est au programme en ce moment : des fuites d’huile à colmater sur une Cutlass Supreme 1983 d’Oldsmobile; une Silver Wraith 1979 de Rolls-Royce à inspecter; une Silver Cloud 1958 à retaper; la remise en état d’une Kaiser 1953 pour un concours d’élégance; et la préparation d’une Supercharged 8 1936 d’Auburn pour l’entreposage.

Chaque soir, ces beautés sur roues sont cérémonieusement stationnées aux postes de travail intérieurs, à l’abri des intempéries et des regards indiscrets.

La chasse au trésor

Un travail simple comme celui qu’on fait lorsqu’on remplace le moteur des vitres électriques d’une Silver Spur de Rolls-Royce ne nécessite qu’une ou deux heures en atelier, mais il faut patienter trois semaines avant de recevoir la pièce d’un fournisseur spécialisé. Barry affectionne particulièrement cet aspect du métier qui l’amène, depuis une soixantaine d’années, à se lier d’amitié avec des distributeurs et d’autres personnes passionnées.

« J’adore la chasse au trésor qui consiste à trouver des pièces. Je peux parler à quelqu’un qui connaît quelqu’un, et découvrir qu’un rotor d’allumage de Model A 1930 de Ford traîne sur une tablette quelque part. »

– Barry Wagorn, garagiste, Wagorn’s Garage

Le plus grand défi des britanniques

Des années 1950 à 1970, les voitures britanniques étaient fabriquées sur demande et sur mesure, souvent avec des composants électriques peu fiables qui contribuent à leur réputation de modèles capricieux. Démarrez les essuie-glaces ou klaxonnez, et les phares pourraient très bien s’éteindre ! « Chaque véhicule d’origine était configuré différemment, et chaque fois qu’on en reçoit un, il faut essentiellement repartir de zéro », fait valoir Barry Wagorn.

Les joies qu’apporte le travail

« Petit jeune » de 66 ans, Barry Wagorn ne prévoit pas partir à la retraite de sitôt. Son travail lui permet de passer ses journées aux côtés de sa femme, Susette, à la réception, et de sa fille Anne, qui s’occupe de l’administration. Il aime former ses cinq mécanos et reconnaître en son équipe la même passion qui l’habite de son côté.

Barry est certes heureux de prendre la direction de son chalet chaque vendredi soir et de s’asseoir avec un verre de vin, ou encore de regarder ses cinq petits-enfants jouer au hockey. Malgré tout, s’il continue de travailler cinq jours par semaine, c’est parce que son métier lui procure bien plus que de l’argent.

« C’est une question de plaisir, du sentiment d’accomplissement que je ressens quand je réussis à réparer quelque chose. C’est pour ça que je prévois continuer de travailler ici, jusqu’à ce qu’on me sorte de force ! »

– Barry Wagorn, garagiste, Wagorn’s Garage

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