De combien d’immigrants le Québec a-t-il besoin ?

Les seuils d’immigration déchirent les politiciens depuis des années, mais quelle est la capacité d’accueil réelle du Québec ? C’est le calcul extrêmement complexe que nous avons tenté de réaliser. Et les résultats auxquels nous sommes arrivés pourraient étonner autant à Québec qu’à Ottawa…

Un dossier de Vincent Brousseau-Pouliot

Un seuil mystérieux

Combien le Québec peut-il accueillir d’immigrants ?

Nos politiciens se déchirent sur cette question depuis des années. Durant la dernière campagne électorale, François Legault a soutenu qu’il serait « un peu suicidaire » d’accueillir plus de 50 000 immigrants par an « tant qu’on n’aura pas stoppé le déclin du français ».

Pourtant, les immigrants québécois n’ont jamais été aussi nombreux à parler français. En 2021, 81 % des immigrants québécois parlaient français, comparativement à 71 % en 1991, selon Statistique Canada.

En 2018, le chef de la Coalition avenir Québec disait à propos des immigrants vouloir « en prendre moins, mais en prendre soin ». Or, le gouvernement Legault a fait en quelque sorte le contraire durant son premier mandat. Il a diminué le seuil officiel de 50 000 immigrants permanents à 40 000 pendant deux ans, pour le ramener à 50 000 en 2021 (le seuil sera maintenu à 50 000 en 2023, a annoncé le gouvernement Legault jeudi). Mais le nombre d’immigrants temporaires a beaucoup augmenté. Seulement en 2021, Québec a délivré des permis de travail à 73 000 immigrants temporaires.

Vous avez du mal à suivre ? Vous n’êtes pas seul.

On a donc tenté de savoir quelle est la capacité d’accueil du Québec en matière d’immigration. Cette question simple en théorie est vite devenue extrêmement complexe.

Notamment parce que Québec et Ottawa ne disent pas précisément comment ils calculent la capacité d’accueil et leurs seuils d’immigration respectifs.

« Que ce soit à Ottawa ou à Québec, on ne sait pas d’où [ces chiffres] sortent. On cherche toujours leur définition de la capacité d’intégration. C’est un mystère », dit Denis Hamel, vice-président aux politiques de développement de la main-d’œuvre du Conseil du patronat du Québec.

Tentons de percer ce mystère.

Le calcul de Québec

Comment le gouvernement du Québec arrive-t-il au seuil de 50 000 immigrants par an ? « Le gouvernement établit sa capacité d’accueil en tenant compte d’une multitude de facteurs, indique par courriel le cabinet de la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette. Ça ne peut pas se limiter à un calcul arithmétique. De plus, ces cibles sont établies à la suite de consultations sur la planification pluriannuelle et tiennent compte des avis qui sont présentés par les partenaires et les autres parties prenantes. »

Les facteurs qui comptent

Plus on fouille, plus on s’aperçoit qu’il n’y a pas de formule magique pour déterminer le seuil d’immigration. Ça dépend de votre conception de la société québécoise et des objectifs que vous privilégiez. Voulez-vous régler le plus vite possible la pénurie de main-d’œuvre ? Conserver votre poids démographique au sein du Canada ? Avoir le plus grand nombre de citoyens qui parlent français ?

Tentons d’y voir plus clair en décortiquant une série de facteurs qui peuvent influencer les seuils d’immigration.

LA PÉNURIE DE MAIN-D'ŒUVRE

Pourquoi c’est important

On accueille des immigrants pour plusieurs raisons. Par humanisme (les réfugiés). Pour des raisons familiales (la réunification familiale). Pour leur offrir une meilleure vie (les immigrants économiques).

Depuis plusieurs années, il y a aussi une autre raison très pratique, qui n’a rien à voir avec l’humanisme : on manque de bras !

Il y a actuellement 255 000 postes à temps plein à pourvoir au Québec. Ce sont 6 % des emplois de la province qui sont vacants. C’est énorme. Fin 2015, seulement 1,5 % des emplois étaient vacants.

« Une entreprise sur deux refuse des contrats, deux sur trois retardent leurs investissements. Il y a un coût économique en dizaines de milliards à ne pas pourvoir ces postes », dit Denis Hamel, vice-président aux politiques de développement de la main-d’œuvre du Conseil du patronat du Québec, qui représente 70 000 employeurs. Pour le secteur manufacturier (13 % de l’économie), l’organisation Manufacturiers et Exportateurs du Québec estime les pertes à 7 milliards par an.

Que disent les données ?

Selon les prévisions du ministère de l’Emploi du Québec, il faudra pourvoir en moyenne 165 000 emplois chaque année pendant 10 ans (2021-2030), et l’immigration pourrait pourvoir entre 19 % et 22 % de ces postes vacants.

En se basant sur ces prévisions de Québec, le Conseil du patronat croit qu’il faudrait accueillir 68 479 immigrants par an, parce qu’il voudrait pourvoir 100 % des emplois futurs. Avec le retard accumulé depuis six ans, il suggère même d’accueillir entre 80 000 et 100 000 immigrants par an.

Avec les mêmes prévisions de Québec, nous croyons plus réaliste de pourvoir 76 % des futurs emplois pour revenir à un taux de postes vacants de 1,5 %. En privilégiant cette hypothèse et en utilisant le taux d’emploi chez les immigrants récents pour les quatre dernières années, on arrive à la conclusion qu’il faut accueillir au moins 57 500 immigrants permanents par an (voir note 1). Ce chiffre est un minimum afin de résoudre la pénurie de main-d’œuvre.

Notre méthode sous-estime un peu le nombre d’immigrants nécessaire, car le taux d’emploi des immigrants depuis quatre ans est très élevé par rapport aux niveaux historiques et il n’y a pas eu de véritable récession durant cette période. Par exemple, si on utilisait le taux d’emploi depuis huit ans, on arriverait à au moins 60 400 immigrants par an.

Le verdict 

En se fiant uniquement aux prévisions du ministère de l’Emploi du Québec, il faut minimalement 57 500 immigrants permanents par an au Québec pour atténuer la pénurie de main-d’œuvre.

1. Pour arriver à notre chiffre minimal de 57 500 immigrants permanents par an, nous avons utilisé les hypothèses suivantes :

1) selon Québec, il y aura 165 000 postes vacants par an à pourvoir ;

2) on pourvoit en pratique 76,5 % de ces postes, soit 126 200 emplois par an (on retournerait au taux de postes non pourvus de 1,5 % à la fin de 2015) ;

3) les immigrants pourvoient 22 % de ces postes vacants (27 750 emplois pourvus par an) ;

4) on utilise un taux d’emploi de 64 % pour les immigrants de 15-64 ans. Il s’agit du taux d’emploi moyen depuis quatre ans (2019 à 2022) des immigrants récents (moins de 5 ans au pays) de 15 ans et plus ;

5) on considère aussi qu’il faut hausser le seuil d’immigration pour tenir compte du fait qu’il y a, parmi les immigrants qu’on accueille, des enfants de moins de 15 ans (22,25 % des immigrants) et des personnes de 65 ans et plus (2,4 % des immigrants). Ces deux catégories d’âge n’intègrent pas le marché du travail ;

6) Avec tous ces paramètres, on arrive à un seuil minimal de 57 500 immigrants par an. Notre méthode sous-estime un peu le nombre d’immigrants nécessaire, car le taux d’emploi des immigrants depuis quatre ans est très élevé.

LA PROTECTION DU FRANÇAIS

Pourquoi c’est important

La principale raison pour laquelle le gouvernement Legault ne veut pas hausser les seuils d’immigration : la protection du français.

« Je comprends qu’il y a des objectifs économiques et que le patronat serait ouvert à ça. Mais on a le défi spécial, au Québec, de garder et de promouvoir le français et de s’assurer qu’on arrête de voir le pourcentage de francophones diminuer », disait le premier ministre François Legault début novembre.

« Dire que la limite d’accueil doit être de 50 000 immigrants par an pour freiner le déclin du français, ça ne repose que sur du vent. Il n’y a pas d’étude sérieuse là-dessus », réplique Jean-Pierre Corbeil, professeur de sociologie à l’Université Laval et spécialiste des questions linguistiques.

Que disent les données ?

Les immigrants québécois n’ont jamais été aussi nombreux à parler français.

De 1971 à 2021, la proportion de la population immigrante québécoise (ça inclut tous les immigrants, qu’ils soient ici depuis 1 an ou 30 ans) capable de soutenir une conversation en français est passée de 53 % à 81 %, révèlent les données de Statistique Canada. Au Québec, la proportion des immigrants dont le français est la première langue officielle parlée a sans cesse augmenté depuis 50 ans (35,3 % en 1971, 54,6 % en 2001, 62,6 % en 2021).

« La loi 101 a une influence importante, ainsi que les politiques d’immigration du Québec visant à favoriser l’arrivée d’immigrants avec une connaissance du français », dit M. Corbeil.

Dans ce contexte, il est ironique que le gouvernement Legault privilégie une hausse des immigrants temporaires à une hausse des immigrants permanents, car Québec a moins de contrôle sur la connaissance du français des immigrants temporaires et la loi 101 ne s’applique pas à leurs enfants pour les trois premières années.

Depuis 10 ans, les nouvelles cohortes d’immigrants permanents sont toutefois moins nombreuses à connaître le français lors de leur admission au Québec : 64 % des immigrants admis en 2009 connaissaient le français, comparativement à 50 % en 2019. Québec aimerait augmenter cette proportion à 80 %. Ce serait du jamais-vu. Entre 1968 et 2002, la proportion des nouvelles cohortes d’immigrants qui connaissaient le français a varié entre 29 % et 49 %.

Le gouvernement Legault aimerait aussi que l’immigration économique, qui est contrôlée par Québec, soit 100 % francophone d’ici 2026.

Le verdict 

Lier protection du français et seuils d’immigration ne tient pas la route. Les immigrants n’ont jamais été aussi nombreux au Québec à parler français, et la loi 101 permet d’intégrer les enfants d’immigrants en français dans le système scolaire. S’il y a des craintes pour la langue des immigrants adultes, Québec peut améliorer ses programmes de francisation.

LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Pourquoi c’est important

L’immigration aide-t-elle la croissance économique ? Oui. Est-ce une solution miracle pour tous nos enjeux économiques ? Non. « Les effets de l’immigration sur l’économie sont positifs, mais relativement faibles », résume Emna Braham, directrice générale de l’Institut du Québec, qui a réalisé une étude sur l’immigration en 2019. En haussant l’immigration, on augmenterait la croissance économique, mais on diminuerait aussi le produit intérieur brut par habitant.

La clé : mieux on intègre les immigrants au marché du travail, plus tout le monde en bénéficie. Plusieurs experts considèrent qu’on pose la question à l’envers dans ce débat. Au lieu de se demander s’il faut accueillir 35 000, 50 000 ou 70 000 immigrants par an, il faudrait se demander comment mieux les intégrer au marché du travail, et ensuite adapter le seuil en conséquence.

« Plus notre capacité d’intégration est grande, plus on peut en accueillir. »

— Marie-Thérèse Chicha, professeure de relations industrielles à l’Université de Montréal

Que disent les données ?

On intègre beaucoup mieux les immigrants québécois au marché du travail depuis 10 ans. Le taux d’emploi des immigrants de 25 à 54 ans au Québec a rejoint celui de l’Ontario au printemps dernier. Dès son arrivée au Québec, l’immigrant économique principal gagne aussi cher qu’un travailleur québécois. En 2009, il lui fallait quatre ans pour rejoindre le salaire médian québécois.

Il reste encore du travail à faire. Au Québec, le taux d’emploi des immigrants est de 82 %, contre 89,9 % pour les résidants nés au pays. Il s’agit d’un écart de 7,9 %, comparativement à 3,7 % en Ontario. Les immigrants ontariens gagnent légèrement plus (+0,7 %) que les Ontariens nés au Canada, alors que les immigrants québécois gagnent 6 % de moins que les Québécois nés au Canada.

Le verdict

Comme on intègre mieux les immigrants au marché du travail depuis une décennie, la hausse des seuils d’immigration aurait des effets bénéfiques sur l’économie.

LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION

Pourquoi c’est important

En 2032, l’Institut de la statistique du Québec prévoit davantage de morts que de naissances au Québec. Ce serait une première.

Comme beaucoup de sociétés occidentales, le Québec fait face à un choc démographique. La population vieillit, et il y a moins de travailleurs pour le nombre de retraités. En 2018, on comptait 3,1 travailleurs par retraité. Sans immigration, ce ratio passerait à 1,8 en 2040. Avec un seuil qui augmenterait progressivement pour atteindre 70 000 immigrants en 2040, le ratio serait à terme de 2,2. « L’immigration ne peut pas compenser complètement pour le vieillissement de la population, mais elle peut le ralentir », dit Emna Braham, de l’Institut du Québec.

Que disent les données ?

Pour maintenir la « faible » croissance actuelle de la population québécoise, il faudrait accueillir 58 000 immigrants par an d’ici quelques années, calcule le démographe Marc Termote, professeur à l’Université de Montréal, dans une étude réalisée pour le gouvernement du Québec en 2022.

Or, cette étude se base sur les chiffres de 2020, une année atypique : il y a eu plus de morts qu’à l’habitude à cause de la COVID-19 et la croissance naturelle de la population n’a été que de 7300 personnes (naissances moins décès). En se basant plutôt sur 2019, une année plus normale avec une croissance naturelle de 16 692 personnes, il faudrait augmenter le seuil à 67 000 par année pour éviter une diminution de la population.

Après l’année atypique de 2020, la croissance naturelle de la population est d’ailleurs revenue à 15 000 en 2021, un niveau similaire à 2019.

Le verdict

Pour conserver la croissance démographique au niveau de 2019, le seuil doit augmenter à 67 000 immigrants permanents par an.

LE POIDS DU QUÉBEC DANS LE CANADA

Pourquoi c’est important

Le Québec est une province du Canada, l’un des pays avec les seuils d’immigration les plus ambitieux. Si on va à contre-courant de la tendance canadienne, le Québec verra diminuer son poids démographique, son influence et son poids électoral au Canada.

Que disent les données ?

En 2018, le Québec accueillait 16 % des immigrants au pays, même s’il compte pour 22,3 % de la population canadienne. En plus, le Canada vient d’augmenter ses seuils et compte accueillir 500 000 immigrants en 2025. Pour maintenir son poids démographique, le Québec devrait accueillir 22,3 % des immigrants permanents, ce qui signifierait 104 000 immigrants en 2023 et 111 700 immigrants en 2025. L’entente Québec-Ottawa sur l’immigration prévoit que la province peut accueillir jusqu’à 27 % des immigrants au pays (son poids démographique +5 %), soit jusqu’à 136 600 immigrants en 2025.

Le verdict

Si les seuils d’immigration ne sont pas haussés de façon importante, le poids démographique du Québec diminuera au Canada. Pour conserver son poids démographique au Canada, le Québec devrait accueillir 104 000 immigrants en 2023 et 111 700 immigrants en 2025.

LES IMMIGRANTS TEMPORAIRES

Pourquoi c’est important

Pendant qu’il gardait le seuil d’immigration permanente à 50 000 par an, Québec a augmenté de façon importante le nombre d’immigrants temporaires.

Ces immigrants temporaires ont un statut plus précaire que les immigrants permanents, leur permis de travail étant souvent lié à un employeur, qui peut y mettre fin. Ils ont accès à l’assurance maladie (après trois mois s’ils gagnent plus de 25 $ l’heure), ils paient des impôts et leurs enfants vont à l’école. « Plusieurs travailleurs temporaires sont dans une situation très délicate. Les régulariser, c’est la meilleure recette pour leur intégration », dit Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes.

Que disent les données ?

Fin 2021, le Québec comptait déjà environ 86 000 immigrants temporaires sur le marché du travail, et 91 000 étudiants étrangers temporaires, pour un total de 177 000 immigrants temporaires.

Il faut 28 mois à un immigrant temporaire pour devenir immigrant permanent au Québec. En Ontario, le délai est de six mois. Pourquoi est-ce si long au Québec ? Québec et Ottawa se renvoient la balle. Mais Québec a créé un goulet d’étranglement dans le système en acceptant beaucoup plus d’immigrants temporaires sans hausser les seuils d’immigration permanente.

« Vingt-huit mois, c’est long pour être dans une situation d’incertitude, dit le professeur Martin Papillon, directeur du Centre de recherche sur les politiques et le développement social à l’Université de Montréal. Il faut réduire les délais. L’immigration reste une expérience humaine. Ce n’est pas juste des chiffres. »

Le verdict

Une hausse de l’immigration permanente permettrait d’avoir moins recours à l’immigration temporaire.

D’autres facteurs à considérer

L’effet sur le logement

La pénurie de logements abordables au Québec est l’un des arguments de ceux qui proposent de réduire les seuils d’immigration. Il manque 100 000 logements actuellement, selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec. Sans compter le manque de logements abordables. À l’automne 2021, le taux d’inoccupation des logements était de 2,5 % au Québec. On parle de crise aiguë du logement avec des taux sous 1 %. Le taux d’inoccupation était de 3 % dans la région de Montréal, mais très faible dans certaines régions (par exemple, 0,9 % à Sherbrooke et à Trois-Rivières). En revanche, fin 2021, le Québec comptait déjà sur son territoire environ 86 000 immigrants temporaires sur le marché du travail, et 91 000 étudiants étrangers temporaires. Ces 177 000 immigrants temporaires occupent tous déjà un logement au Québec. On peut donc régulariser d’un seul coup des dizaines de milliers d’immigrants temporaires sans avoir besoin de construire un seul logement.

Des contribuables payants pour l’État

En 2021, les immigrants qui déclarent des revenus gagnaient en moyenne 50 937 $. Dans une famille de deux parents et un enfant (où un des deux parents travaille), ce revenu moyen permet d’être un contributeur fiscal net, c’est-à-dire qui paie plus d’impôt et de cotisations que la somme reçue en crédits d’impôt sur les taxes à la consommation, primes fiscales au travail et prestations fiscales pour enfants.

La plupart des immigrants qui travaillent sont donc des contributeurs fiscaux nets pour les gouvernements.

En plus, l’accueil, l’intégration et la francisation des immigrations ne coûtent à peu près rien au gouvernement du Québec, puisque c’est le fédéral qui se charge de la facture en vertu d’une entente Québec-Canada. En 13 ans (2008 à 2021), Québec a reçu 4,96 milliards d’Ottawa pour l’immigration et a dépensé 5,16 milliards à cet effort. L’accueil, l’intégration et la francisation des immigrants ont donc coûté environ 200 millions sur 13 ans à Québec. Depuis trois ans, Québec ne dépense pas tout l’argent que lui envoie Ottawa pour l’immigration.

Des Québécois plus accueillants

Au cours de la dernière décennie, les Québécois sont devenus plus favorables et moins méfiants par rapport à l’immigration. Selon les sondages de CROP, 87 % des Québécois en 2022 pensent que « les autres cultures ont beaucoup à nous apporter et leurs influences nous enrichissent », comparativement à 58 % en 2010. Par ailleurs, 64 % des Québécois en 2022 ne pensent pas qu’il y a « trop d’immigration » et ne pensent pas que l’immigration constitue une « menace ». Il s’agit d’une hausse par rapport à 2010 (55 %). « Il y a un accueil de plus en plus favorable à l’immigration au Québec. L’humanisme grandit dans la population », dit Alain Giguère, président de la firme CROP. Ce sont les francophones qui sont les plus favorables à l’immigration : 67 % des francophones pensent que l’immigration n’est pas une menace, comparativement à 56 % des anglophones et 61 % des allophones.

EN CONCLUSION

Selon les facteurs considérés, la fourchette du seuil d’immigration du Québec se situe entre 57 500 et 104 000 immigrants par an (en 2023), avec une médiane à 67 000 immigrants par an.

Le seuil d’immigration idéal dépend de vos priorités, de vos objectifs et de votre conception de la société québécoise.

Si on veut résorber la pénurie de main-d’œuvre, maintenir la croissance démographique au niveau de 2019 et ralentir les effets du vieillissement de la population et du déclin démographique au Canada, sans menacer la survie du français, on estime que le Québec devrait accueillir aux environs de 67 000 immigrants permanents par an. Il s’agit de la médiane obtenue avec nos différentes estimations. On suggère donc un seuil variant entre 65 000 et 70 000 immigrants permanents par an.

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