COVID-19

Tour d’horizon des nouvelles de la journée

COVID-19

« Envoye à maison ! »

Nouvelle journée, nouvelle consigne. Le premier ministre François Legault demande aux Québécois de ne plus voyager « d’une région à l’autre » afin d’éviter la propagation de la COVID-19 dans la province. Et après les adolescents, il donne un avertissement aux aînés citant Jean-Pierre Ferland : « Envoye à maison ! ». Bilan.

Le bilan passe à 121

Le nombre de personnes infectées à la COVID-19 passe de 94 à 121 au Québec. De ce nombre, sept personnes sont hospitalisées. On ne compte toujours qu’un seul décès dans la province : celui d’une femme âgée de Lanaudière – confirmé mercredi. Il n’est pas étonnant de voir le bilan grimper puisque le volume de tests quotidiens augmente. « Il faut être prudent quand on analyse la croissance des cas », a prévenu le premier ministre. Depuis jeudi, le Québec a la capacité d’exécuter 5000 tests par jour. On n’a pas une demande aussi grande à l’heure actuelle, mais « on est prêts si c’est nécessaire », a dit M. Legault. Quelque 4000 personnes sont toujours en attente du résultat de leur test à la COVID-19 et 5000 autres ont reçu un verdict négatif.

Un message pour les aînés

Le premier ministre Legault avait jeudi un message pour les aînés, notamment ceux de 70 ans et plus, qui, à l’instar de certains jeunes, ne respectent pas les consignes d’isolement volontaire. « Ce n’est pas le temps d’être dans les centres d’achats, ce n’est pas le temps d’aller passer une heure au restaurant avec ses amis. J’ai le goût de reprendre la chanson de Jean-Pierre Ferland là : Envoye à maison ! C’est là que vous devez être », a lancé M. Legault. Les personnes de 70 ans et plus sont particulièrement vulnérables à la COVID-19 avec un taux de mortalité de 8 %. Cette statistique bondit à 14,8 % pour les aînés de 80 ans et plus.

Moins de voyages interrégionaux

Nouvelle consigne du gouvernement : il est désormais recommandé de limiter les voyages « non essentiels » d’une région à l’autre. Cette mesure ne veut pas dire qu’il y a de la transmission communautaire soutenue au Québec, a assuré le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda. « Il y a des régions où il y a plus de cas, d’autres moins et donc, on veut s’assurer que les régions où il y a moins de cas restent dans cette situation-là, qu’il n’y ait pas de transmission entre les régions », a-t-il résumé. Pour l’heure, l’Estrie (26) et la Montérégie (19) sont les régions où l’on compte le plus important nombre de cas, après Montréal (28).

L’hospitalisation, « la clé » 

Alors que tous ces efforts collectifs d’isolement sont déployés pour aplanir la fameuse courbe de contamination au Québec – afin d’éviter l’engorgement du réseau de la santé –, le premier ministre s’est dit « rassuré » que le nombre d’hospitalisations soit encore très bas malgré les 121 cas confirmés. « La clé, c’est beaucoup les sept hospitalisations », a-t-il souligné. « Avoir le virus, c’est une chose, et avoir des conséquences graves pouvant aller jusqu’à la mort [c’en est une autre] », a illustré le premier ministre. Québec assure avoir 2300 lits d’hospitalisation disponible à l’heure actuelle, ce qui laisse une « marge de manœuvre » pour s’ajuster.

Délai pour les résultats

De nombreux Québécois ont rapporté attendre depuis plusieurs jours le résultat de leur test à la COVID-19. Interrogée à ce sujet, la ministre de la Santé et des Services sociaux a promis que le délai d’attente pour avoir son résultat sera amélioré. « Ça va changer parce qu’on a maintenant huit laboratoires [d’analyse]. À l’époque, il y a deux ou trois jours, on en avait un [seul] laboratoire. Alors, c’est sûr que ça a pris plus de temps pour avoir ces résultats-là », a expliqué Danielle McCann. Elle estime que le délai moyen d’attente est « autour de deux jours », mais que la situation évolue « d’heure en heure ».

Après la musique, la cuisine !

Le Dr Arruda en a fait sourire plus d’un mercredi lorsqu’il a confié avoir une chanson en tête par jour pour l’aider à passer à travers ses longues journées de travail, invitant les citoyens à garder un équilibre sur le plan de la santé mentale en ces temps de crise. Jeudi, il en a rajouté : « Moi, là, en fin de semaine […], j’ai besoin de cuisiner, je vais me faire des tartelettes portugaises ! » Il n’en fallait pas plus pour que l’affirmation du populaire médecin devienne virale sur la Toile. « De grâce, faites ce qu’on vous dit, profitez-en positivement, transformez ça en quelque chose de positif », a-t-il ajouté.

Fin des liaisons aériennes en région

Air Canada a pris la décision jeudi de suspendre ses liaisons aériennes de Québec et Montréal vers Sept-Îles, Baie-Comeau, Val-d’Or, Gaspé et les Îles-de-la-Madeleine jusqu’au 30 avril prochain, dans la plupart des cas. Une décision déplorée par les élus régionaux alors que le service d’Air Canada est souvent le seul disponible. « Le transport aérien est un service essentiel aux Îles-de-la-Madeleine et dans plusieurs régions du Québec. Pensez aux malades, aux fournitures médicales. Quel est le plan d’urgence du gouvernement ? », a lancé le député du Parti québécois, Joël Arseneau. Son collège de la Côte-Nord, Martin Ouellet, s’est aussi dit inquiet. Sur Twitter, il a confirmé être en discussion avec le bureau du premier ministre sur la question.

Cusson réclame le report de la course

Il est « irresponsable » de poursuivre la course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ), a dénoncé jeudi le candidat Alexandre Cusson. Le seul adversaire de la députée Dominique Anglade a suggéré de reporter l’élection prévue le 31 mai. Selon lui, le chef intérimaire Pierre Arcand devrait demeurer en fonction si la crise de la COVID-19 se prolonge. Tout comme celle du Parti québécois, la course au leadership du PLQ a été chamboulée par la pandémie de la COVID-19. La date de l’élection, fixée au 19 juin chez les péquistes, tient toujours. Autant au PQ qu’au PLQ, on avait pris la décision de tenir les débats sans public pour les diffuser en ligne, mais les deux formations doivent faire le point de façon imminente pour la suite des choses.

Conventions collectives

La CSN et la CSQ refusent une négociation accélérée

La CSN et la CSQ refusent de négocier à toute vitesse de nouvelles conventions collectives avec le gouvernement Legault alors que le Québec est plongé dans la crise de la COVID-19. La Presse rapportait jeudi que Québec proposait au secteur public de renouveler pour trois ans les conventions collectives, qui arrivent à échéance le 31 mars, en procédant dès maintenant à un « processus accéléré de négociation ». Le gouvernement offrait aux syndicats de les renouveler avec des hausses salariales liées à l’inflation, sans pour autant avoir chiffré ces hausses. Or, la CSN et la CSQ, qui représentent respectivement environ 150 000 et 125 000 travailleurs sur les 550 000 employés de l’État, ne veulent pas précipiter les négociations. Ils demandent à Québec le report des négociations pour environ 18 mois. « Le contexte que nous vivons nous impose d’être plus responsables que jamais. Dans les circonstances, nous considérons qu’il n’y a pas d’urgence à négocier le renouvellement des conventions collectives du secteur public », a déclaré jeudi Sonia Ethier, présidente de la CSQ.

— Hugo Pilon-Larose, La Presse

Services d’hébergement

Les hôteliers pourraient être appelés en renfort

Des chambres d’hôtel partout au Québec pourraient être occupées par des patients et du personnel du réseau de la santé, dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

La Santé publique a demandé aux hôteliers de contribuer à l’effort de groupe en acceptant d’offrir des services d’hébergement pour délester le réseau de la santé, si la situation le requiert.

« Le gouvernement nous a demandé si nous pouvions avoir 3000 à 4000 chambres de disponibles à travers la province, de la Côte-Nord en Outaouais », précise le président-directeur général de l’Association Hôtellerie Québec (AHQ), Xavier Gret.

« Aucun hôtel n’a hésité, ils ont tous répondu par l’affirmative », a-t-il ajouté avec fierté.

Il est trop tôt pour dire quels hôtels pourraient devenir des unités d’hospitalisation temporaires, mais la Santé publique a déjà commencé à contacter directement des hôteliers qui pourraient être appelés à jouer un rôle dans cette crise, avance l’Alliance de l’industrie touristique du Québec.

Chaque hôtelier négociera une entente avec le gouvernement.

« Les chambres ne seraient pas mises à la disposition de gens qui sont infectés par la COVID-19. Ce serait pour des personnes en attente d’hospitalisation, du personnel soignant ou des personnes semi-autonomes. Ça permettrait de libérer des lits dans les hôpitaux pour traiter plus de personnes atteintes de la COVID-19 », précise Xavier Gret.

Les hôtels choisis doivent répondre à des critères précis. Par exemple, l’établissement hôtelier doit être près d’un hôpital et être muni d’installations pour la restauration.

Une initiative saluée

Pour l’industrie hôtelière, cette nouvelle est vue d’un bon œil, puisqu’elle lui permettrait de « supporter la société » et aussi, pour les établissements qui seraient réquisitionnés, de recevoir une aide financière du gouvernement.

« Tout ça est très bon, parce qu’évidemment, financièrement, nous sommes fortement touchés par la pandémie. »

— Xavier Gret, président-directeur général de l’Association Hôtellerie Québec

Dans le même sens, le président de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, Martin Soucy, a aussi applaudi l’initiative : « L’AHQ est très active, avec nos collègues des régions et des secteurs, sur la cellule de gestion de crise mise en place par l’Alliance afin de supporter l’industrie. Cette cellule travaille en étroite collaboration avec le ministère du Tourisme et l’action annoncée aujourd’hui [jeudi] illustre concrètement un geste possible en solidarité avec la situation que vit le Québec », peut-on lire sur le site internet de l’Alliance.

Du côté du ministère de la Santé et des Services sociaux, il était trop tôt jeudi soir pour donner plus de détails : « Plusieurs scénarios sont présentement à l’étude afin de répondre aux besoins de la population. Aucune option n’est donc écartée », a répondu par écrit Robert Maranda, aux communications.

« Toutefois, nous soulignons que les hôteliers du Québec ont offert au gouvernement du Québec leur solidarité et leur pleine collaboration en cette période d’urgence sanitaire et nous les en remercions », a-t-il ajouté.

COVID-19

Le Bas-Saint-Laurent rattrapé par l’épidémie

Les autorités espèrent que le premier cas détecté dans la région conscientisera la population, qui ne prenait pas au sérieux les mesures de prévention

Les résidants du Bas-Saint-Laurent en ont eu la confirmation jeudi : leur région n’est pas épargnée par la COVID-19. Un premier cas a été détecté à Rivière-du-Loup, ont annoncé les autorités en début d’après-midi. Un développement qui pourrait contribuer à conscientiser la population.

« J’aimerais commencer par un appel au calme », a déclaré le Dr Sylvain Leduc, directeur de santé publique, en conférence téléphonique. « Il est normal qu’il y ait des cas de COVID-19 un peu partout. »

Jusqu’ici, la santé publique était plutôt aux prises avec le problème inverse : la région n’ayant pas de cas confirmé, les mesures de prévention n’étaient pas assez prises au sérieux.

« C’est comme un faux sentiment d’immunité, ça fait depuis hier [mercredi] qu’on fait des séries d’entrevues », témoignait, un peu plus tôt dans la journée, la responsable des communications au Centre intégré de santé et de services sociaux [CISSS] du Bas-Saint-Laurent, Ariane Doucet-Michaud.

Voyant qu’il y avait encore « des enfants qui se promenaient [aux] étages et des personnes qui [s’y] rendaient alors qu’elles n’avaient pas de rendez-vous », le CISSS a mis des agents de sécurité dans tous les centres hospitaliers, CLSC et CHSLD de son territoire la fin de semaine dernière.

Et mardi soir, la Santé publique est allée à l’aéroport de Mont-Joli pour rappeler les directives d’isolement et de prudence à chacun des 106 passagers qui arrivaient de Cuba. Mais de nombreuses personnes de 70 ans et plus vont encore faire leurs courses elles-mêmes pour « faire leur social ».

Jeudi matin, la Dre Josée Bouchard a téléphoné à un patient de 72 ans pour lui éviter de se présenter à sa clinique de Pohénégamook, mais il était absent. « Sa conjointe m’a dit qu’il était allé à l’épicerie », raconte-t-elle.

À Québec, le premier ministre François Legault a redemandé aux personnes âgées de 70 ans ou plus, qui constituent le groupe le plus à risque, de rester autant que possible chez elles. «  Évitez les rassemblements dans les centres d’achats et les restaurants », a-t-il conseillé jeudi.

Pas seulement les personnes âgées

Les aînés ne sont pas les seuls à prendre les consignes à la légère. « Même des gens qui travaillent dans le réseau et qui reviennent de voyage, on en a vu prendre un verre dans un bar », souligne la Dre Bouchard, qui est également présidente de l’Association des médecins omnipraticiens du Bas-Saint-Laurent.

« On en a encore beaucoup, des gens qui reviennent de voyage. Et des gens qui ont des symptômes de rhume et de grippe, ou de fièvre, de diarrhée, de maux étranges », témoigne Kathy Gauthier-Pelletier, copropriétaire de deux pharmacies dans la région. Elle a donc instauré un système de triage à l’entrée de sa pharmacie de Sainte-Luce. Seules les personnes qui ne présentent aucun symptôme de rhume ou de grippe, ne reviennent pas de voyage et sont âgées de moins de 70 ans peuvent entrer – et seulement trois à la fois à cause de la taille limitée de la salle d’attente.

Elle a doublé son personnel de livraison et suggère fortement aux clients de téléphoner plutôt que de se présenter en pharmacie, afin de limiter la contagion.

« Nous sommes là pour vous, soyez là pour nous. »

— Kathy Gauthier-Pelletier, copropriétaire de deux pharmacies

Le directeur de santé publique a profité de l’annonce de son premier cas pour rappeler que la région avait connu une année de grippe record. « On voit que l’application des recommandations est variable », a commenté le Dr Leduc.

Par contre, le premier patient diagnostiqué « a eu une conduite exemplaire », a-t-il souligné. Le test a été effectué la fin de semaine dernière et une trentaine de personnes de son entourage ont été contactées. Le patient « va bien, on suit ses symptômes chaque jour à plusieurs reprises » a indiqué le Dr Leduc, sans vouloir en dire davantage. Ni le sexe ni l’âge n’ont été dévoilés, ni même si la personne est allée à l’étranger, ou a seulement été en contact avec une personne qui en revenait.

Le site Info-Dimanche, de Rivière-du-Loup, a relié ce patient à l’entreprise Premier Tech, en citant une note interne aux employés qui faisait état d’un premier cas « parmi nos équipiers à Rivière-du-Loup ». La Presse n’a pas eu de réponse aux messages laissés chez Premier Tech jeudi après-midi.

La Dre Bouchard espère que l’annonce de ce premier cas dans la région « va faire tache d’huile » et contribuer à sensibiliser la population. « Si tout le monde respectait toutes les consignes, dans un mois, ce serait fini », dit l’omnipraticienne.

Montréal

Vers un dépistage plus accessible et « de plus grand volume »

La direction de santé publique (DSP) de Montréal prépare de nouvelles modalités de dépistage de la COVID-19 plus accessibles au public et permettant un « plus grand volume ».

Pour le moment, un triage téléphonique est effectué auprès des personnes présentant des symptômes liés au coronavirus. Par la suite, les personnes peuvent être dirigées vers des cliniques de dépistage pour y subir un test. Or, malgré l’ajout de personnel et l’amélioration technologique afin de mieux répondre aux nombreux appels téléphoniques des Québécois, il semble que le système connaisse des ratés.

« On travaille pour augmenter dans les prochains jours notre capacité de dépistage, qui est une étape cruciale pour identifier les cas et nous permettre de les circonscrire. On va vous présenter de façon imminente de nouvelles modalités de dépistage beaucoup plus accessibles et qui vont nous permettre de faire du dépistage de plus grand volume », a indiqué la directrice de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, sans toutefois apporter plus de précisions.

En conférence de presse, cette dernière a confirmé avoir rapatrié dans son équipe le personnel qu’elle avait affecté depuis mardi après-midi à l’aéroport Montréal-Trudeau.

« Le Dr Horacio Arruda nous a demandé d’augmenter notre capacité régionale, car nous allons avoir une augmentation importante des cas au cours des prochaines semaines. Comme je lui ai dit, mon armée est prête. »

— La Dre Mylène Drouin, directrice de santé publique de Montréal

Ainsi, cette dernière a pris en compte le fait que le gouvernement fédéral avait pris le relais pour informer les voyageurs des mesures à prendre à leur arrivée, notamment en leur recommandant un isolement de 14 jours, afin de limiter la propagation du virus. Selon la Dre Drouin, quelque 50 000 voyageurs ont ainsi reçu les renseignements nécessaires. La Ville de Montréal avait apporté son soutien à cette opération.

« L’objectif de donner un électrochoc est atteint », a affirmé la Dre Drouin.

Travail d’enquête

Ces employés sont donc replongés dans le travail d’enquête de la DSP, c’est-à-dire de remonter la ligne d’infection et faire le suivi de patients confinés à la maison et de leurs symptômes. À l’heure actuelle, 200 personnes sont ainsi suivies de près à Montréal.

La Dre Drouin a également fait le bilan de la situation qui prévaut à Montréal. On compte actuellement 28 cas de COVID-19, et de ce nombre, deux personnes reposent aux soins intensifs. « Certains des cas n’ont pas d’histoire de voyage », a affirmé la Dre Drouin, en précisant que pour tous les cas, la santé publique remonte toutefois à la source.

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