Philip, l'homme de sa vie
C’est une histoire d’amour au long cours, une grande traversée contre vents et marées. Elizabeth s’est battue pour épouser ce séduisant officier de marine, mal vu par sa famille. De son côté, il lui sacrifie son nom, sa nationalité, sa carrière... tout en conservant la forte personnalité qui lui plaisait tant.
Prince charmant et chevalier servant, il sera aussi son fou du roi, le seul à la faire rire aux éclats. Celui qui marchait deux pas derrière elle l’a précédée dans la mort. Lui survivre relevait de la mission impossible.
La fille aînée du souverain a 13 ans quand elle et sa sœur accompagnent leurs parents à l’école de la marine. L’élève officier qui leur sert de guide s’appelle Philip. Lilibet le trouve « beau comme un Viking ». Mais ce prince de Grèce n’a rien d’un bon parti : sa famille a perdu son trône, sa mère souffre d’une maladie mentale, son père s’est évaporé... Elizabeth pourtant s’obstine. Et le roi finira par trancher : ce sera oui !
Leur mariage est la première cérémonie télévisée retransmise dans le monde entier
Au sortir de la guerre, l’image se veut un message d’espoir. Avec le mariage de sa fille Élisabeth, tout juste majeure à 21 ans, le roi George VI offre à la Grande-Bretagne exsangue un conte de fées.
La veille des noces, il nomme Philip duc d’Édimbourg et chevalier de l’ordre de la Jarretière. Alors que le rationnement continue, des Anglaises ont envoyé leurs bons pour du tissu... La princesse porte une robe de satin de soie incrustée de perles et de cristaux. Les motifs, inspirés du Printemps de Botticelli, symbolisent le renouveau dont tout le monde rêve.
Elle a beau arriver en carrosse, quand Lilibet franchit le seuil de l’abbaye la plus prestigieuse de l’empire, elle se sent comme n’importe quelle jeune fille sur le point de se marier : les nerfs à vif. Entre autres contrariétés, ce matin-là, sa tiare s’est cassée et son bouquet a été égaré. Pour ce rendez-vous avec la terre entière, 2500 invités à Westminster et 200 millions d’auditeurs devant leur radio, elle veut, déjà, être parfaite.
Au passage du carrosse, le royaume vibre dans l’espoir d’une ère nouvelle
Depuis l’annonce des fiançailles, l’enthousiasme est tel qu’on surnomme ces noces « le mariage du peuple ». La foule est si compacte, malgré les frimas de novembre, que le royaume semble s’être réuni à Londres. Les vivats se mêlent au son des cloches de l’abbaye.
Jusqu’au bout, elle se bat pour préserver l’héritage de l’empire
À bord de pirogues polynésiennes, à dos d’éléphant à Bénarès, ou pieds nus dans un temple à Ceylan, ils se plient à toutes les coutumes. Née à l’apogée de l’Empire britannique, Élisabeth joue un rôle majeur dans la consolidation des liens avec les ex-colonies. Elle reste la reine de certaines d’entre elles, comme le Canada et la Nouvelle-Zélande. Dans cette « communauté de nations » qui compte plus de 2 milliards d’habitants, elle aura effectué quelque 150 voyages, sans passeport, privilège royal !
Dans l’océan des obligations, de merveilleux fous rires avec Philip
Un « sens de l’humour unique au monde », commente la Reine dans son message de Noël 2017. Caustique et politiquement incorrect, le duc d’Édimbourg est le seul à pouvoir se moquer de celle qu’il surnomme « mon chou », quand ce n’est pas « ma petite saucisse ».
La souveraine en redemande. Le rire, seule méthode autorisée pour alléger le poids de la Couronne.