En zone rouge jusqu’au 7 juin

(Encore) un dernier effort pour Montréal et Laval

Comme lors de la première vague, Montréal et Laval devront patienter plus que les autres avant de se déconfiner. Québec annonce que ces deux régions resteront au rouge jusqu’au 7 juin, alors que la Capitale-Nationale, les Laurentides, Lanaudière, la Montérégie et l’Outaouais tourneront à l’orange dès le 31 mai.

L’Estrie, Chaudière-Appalaches et le Bas-Saint-Laurent verront aussi de grandes parties de leur territoire devenir orange dès lundi, à l’exception de certaines MRC. « Comme prévu, la majorité des régions vont passer à l’orange », s’est réjoui le premier ministre François Legault, mardi.

Mais il est trop tôt encore pour assouplir davantage les restrictions à Montréal et à Laval. « On a eu des discussions avec les représentants de la Santé publique de ces régions, on préfère être prudents et donc laisser ces deux régions-là en rouge pour encore une semaine », a expliqué M. Legault. Soit jusqu’au 7 juin. « On ne veut pas y aller trop rapidement », a-t-il précisé.

Plus aucune région n’affiche un taux de propagation justifiant le niveau d’alerte rouge (10 cas par 100 000 habitants) depuis mardi. Le gouvernement Legault appuie sa décision de laisser plus longtemps Montréal et Laval en zone rouge parce que pour ces deux régions, « c’est très récent » d’être sous ce seuil.

« Les chiffres s’améliorent à Montréal comme à Laval […], la courbe est dans le bon sens », a assuré le DHoracio Arruda. « C’est véritablement en fonction du fait que c’est très récent alors que ça fait longtemps que les Laurentides, Lanaudière puis la Montérégie étaient [techniquement] dans des zones orange », a-t-il ajouté. Montréal avait été sous le coup de mesures plus sévères lors de la première vague qui avait frappé durement la métropole, notamment avec une fermeture prolongée des écoles. Ce sera donc encore le cas, même si la métropole s’en est tirée à bon compte lors de la troisième vague.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a dit comprendre « que les gens sont fatigués », mais de reporter le changement de zone d’une semaine « est la meilleure chose à faire ». « Une semaine sur 14 mois, je pense que cela vaut la peine d’attendre », a-t-il indiqué lors d’une réponse en anglais.

C’est une approche « prudente » dans le contexte, conclut pour sa part la professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal Roxane Borgès Da Silva. « La densité de population est beaucoup plus élevée dans ces deux secteurs, donc forcément, dès qu’un variant embarque, la probabilité de contamination est beaucoup plus élevée », explique-t-elle.

« Oui, la métropole commence à observer des indicateurs relevant de la zone orange, mais il faut s’assurer d’y être bien campé avant d’y arriver, parce qu’en allant en orange, on augmente forcément les contacts sociaux. Et on ne veut pas avancer pour reculer encore », prévient Mme Borgès Da Silva.

Des commerces prêts à attendre

L’Association des sociétés de développement commercial de Montréal dit comprendre cette prudence, mais ne nie pas qu’elle engendre des ajustements. « Tout le monde est content d’avoir une date, mais c’est sûr que ça implique une logistique relativement compliquée d’ouvrir les terrasses sans pouvoir ouvrir nos salles à manger », lâche son président, Billy Walsh. « Certains vont juste attendre une semaine de plus », dit-il.

Le copropriétaire du Crossfit Waverly, Mike Guzzo, reste optimiste. « Si on est pour attendre une semaine de plus, mais éviter qu’on nous referme comme en avril, on va patienter. On veut une ouverture progressive et permanente. La pilule est facile à avaler », dit l’homme d’affaires, installé rue Beaubien, dans le Mile-Ex.

« Avec les cours à l’extérieur, ça redonne déjà du momentum aux gens, nos clients sont contents, et ça fait du bien. Sachant aussi que les terrasses vont rouvrir, ça allège le fardeau. On comprend que tout ça tire à sa fin. »

— Mike Guzzo, copropriétaire du Crossfit Waverly

Non loin de là, le restaurant Le Butterblume se prépare à rouvrir sa salle à manger autour du 8 juin. « Honnêtement, on s’attendait à ce que Montréal passe en orange une ou deux semaines après le Québec. Il y a plus de monde, il faut être plus prudents », soulève sa propriétaire, Nadine Boudreau. « On se dit en attendant qu’il faut être résilients et rester positifs. Ça va être un bel été », conclut l’entrepreneure.

Vers un Québec orange

À compter du 7 juin, donc, tout le Québec pourrait se trouver en zone orange, ce qui veut dire en mode « alerte ». Les salles à manger des restaurants et les salles de gym peuvent notamment rouvrir.

Reste que l’ouverture des terrasses des restaurants sera permise partout en province, peu importe la couleur de la région, à compter du 28 mai, selon le plan de déconfinement du gouvernement. « Il y a plusieurs restaurateurs qui ont d’ailleurs été plus prudents, et qui vont ouvrir seulement le 7 juin, pour avoir une logistique plus opérationnelle et plus efficace », a ajouté M. Walsh.

Le couvre-feu sera aussi levé au Québec et il sera possible de se réunir à huit personnes dans une cour privée extérieure à compter de vendredi.

Dans Chaudière-Appalaches, les secteurs de Montmagny, L’Islet, Beauce-Sartigan et Robert-Cliche restent en rouge. En Estrie, on parle uniquement de la MRC du Granit. Dans le Bas-Saint-Laurent, les MRC à l’ouest de Rimouski (Rivière-du-Loup, Les Basques, Témiscouata et Kamouraska) demeurent également au palier d’« alerte maximale ».

Les 346 nouveaux cas rapportés mardi portent à 537 la moyenne quotidienne calculée sur sept jours. C’est 24 % de moins que la semaine dernière. On recense présentement 415 personnes hospitalisées, soit 9 de moins que lundi. Du nombre, 101 se trouvent aux soins intensifs, soit une de moins que la veille. La tendance des hospitalisations est en baisse de 14 % depuis une semaine. Avec six rapportés mardi, la moyenne des décès calculée sur une semaine reste à sept par jour.

Accélération de la deuxième dose

Québec accélérera l’administration de la deuxième dose chez les clientèles plus vulnérables, comme dans les ressources intermédiaires pour les soins à domicile et les HLM, parallèlement à la vaccination des 12 à 17 ans. Le ministre Christian Dubé a confirmé que la province dispose de suffisamment de doses pour le faire.

Québec vise aussi à devancer l’injection de la deuxième dose pour tous les Québécois. « Notre objectif, il est très simple, c’est de ramener toutes les deuxièmes doses du mois de septembre puis de les ramener avant le 31 août », a expliqué le ministre Dubé, qui présentera sa stratégie ce jeudi.

Une personne, selon le groupe d’âge précis, pourrait par exemple se rendre sur Clic Santé et devancer son rendez-vous pour la deuxième dose.

Le gouvernement Legault demande encore un effort aux jeunes alors que « le travail n’est pas fini ». Selon M. Dubé, environ 65 % des 18 à 44 ans ont retroussé leur manche ou ont pris un rendez-vous pour le faire. Québec prévoit offrir de la vaccination sans rendez-vous dans toutes les régions de la province d’ici environ une semaine. Cela pourrait alors favoriser la vaccination chez les plus jeunes.

Avec 54 447 doses administrées lundi, le Québec a franchi le cap des 5 millions depuis le début de la campagne de vaccination. En tout, 4,7 millions de Québécois ont reçu au moins une première dose, soit 55 % de la population. À ce jour, 340 000 personnes ont reçu leurs deux doses de vaccin, soit 4 % de la population du Québec.

— Avec Pierre-André Normandin, La Presse

Vers la fin de l'urgence sanitaire ?

François Legault a indiqué que, « pour être bien réaliste », ce serait « comme impossible » de lever l’état d’urgence sanitaire « avant la fin août ». Il soutient que les mesures d’urgence, comme le port du masque et la distanciation physique, reposent sur le décret de l’urgence sanitaire. « On ne pense pas qu’on va pouvoir vraiment déconfiner puis enlever toutes les mesures avant que tout le monde ait deux doses », a-t-il expliqué mardi. La semaine dernière, Christian Dubé a dit s’être mal exprimé en déclarant que l’état d’urgence sanitaire serait maintenu « tant qu’on n’a pas réglé [les] conventions collectives » avec les employés de l’État. Ses propos ont été décriés par des syndicats et des partis de l’opposition. En vertu de l’urgence sanitaire, Québec détient des pouvoirs extraordinaires : il peut conclure des contrats de gré à gré – sans passer par des appels d’offres – et contourner des clauses des contrats de travail. — Fanny Lévesque, La Presse

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