Mixité au secondaire

Une école de garçons qui ne changera pas

S’il reste encore une poignée d’écoles de filles au Québec, la plupart des écoles de garçons ont pris le virage de la mixité. Toutes ? Le collège du Mont-Sainte-Anne, à Sherbrooke, résiste encore et toujours. Et s’il faut en croire sa directrice, il n’est pas près de changer.

« Nous sommes la seule école secondaire francophone pour garçons uniquement, de toute la Fédération des établissements d’enseignement privés, déclare Nathalie Marceau, directrice générale. Et ce n’est vraiment pas dans nos plans d’ouvrir aux filles. »

Pourquoi ? L’opinion de la directrice de ce petit collège de 275 garçons est claire : « Parce qu’on a besoin, actuellement, de pédagogie adaptée aux garçons. Et nous, on a essayé de développer quelque chose de particulier pour eux. »

Évidemment, la directrice est bien consciente que son avis ne fait pas l’unanimité. Si, du côté anglophone, il existe encore quelques écoles de garçons (Selwyn House et Loyola), chez les francophones, toutes les écoles secondaires privées ont ouvert leurs portes aux filles. Chacune à son rythme : le collège Jean-Eudes dès 1968, Brébeuf en 2013 seulement (dans un pavillon séparé).

« Oui, il y a peut-être un mouvement d’ouverture vers une double clientèle, mais nous, au collège du Mont-Sainte-Anne, on y croit beaucoup [à la non-mixité]. Et on voit les résultats au quotidien. »

— Nathalie Marceau, directrice générale

Elle explique avoir conçu une pédagogie dite « différenciée ». Un exemple ? En littérature, le choix des romans va être fait pour « plaire à la clientèle » et « couvrir ses champs d’intérêt ». En histoire ? Au lieu de traiter d’abord des questions sociales, on privilégie l’angle « plus politique, plus militaire », dit-elle, « parce que les gars ont un intérêt plus marqué pour le stratégique ».

« On leur fait vivre beaucoup d’expériences, de la manipulation, du concret. C’est important. Et ils embarquent mieux dans les projets ! » Pour comprendre la guerre des tranchées, par exemple, les élèves ont grimpé une colline à la course, munis d’un sac à dos et d’un masque à gaz. « C’est plus facile de faire des activités qui vont plaire à une clientèle plus homogène », résume-t-elle.

En prime, les garçons sont plus à l’aise entre eux, pour tout ce qui est exposé oral et art dramatique, « sans regard féminin qui pourrait peut-être les juger ».

A-t-elle l’impression d’aller à contre-courant ? « Ou plutôt d’être en avant ? Ce ne sont pas tous les garçons qui sont faits pour la non-mixité, concède-t-elle. Mais il y a un besoin pour des écoles de toutes les variétés. »

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