Républicains et vaccins

Trop peu, trop tard ?

New York — Publié sur une plateforme souvent accusée de désinformation au sujet des vaccins, le message viral de Brytney Cobia pourrait représenter un puissant antidote.

« J’admets à l’hôpital de jeunes gens en bonne santé atteints d’infections à la COVID-19 très graves », a écrit dimanche sur sa page Facebook cette praticienne hospitalière de Birmingham, en Alabama. « L’une des dernières choses qu’ils font avant d’être intubés est de me supplier de leur administrer le vaccin. Je leur tiens la main et leur dis que je suis désolée, mais que c’est trop tard. »

Quand l’un d’eux meurt, la Dre Cobia dit aux membres de sa famille que la meilleure façon de l’honorer est de se faire vacciner et d’encourager toutes les personnes qu’ils connaissent à faire de même.

« Et ils me disent qu’ils ne savaient pas. Ils pensaient que c’était un canular. Ils pensaient que c’était politique. Ils pensaient que parce qu’ils avaient un certain groupe sanguin ou une certaine couleur de peau, ils ne seraient pas aussi malades. Ils pensaient que c’était “juste une grippe”. Ils avaient tort », a-t-elle écrit dans son message inspiré par une vive émotion et un découragement certain.

Cet antidote sous forme de témoignage poignant sera-t-il accepté par les personnes non vaccinées de l’Alabama, l’un des États conservateurs du sud des États-Unis où le taux de vaccination contre la COVID-19 est le moins élevé ?

La question se pose au moment où un nombre croissant d’élus républicains et de commentateurs conservateurs exhortent les membres de leur parti ou de leur public à se faire vacciner pour freiner le variant Delta.

Mais est-ce trop tard, comme le constate trop souvent la Dre Cobia ?

« Prenez la COVID au sérieux »

De toute évidence, Mitch McConnell, chef des républicains au Sénat, ne le croit pas.

« La façon d’éviter de retourner à l’hôpital est de se faire vacciner, a-t-il déclaré mardi. Et je veux encourager tout le monde à le faire et à ignorer toutes ces autres voix qui donnent des conseils manifestement mauvais. »

Le sénateur McConnell est l’un des élus républicains qui ont pris la parole cette semaine pour combattre l’attitude antivaccin de millions de partisans du Grand Old Party. Mercredi, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, lui a emboîté le pas, affirmant que « ces vaccins sauvent des vies ». La veille, son homologue de l’Utah avait accusé les « têtes parlantes » de la télévision de « tuer littéralement leurs partisans avec leur scepticisme vaccinal ».

Quelques-unes de ces « têtes parlantes » ont tenté de faire oublier leur propre scepticisme passé.

« Prenez la COVID au sérieux », a déclaré lundi soir l’animateur de Fox News Sean Hannity, qui a déjà qualifié la pandémie de coronavirus de « canular ».

« Je ne le dirai jamais assez. Assez de gens sont morts. Nous n’avons pas besoin de plus de morts. »

— Sean Hannity, animateur de Fox News

« Je crois en la science. Je crois en la science de la vaccination », a ajouté celui dont l’émission suit et précède sur Fox News celles de deux des plus grands sceptiques à l’égard de la vaccination, Tucker Carlson et Laura Ingraham.

Steve Doocy, coanimateur de l’émission matinale de la chaîne de Rupert Murdoch, et Ben Shapiro, du Daily Wire, entre autres, ont tenu des propos semblables à ceux de Sean Hannity au cours des derniers jours.

Reste à voir si ces messages contribueront à réduire la fracture vaccinale aux États-Unis. Fin juin, la Kaiser Family Foundation a publié un sondage indiquant que 86 % des électeurs démocrates avaient reçu au moins une dose d’un des vaccins anti-COVID-19, contre 52 % chez les républicains.

Dieu avant la science

Or, même avec la recrudescence des contaminations et des décès dus au variant Delta, des élus républicains continuent à tenir un discours partisan ou trompeur sur la question.

Plus tôt cette semaine, par exemple, le sénateur du Kansas Roger Marshall a attribué la responsabilité du scepticisme vaccinal de nombreux républicains à des membres de l’administration Biden.

« Chaque fois que Jen Psaki [porte-parole de la Maison-Blanche] ou Anthony Fauci [conseiller principal du président en matière de santé] ouvrent la bouche, 10 000 personnes disent qu’elles ne se feront jamais vacciner », a-t-il déclaré.

Le sénateur Marshall, qui est lui-même médecin, n’a pas parlé de l’effet négatif de la désinformation véhiculée par certains élus républicains, dont Marjorie Taylor Greene. La représentante de Géorgie a été suspendue de Twitter lundi pour avoir écrit que la COVID-19 ne représentait pas un danger pour les moins de 65 ans qui ne souffrent pas d’obésité.

Le lendemain, elle a refusé d’encourager les habitants de sa circonscription à se faire vacciner.

« Je crois en la responsabilité individuelle des gens de lire, de s’informer et de prendre leur propre décision. Je ne vénère pas la science, ni ne pense que la science régit tout. Je crois que c’est Dieu qui dirige tout. »

— Marjorie Taylor Greene, représentante républicaine de Géorgie, lors d’une conférence de presse

L’influence de Tucker Carlson auprès des républicains est probablement encore plus grande que celle de Marjorie Taylor Greene. Mardi soir, après le plaidoyer de Sean Hannity en faveur de la vaccination, le plus populaire des animateurs des chaînes câblées a continué à mettre en doute l’efficacité des vaccins contre la COVID-19, comme il le fait depuis plusieurs semaines.

« Bizarre le nombre de personnes vaccinées qui semblent propager le virus à ce stade », a-t-il déclaré.

Contrairement aux patients de la Dre Cobia de Birmingham, Tucker Carlson est probablement vacciné. Mais il refuse de répondre aux questions à ce sujet.

Au journaliste du New York Times qui a tenté sa chance le mois dernier, il a répondu : « Quand as-tu fait l’amour avec ta femme pour la dernière fois et dans quelle position ? »

La Dre Cobia peut bien être découragée.

Poursuivies après la crise des opioïdes

Quatre pharmaceutiques prêtes à payer 26 milliards

New York — Accusés d’avoir alimenté la crise des opioïdes qui ravage les États-Unis, le laboratoire Johnson & Johnson et trois gros distributeurs américains de médicaments ont accepté de payer 26 milliards US (32 milliards CAN) pour solder des milliers de litiges, a annoncé mercredi la procureure de l’État de New York.

Le laboratoire Johnson & Johnson a accepté de payer 5 milliards US (quelque 6 milliards CAN) sur neuf ans, et les distributeurs McKesson, Cardinal Health et AmerisourceBergen, 21 milliards US (26 milliards CAN) sur 18 ans, avec l’espoir de solder près de 4000 actions en justice intentées par des dizaines d’États américains et collectivités locales, dans le cadre d’une proposition d’accord à l’amiable « historique », a précisé la procureure.

La mise en œuvre de l’accord – qui doit permettre aux États et municipalités de financer les traitements rendus nécessaires par ce fléau – dépendra du nombre d’États américains qui l’accepteront : mercredi, en plus de l’État de New York, six autres États ont indiqué l’avoir accepté : la Caroline du Nord, le Connecticut, le Delaware, la Louisiane, la Pennsylvanie et le Tennessee.  

S’il se confirme, l’accord sera le plus important de l’épique bataille juridique engagée par les États et collectivités pour faire payer les entreprises accusées d’avoir produit et promu les médicaments opiacés, ou fermé les yeux sur leur surconsommation.

Un demi-million de morts par surdose

La crise des opioïdes, déclenchée par la promotion incisive et la surprescription de médicaments antidouleur entraînant une dépendance comme l’oxycodone, dans les années 1990, a fait plus de 500 000 morts par surdose aux États-Unis depuis 20 ans.  

Elle a généré un vaste marché de substances opioïdes illicites et très puissantes, comme le fentanyl, qui ont fait flamber le nombre de surdoses.  

Après un début d’amélioration juste avant la pandémie, le nombre de surdoses mortelles est reparti à la hausse en 2020 : plus de 93 000 personnes sont mortes, la plupart de surdoses liées aux opioïdes.

Johnson & Johnson avait annoncé un accord à l’amiable avec le seul État de New York fin juin, prévoyant qu’il verse à cet État 230 millions US (près de 285 millions CAN), après avoir cessé de produire et de vendre des substances opioïdes.  

D’autres laboratoires ont été attaqués en justice, qui ne sont pas associés à l’accord annoncé mercredi, dont Teva, Allergan ou Purdue dont le médicament OxyContin est considéré comme l’un des premiers responsables de cette crise.

Les grandes chaînes de pharmacies américaines ne sont pas concernées non plus. L’accord ne devrait donc pas mettre fin aux litiges les concernant.  

COVID-19 et fentanyl

L’espérance de vie des Américains a chuté de 18 mois

Washington — L’espérance de vie des Américains s’est réduite d’un an et demi en 2020, plus forte chute depuis la Seconde Guerre mondiale, selon la principale agence fédérale de santé publique qui en attribue grandement la cause à la pandémie de COVID-19.

Cette tendance inquiétante est nettement accentuée pour les minorités ethniques noire et hispanique, selon les statistiques publiées mercredi par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).

L’espérance de vie des Américains à la naissance est passée de 78,8 ans en 2019 à 77,3 ans en 2020. Cette durée de 77,3 années est la plus courte depuis 2003.

Pour les Afro-Américains, l’espérance de vie chute de 2,9 ans, de 74,7 ans en 2019 à 71,8 ans en 2020. Pour les Latinos, elle chute de trois ans, de 81,8 ans en 2019 à 78,8 ans en 2020.

Le plus fort déclin concerne les hommes d’origine hispanique, qui perdent 3,7 années d’espérance de vie à la naissance, une situation qui s’explique à 90 % par les ravages de la COVID-19.

Plus de 3,3 millions d’Américains sont morts l’an dernier, un nombre record dans l’histoire des États-Unis, la COVID-19 étant la cause d’environ 11 % de ces décès.

Surdoses d’opioïdes

Un autre facteur important est la hausse du nombre de morts par surdose médicamenteuse, une crise qui existait avant l’apparition du coronavirus, mais qui s’est aggravée : plus de 93 000 personnes sont mortes d’une surdose aux États-Unis en 2020, un niveau jamais atteint lié à une hausse de la consommation d’opioïdes pendant la pandémie.

De 2014 à 2018, l’espérance de vie aux États-Unis a baissé sous l’effet des surdoses d’opioïdes, en particulier les opioïdes de synthèse, comme le fentanyl.

Autre conclusion intéressante à tirer du rapport dévoilé mercredi par les CDC, l’agrandissement de l’écart d’espérance de vie des Américains à la naissance entre hommes et femmes, qui est passé de 5,1 ans en 2019 à 5,7 ans en 2020.

Dans le détail, l’espérance de vie féminine a chuté en un an de 81,4 à 80,2 ans. L’espérance de vie masculine est passée de 76,3 ans à 74,5 ans.

La géographie et le niveau de vie sont aussi en cause, l’espérance de vie ayant toujours varié beaucoup aux États-Unis selon les régions, comme le montrait une enquête du New York Times publiée en 2014.

Dans le comté de McDowell, en Virginie-Occidentale – un État appauvri par le déclin des mines de charbon –, l’espérance de vie moyenne des hommes et des femmes en 2014 était de 64 et de 73 ans, à peu près la même qu’en Irak ou en Birmanie la même année.

À 560 km de là, dans le comté de Fairfax, en Virginie – une banlieue prospère de Washington où habitent des fonctionnaires fédéraux –, l’espérance de vie moyenne des hommes et des femmes en 2014 était de 82 ans et de 85 ans, à peu près la même qu’en Suède.

— Avec La Presse

Accusations d’agressions sexuelles et de viols

Harvey Weinstein plaide non coupable

L’ex-producteur de cinéma Harvey Weinstein a plaidé non coupable mercredi devant un tribunal de Los Angeles des 11 accusations d’agressions sexuelles et de viols portées contre lui en Californie. Weinstein, 69 ans, qui purge depuis 2020 une peine de 23 ans de prison pour agressions sexuelles et viol à New York, a été transféré mardi à Los Angeles, ville où il régnait autrefois en maître, pour répondre des nouvelles accusations. Il est accusé d’avoir violé ou sexuellement agressé cinq femmes dans des hôtels, entre 2004 et 2013. L’une de ces femmes, Lauren Young, seule accusatrice à ne pas être anonyme dans cette affaire, avait déjà témoigné lors du procès ultra-médiatisé du producteur à New York. Jugé coupable en mars 2020, il avait été écroué dans la foulée, une décision vue comme une victoire majeure du mouvement #metoo. Début avril, M. Weinstein avait fait formellement appel de cette condamnation. — Agence France-Presse

COVID-19

New York fait un pas vers la vaccination obligatoire des soignants

C’est un premier pas vers la vaccination obligatoire pour les soignants : les milliers d’employés des hôpitaux publics new-yorkais devront bientôt soit être vaccinés contre la COVID-19, soit se faire tester chaque semaine, témoin de l’inquiétude croissante face au variant Delta. « Nous surveillons le variant Delta et son impact et il est temps d’introduire des changements », a expliqué le maire, Bill de Blasio, lors d’un point presse. « C’est un premier pas […] Si nous ne voyons pas les chiffres de vaccination augmenter assez vite, nous envisagerons d’autres options. » Cette mesure devrait s’appliquer, à partir du 2 août, à quelque 30 000 employés des 11 hôpitaux publics new-yorkais. Même si les soignants gardent l’option de se faire tester chaque semaine, « je n’ai aucun doute que cela va pousser les gens à se faire vacciner », a indiqué le maire, en espérant que les hôpitaux privés new-yorkais suivraient l’exemple des hôpitaux publics.

— Agence France-Presse

Un juge bloque une loi de l’Arkansas sur les mineurs transgenres

Un juge fédéral a bloqué mercredi l’entrée en vigueur d’une loi de l’Arkansas visant à interdire aux mineurs transgenres l’accès à de traitements hormonaux ou à des opérations chirurgicales. Saisi en urgence par quatre jeunes transgenres, leurs parents et deux médecins, le magistrat James Moody Jr. a, à l’issue d’une audience à Little Rock, suspendu la loi en attendant un débat de fond. « On va se battre contre cette loi aussi longtemps qu’il le faudra pour s’assurer qu’aucun jeune en Arkansas n’ait à craindre de perdre l’accès aux soins », a déclaré à l’issue de l’audience Chase Strangio, de la puissante association de défense des droits civiques ACLU, qui représentait les plaignants. La loi, qui devait entrer en vigueur le 28 juillet, interdit à tout membre du corps médical de fournir des traitements aux mineurs qui ne se reconnaissent pas dans leur sexe biologique, ou de les adresser à d’autres spécialistes.

— Agence France-Presse

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