Rassemblements des Fêtes

Ça prendrait un « miracle de Noël »

Alors que le nombre de nouveaux cas quotidiens de COVID-19 a atteint un nouveau sommet mercredi, des experts ne voient pas comment le Québec pourrait arriver à redescendre sous la barre des 1000 cas d’ici le 11 décembre.

« On a les mêmes mesures que les deux derniers mois, alors comment peut-on espérer que la situation s’améliore soudainement dans les deux prochaines semaines ? », se demande Nathalie Grandvaux, directrice adjointe scientifique au Centre de recherche du CHUM. « Je ne vois pas comment, en ne changeant rien, on va inverser la tendance actuelle à la hausse », conclut-elle.

« Le miracle de Noël qu’on voit habituellement à cette période de l’année, malheureusement, je ne le vois pas arriver de cette façon-là », ajoute Mme Grandvaux.

« Je ne pense pas qu’on peut sauver les Fêtes sans mettre en place des mesures drastiques ou coercitives », affirme pour sa part Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Elle espère tout de même que le retour au confinement total ne sera pas nécessaire.

Si le nombre de cas et d’hospitalisations continue d’augmenter au même rythme, permettre les rassemblements à Noël serait « une très mauvaise idée », selon Nathalie Grandvaux.

« Dans les conditions actuelles, on ne peut pas se permettre cette flexibilité. »

— Nathalie Grandvaux, directrice adjointe scientifique au Centre de recherche du CHUM

Le gouvernement Legault doit prendre une décision le 11 décembre à savoir s’il autorisera des rassemblements de 10 personnes entre le 24 et le 27 décembre. Parmi les cibles identifiées, le directeur nationale de santé publique, le Dr Horacio Arruda, a dit souhaiter voir le nombre de nouveaux cas quotidiens descendre sous la barre des 1000 par jour. Or, cet objectif semble de plus en plus difficile à atteindre, à un peu plus d’une semaine de la date fatidique. Le Québec en rapporte présentement plus de 1300 en moyenne quotidiennement.

Transmission communautaire à la hausse

Cette nouvelle flambée des cas est causée entre autres par une plus grande transmission communautaire, particulièrement dans la population active. Les éclosions se produisent surtout dans les lieux de travail, les écoles et les commerces.

Une analyse par tranches d’âge des nouveaux cas permet de constater une hausse de 20 % en une dizaine de jours à peine chez les 20 à 59 ans. À l’inverse, on observe une légère tendance à la baisse chez les 80 ans et plus depuis quelques jours. Le nombre de nouveaux cas dans ce groupe le plus vulnérable demeure néanmoins très élevé.

« Comme ce ne sont pas des éclosions dans des endroits qu’on peut contrôler, ça veut dire que ça va se propager, que chaque personne va contaminer d’autres personnes. Ce n’est pas une bonne nouvelle », constate Mme Grandvaux.

Cette augmentation de la transmission dans la communauté serait due à un moins grand respect des règles sanitaires, notamment dans les commerces et sur les lieux de travail. L’arrivée du froid peut également y contribuer en rendant les rencontres extérieures moins attrayantes, selon Mme Borgès Da Silva.

Pour les commerces, les règles sanitaires seront justement resserrées à partir de vendredi, comme l’a annoncé mercredi Geneviève Guilbault, ministre de la Sécurité publique.

Plus de 65 jours après le premier resserrement des règles annoncé par le gouvernement, le 28 septembre dernier, les experts constatent une baisse d’adhésion aux règles dans la population.

« Il faudrait rappeler les règles en place. On nous rappelle de respecter les règles, mais on ne rappelle pas ce qui est en place. »

— Nathalie Grandvaux, directrice adjointe scientifique au Centre de recherche du CHUM

Les règles sanitaires mériteraient également d’être rappelées sur les lieux de travail, selon Benoit Mâsse, professeur de santé publique à l’Université de Montréal, notamment en ce qui a trait au port du masque et à la distanciation, qui est parfois difficile dans certains milieux comme les chantiers de construction.

1514 cas : un nouveau sommet

Les 1514 nouveaux cas rapportés mercredi représentent un nouveau sommet. Depuis mars, le Québec est de loin la province la plus touchée au Canada, avec 145 062 cas.

Avec 117 nouveaux cas, le Saguenay–Lac-Saint-Jean continue à afficher le plus haut taux dans la province. Néanmoins, la région poursuit globalement sa lente tendance à la baisse.

Les deux principales villes de la province, Montréal et Québec, continuent à voir la COVID-19 gagner du terrain. Elles ont rapporté mercredi respectivement 386 et 186 nouveaux cas.

Le nombre de personnes hospitalisées continue également à augmenter rapidement. On dénombrait mercredi 740 patients à l’hôpital en raison de la COVID-19, soit 21 de plus que la veille. Du nombre, 99 se trouvent aux soins intensifs, soit une de plus.

« Les données pour les cas, les hospitalisations et les décès demeurent très préoccupantes. On a besoin de la collaboration de tous les Québécois pour faire [baisser] ces chiffres », a commenté sur les réseaux sociaux le ministre de la Santé, Christian Dubé.

La province rapporte avoir effectué 27 373 prélèvements lundi, pour un total de 3 945 072 depuis le début de la pandémie.

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