Portfolio MBA

Vers un nouveau modèle d’enseignement ?

La COVID-19 a dérangé en profondeur les habitudes des professeurs et des étudiants au MBA. De nouveaux modèles d’enseignement pour l’obtention de ce prestigieux diplôme de deuxième cycle vont-ils s’installer de façon permanente ? Témoignages.

HEC Montréal et l’Université de Sherbrooke ont fait preuve de beaucoup de flexibilité lorsque la COVID-19 a frappé pour la première fois, il y a un an. À HEC, on est passé en mode virtuel en un week-end. Et à l’Université de Sherbrooke, tout était en place en moins d’une semaine pour que les étudiants puissent continuer leur parcours scolaire à distance.

Bref, les étudiants des deux établissements n’ont, pour ainsi dire, rien perdu de leur trimestre d’hiver, lequel tirait à sa fin au printemps 2020. Les autres trimestres ont été un mélange de formation à distance, en présentiel et en mode hybride.

« Une formule comme celle que nous avions avant, je ne crois pas qu’on va revoir cela », explique Louis Hébert, professeur titulaire au département de management à HEC Montréal et directeur du programme de MBA.

Selon lui, les valeurs, les habiletés, bref, la culture associée au MBA ne pourront plus être acquises exclusivement par la présence en classe. L’intégration des technologies de l’information (TI) et la formation à distance dans le cursus scolaire deviendront donc des incontournables.

Yves Trudel, professeur titulaire au département de finance et directeur du programme MBA à l’Université de Sherbrooke, partage cet avis, même s’il n’est pas un inconditionnel de la formation uniquement à distance.

« Ce serait une erreur de tomber complètement en ligne. Ça dénaturerait le programme. Comment développer des habiletés de gestionnaire quand on est isolé ? Le contact humain fait partie de l’apprentissage. »

— Yves Trudel, professeur titulaire au département de finance et directeur du programme MBA à l’Université de Sherbrooke

Vers une approche hybride ?

Caroline Asselin-Jarry, étudiante au MBA au campus Longueuil de l’Université de Sherbrooke, a connu l’avant- et l’après-COVID-19 sur les bancs d’école. Inscrite à un programme de MBA de trois ans et demi à temps partiel, elle a pris goût à la formation à distance. Conseillère en recrutement chez SNC-Lavalin, elle trouvait parfois difficile de concilier travail et études.

« En faisant le MBA à distance, je me sens moins stressée par rapport à l’organisation de mon temps, dit-elle. La qualité de la pédagogie est la même et je n’ai plus à me rendre à mes cours trois soirs par semaine. J’aimerais que ça devienne une formule hybride. Je pense qu’on pourrait rejoindre encore plus de monde. On parle de conciliation travail-famille dans les entreprises. Pourquoi les universités ne le feraient-elles pas pour les étudiants du deuxième cycle ? Cela dit, le contact humain doit demeurer. »

Fatiha Ghazi, présidente de l’Association des étudiants au MBA de HEC Montréal, a entrepris un MBA d’un an à plein temps à l’automne 2020. Même si elle s’est rendue à l’école aussi souvent qu’elle le pouvait, cette avocate d’origine algérienne s’attend à ce qu’un modèle de formation « comodale » s’installe à terme.

« Un MBA à plein temps représente déjà une charge de travail très intense, dit la mère de deux enfants. Avec le confinement, il fallait en plus s’organiser pour faire des travaux avec ses coéquipiers. Ç’a été une période de challenge. »

Malgré tout, elle demeure persuadée que la technologie et la formation peuvent s’avérer avantageuses. « HEC a réussi, dit-elle, à organiser cet hiver le Défi RSE [responsabilité sociale des entreprises] auquel 31 universités de partout dans le monde ont participé à distance. C’est quand même incroyable ! Aussi, dans le cadre d’un de nos cours, on a eu une conférence d’un des grands patrons américains de Deloitte. Le comodal permet ce genre de choses. »

L’étudiante de 30 ans dit avoir reçu de nombreux commentaires de ses collègues. « Tout le monde, explique-t-elle, parlait de résilience parce qu’on fait notre MBA dans des temps difficiles. Ça va nous rendre plus forts que nos prédécesseurs, m’a fait remarquer un étudiant. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.