Des drones… au fond des mines

Il y a cinq ans à peine, il était rare que des entreprises minières contactent DroneXperts, un centre d’expertise qui professionnalise l’intégration des drones en utilisant la robotique et l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, le téléphone ne cesse de sonner, si bien que ce secteur va représenter d’ici deux ans 30 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Survol.

Sécuritaire et précis

Afin de connaître les quantités de matières qui ont été dynamitées, les mines ont intégré la photogrammétrie à leurs usages. Normalement, ces relevés sont effectués à partir d’un GPS ou d’une station laser au sol, mais ces méthodes sont loin d’être parfaites. « Un de nos clients nous a mentionné que pour scanner une pile d’agrégats, l’utilisation d’un GPS peut prendre deux heures sur le terrain, mais l’activité est risquée. L’arpenteur doit aller chercher les points de hauteur sur les piles. Les risques d’accident sont élevés. Le laser au sol est quant à lui très précis, mais nécessite de trois à quatre heures. En plus, il est contraignant, car la circulation des camions qui transportent les minerais doit être arrêtée », explique Mathieu Falardeau, représentant des affaires chez DroneXperts. Tandis que le décollage du drone « peut se faire dans un endroit sécuritaire éloigné du transport du minerai », affirme l’expert.

Les avantages du drone ? Sa grande précision à 98 %, sa rapidité d’utilisation – un levé prend de 30 à 40 minutes – et la diminution des risques d’accident.

Relevé topographique de terrain par lidar, cartographie des gaz sur des zones après dynamitage et services d’urgences environnementales sont d’autres applications possibles de cet outil qui est surtout utilisé dans les mines à ciel ouvert. « Le drone est moins populaire pour les mines souterraines, car la position par GPS ne fonctionne pas sous terre. On doit utiliser un pilotage lidar. C’est un peu comme un guidage à la chauve-souris, mais avec des lasers. L’intérêt sous terre est pourtant indéniable parce qu’on peut augmenter le nombre de relevés, obtenir des images 3D des parois rocheuses, déterminer la profondeur d’une cavité, prévenir et connaître le lieu exact d’un éboulement, etc. », constate Mathieu Falardeau.

Cher ? Oui, mais…

Un autre défi à l’adhésion : le coût. Un drone industriel ne possède pas les mêmes caractéristiques qu’un drone utilisé pour les loisirs. Véritable outil de travail, il doit résister au vent, à la pluie et à la poussière. Résultat : le prix est conséquent. En moyenne, les clients industriels doivent s’attendre à débourser entre 10 000 $ et 50 000 $ pour en faire l’acquisition. Il faut aussi ajouter les frais de formation du personnel et les frais d’entretien.

Mathieu Falardeau estime toutefois que le retour sur l’investissement est rapide en raison de la réduction des coûts de fonctionnement. « Les gains d’information, de temps et d’argent sont considérables. On a une meilleure connaissance des inventaires, donc on gère mieux et on est ainsi plus rentables. Les applications du drone sont illimitées et exploitables tout au long du processus (exploration, développement et opérations), sans parler de l’évaluation rapide des dangers. »

Une tonne d’applications futures

Les règles d’utilisation d’un drone sont claires. Transports Canada interdit, entre autres, le vol au-delà de la ligne de vue (BVLOS). Une restriction qui pourrait être revue, ce qu’espère Mathieu Falardeau. « On comprend le pourquoi de cette limitation, mais si elle était levée dans les mines, ce serait un autre univers de possibilités qui pourrait s’ouvrir à ces industriels », soutient-il.

Le rêve ? Répondre à tous les besoins des mines, que ce soit en matière de connaissance, de ravitaillement, de livraison de pièces et, pourquoi pas, d’expédition de repas aux employés par la voie des airs.

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