Planétarium

Le Soleil en vedette à l’AstroFest

Amateurs d’astronomie jeunes et moins jeunes sont conviés au Planétarium le week-end des 15 et 16 juin pour la quatrième édition de l’AstroFest. L’évènement célèbre cette année le Soleil, qui nous en a fait voir de toutes les couleurs ces dernières semaines avec une éclipse solaire totale et, plus récemment, des aurores boréales. Soulignons que l’activité à la surface de l’astre atteint le paroxysme de son cycle de 11 ans ! Le Planétarium offre des dizaines d’activités gratuites avec bricolages, ateliers, conférences et observation du ciel, notamment.

— Marie-France-Lou Lemay, La Presse

Êtes-vous atteint de brain rot ?

Brain rot ? Ce terme d’argot numérique fait référence au contenu creux et insignifiant que l’on engouffre des heures durant sur l’internet. Cette consommation médiatique boulimique entraînerait une forme de dégénérescence cérébrale, un « pourrissement du cerveau ».

Même si des médias et des centres thérapeutiques en santé mentale énumèrent des symptômes de cette « maladie », il ne s’agit pas d’un problème médical reconnu, du moins selon le Newport Institute, un centre de réadaptation en santé mentale. Mais le phénomène existe. Le « pourrissement du cerveau » entraîne une perte d’intelligence, de créativité, d’originalité et de sens critique. La personne touchée n’arrive plus à réfléchir par elle-même, elle est déconnectée de la vraie vie, léthargique, distraite ou confuse.

Ce discours explicite une crainte phobique des nouveaux médias et de leur effet sur nos facultés. Mais il ne dit rien de neuf. À travers l’histoire, notre consommation médiatique n’a cessé de susciter l’angoisse, et ce, peu importe le média concerné. On a par exemple craint l’impact des livres, de la radio, de la télé, et même de la photographie sur nos capacités cognitives. Dans son Phèdre, Platon fait ainsi dire à Socrate que l’écriture « ne peut produire dans les âmes […] que l’oubli de ce qu’elles savent en leur faisant négliger la mémoire », tandis qu’au XIXe siècle, l’écrivain Charles Baudelaire décrit les amateurs de photographie comme des êtres atteints de folie. À ses yeux, l’engouement pour la photo porte « le caractère de l’aveuglement et de l’imbécilité », en plus de contribuer à l’« appauvrissement du génie artistique ».

Remède et poison

Au Québec, la question des risques associés à notre consommation médiatique semble particulièrement brûlante lorsqu’on parle des enfants. On a appris récemment que la Commission de la relève de la CAQ souhaitait interdire les réseaux sociaux aux Québécois de moins de 16 ans. Or, aucune étude n’a à ce jour déterminé avec exactitude les effets des réseaux sociaux sur les adolescents, car ils sont contextuels.

Notre hyperconnectivité n’est ni fondamentalement bonne ni fondamentalement mauvaise pour la santé. Son effet sur nous fait plutôt écho aux autres formes de sociabilité et varie en fonction d’une multiplicité de facteurs.

Comme le pharmakon grec, les médias sociaux peuvent tour à tour être remède et poison.

Pour certains, le brain rot n’empoisonne pas le cerveau, mais contamine plutôt le langage. « Hors ligne, on décèle le brain rot dans les conversations qui sont trop enlisées dans la boue de l’internet pour trouver un sens ailleurs », précise la chroniqueuse culturelle Michelle Santiago Cortés dans Dirt, une infolettre sur la culture web. Ainsi, le fait de s’exprimer dans un charabia d’expressions numériques, de mèmes et de références spécifiques trahirait un pourrissement du cerveau. Skibidi, rizz, foufou sauce graine, sigma, Normand Marineau, gyats, girl dinner… ça vous dit quelque chose ? Si vous avez déjà capté quelques-unes de ces expressions et qu’elles vous ont fait sentir dépassé, c’est qu’elles explicitent un nouveau rapport à la perte, plutôt qu’une dégénérescence cérébrale. En fait, le brain rot pointe vers l’obsolescence programmée du langage.

Langage numérique spécialisé

En tant qu’autrice, j’ai plus que jamais l’impression de rendre compte de réalités qui seront inintelligibles d’ici peu. Et si j’ai des enfants un jour, seront-ils même capables de comprendre mes livres ? Dans son roman La vie littéraire, l’écrivain québécois Mathieu Arsenault traduit mon sentiment en parlant d’une littérature qui serait « écrite avec de la cendre ». Tiraillé par l’impermanence de ses références, son personnage se demande « comment [on peut] raconter sa vie quand on parle une langue de geekette un latin de l’internet éphémère voué par avance à l’oubli ».

Et si nos références se perdent aussi vite qu’elles sont apparues, elles évoluent aussi à mesure que la technologie des médias change.

Les hyperliens se brisent, mais la configuration de nos espaces physiques aussi. On annonçait par exemple la démolition progressive du centre commercial Place Versailles à Montréal, en partie parce que l’avènement du commerce en ligne a bousculé nos habitudes de consommation.

Ce sens de la perte transparaît dans les nouveaux termes qu’utilisent les internautes pour décrire leur réalité. Beaucoup de ces expressions sont teintées d’un certain pessimisme et empruntent au champ sémantique de la putréfaction, comme le brain rot, mais aussi le bed rot (pourrir dans son lit) ou même le doomscrolling, ce défilement morbide qui consiste à parcourir son fil d’actualité compulsivement. Or, nul besoin d’être pessimiste pour embrasser l’éphéméralité. C’est un exercice d’humilité que d’appréhender sa mort.

Ce que le brain rot présage réellement, c’est peut-être une nouvelle ère linguistique qui valorisera une expertise bien précise : celle de pouvoir décoder un langage évanescent. Comme le souligne le chroniqueur web Kyle Raymond Fitzpatrick dans son infolettre The Trend Report, plus le langage numérique se particularise, plus ceux qui savent le parler doivent nous servir de guides.

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