Le Capitole encore frappé par une attaque

Moins de trois mois après un premier assaut contre le Capitole, les États-Unis ont de nouveau été frappés en leur cœur. Tout près d’un point de contrôle du Sénat, à Washington, une voiture a foncé sur des policiers, en tuant un et en blessant un autre. Le suspect a été abattu.

« Le suspect a happé deux de nos agents avec sa voiture », puis a heurté une barrière, a expliqué Yogananda Pittman, cheffe de la police du Capitole, à Washington.

« À ce moment-là, le suspect est sorti du véhicule, un couteau à la main », et il « a commencé à s’avancer vers les agents » qui lui ont tiré dessus. Il est mort vers 13 h 30.

La voix brisée par l’émotion, Yogananda Pittman a confirmé la mort de l’agent William Evans, qui travaillait au Capitole depuis 18 ans.

« La police du Capitole traverse une période extrêmement difficile depuis les évènements du 6 janvier », a-t-elle ajouté.

« L’attaque ne paraît pas liée au terrorisme, mais nous allons bien évidemment continuer d’enquêter », a déclaré Robert Contee, chef de la police de Washington.

La police n’a pas officiellement identifié le suspect, mais plusieurs médias américains ont dit avoir appris de source policière qu’il s’agirait de Noah Green, diplômé universitaire de la Virginie qui aurait récemment perdu son travail.

Dans une série de messages écrits récemment sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, Green se disait persécuté par le FBI et le CIA. Il estimait avoir été sauvé par Louis Farrakhan, fondateur de l’organisation politico-religieuse Nation of Islam.

« Le gouvernement américain est l’ennemi numéro 1 des personnes noires ! », lance- t-il dans une vidéo.

Biden « anéanti »

Le président des États-Unis, Joe Biden, s’est dit « anéanti ». La vice-présidente, Kamala Harris, a quant à elle salué le courage des agents « qui protègent le Capitole, surtout en cette période difficile, alors qu’ils ont subi deux attaques violentes et meurtrières ».

Quant à Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, elle a demandé à ce que tous les drapeaux soient mis en berne au Capitole à la mémoire du policier tué, « martyr pour notre démocratie ».

Comme la tragédie est survenue en pleine semaine du congé de Pâques, le Capitole et ses environs étaient plutôt déserts. Bien que les parlementaires étaient en congé, des employés étaient sur place, de même que des journalistes. Tous ont sur-le-champ été sommés de se confiner.

Munis de boucliers, les militaires de la Garde nationale ont pris position devant le Capitole, tandis que des policiers, déployés massivement à Washington depuis janvier, bloquaient les rues.

Peu après l’attaque, en une scène exceptionnelle, un hélicoptère des forces de l’ordre s’est posé au pied du Capitole, puis est reparti rapidement.

Le véhicule bleu de l’assaillant est resté embouti contre une barrière pendant plusieurs heures, avant d’être déplacé.

La démocratie prise pour cible

Rafael Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal, fait remarquer que depuis 10 ans, la démocratie américaine a été victime de plusieurs attaques.

En 2011, la démocrate Gabby Giffords a été gravement blessée à la tête lors de la fusillade de Tucson, qui l’a laissée handicapée.

En 2017, le républicain Steve Scalise est passé à un cheveu de la mort quand il a été atteint à la hanche lors d’une fusillade à Alexandria à l’occasion d’une partie de baseball amicale entre républicains et démocrates.

Et, bien sûr, il y a eu cet assaut du 6 janvier mené par des manifestants pro-Trump.

Depuis, souligne M. Jacob, Washington se trouve en alerte maximale.

Et ironiquement, souligne-t-il, des voix commençaient ces dernières semaines à se lever pour réclamer la levée de barrière qui empêchait l’accès au Capitole. « Des gens disaient qu’il fallait enlever cela, qu’on ne pouvait pas avoir une capitale fortifiée. »

Certaines barrières ont alors été retirées.

« Que la capitale de la plus grande démocratie au monde soit attaquée à répétition, c’est très chargé », fait observer M. Jacob.

— Avec l’Agence France-Presse

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