Une rencontre internationale… à la maison !
Le 18 mars, sur sa page Facebook, Nancy Florence Savard a publié une curieuse photo prise devant un écran d’ordinateur où 19 personnes souriantes envoyaient la main en même temps. Son commentaire accompagnant la photo était éloquent.
« Lorsque les producteurs d’animation affichent présents à ACE Animation malgré des dizaines de milliers de kilomètres de distance et l’obstacle de la COVID-19 ! Une communauté qui partage et s’entraide en toute sécurité ! », écrivait-elle.
Jointe par La Presse quelques jours plus tard, la présidente de 10e Ave Productionse Ave (La légende de Sarila, Le coq de St-Victor) était encore satisfaite de cette réunion virtuelle impromptue, malgré tous les écueils imputables à la crise.
« Normalement, ACE Producers se concentre en fiction et en documentaire. C’était la toute première rencontre en animation. Galilé Marion-Gauvin [de l’Unité centrale, à Montréal] et moi y étions invités, résume-t-elle. Ce genre de forum permet d’échanger sur des projets de coproduction et suivre des ateliers de toutes sortes : sur l’art de peaufiner nos projets, sur les erreurs à éviter, etc. »
Le matin de notre entrevue, Nancy Florence Savard s’est penchée sur le cas d’un film qui a dû faire son montage financier durant la crise financière de 2008-2009. On peut présumer que cette séance lui a été fort utile, d’autant plus que dans le monde de l’animation, les projets se financent souvent par des préventes, indique-t-elle.
C’est le cas justement de Félix et le trésor de Morgäa, prochain projet de long métrage d’animation de 10e Ave Productionse Ave. La productrice est récemment allée le présenter à la Berlinale, mais elle comptait beaucoup sur le Festival de Cannes et celui d’Annecy [le Cannes de l’animation] pour continuer le travail.
« Sans un marché du film, c’est plus difficile [de faire des préventes]. Et avec toutes ces salles de cinéma fermées, l’appétit des distributeurs est moindre. C’est notre plus gros enjeu. »
— Nancy Florence Savard
Elle note en revanche que la crise de la COVID-19 rend actuellement disponibles des artistes qui auraient normalement été sollicités ailleurs, comme en tournée ou au théâtre.
Reste à voir si ces maillages seront réalisables dans un contexte de distanciation sociale. Mme Savard cite en exemple l’enregistrement des voix en studio. « Bientôt, nous allons enregistrer les voix pour Félix et le trésor de Morgäa. En studio, l’artiste est d’un côté et le technicien de l’autre. Quant à nous [les producteurs], on pourrait intervenir à distance, en utilisant Skype, par exemple. Je ne sais pas ce que l’Union des artistes va dire de cela. »
Autre secteur où la crise actuelle pourrait avoir un impact positif : le visionnement en ligne. Mme Savard indique ainsi que Le coq de St-Victor est offert sur Netflix aux États-Unis et qu’un autre de ses films, Nelly et Simon : Mission Yéti, est diffusé par plusieurs plateformes sur le marché américain. « J’ai hâte de voir si cela va solliciter d’autres acheteurs », philosophe-t-elle.