Médecin accusé du meurtre d’un patient en Ontario

Consternation dans le monde médical

Le monde médical est sous le choc au lendemain des accusations contre le DBrian Nadler. « Quand on travaille en santé, on travaille pour protéger des vies, pour atténuer la souffrance et soulager la douleur, donc c’est sûr que ça soulève des préoccupations supplémentaires », affirme le DMatthew Oughton, médecin à l’Hôpital général juif de Montréal.

Brian Nadler, médecin de 35 ans de Dollard-des-Ormeaux, a été accusé vendredi de meurtre au premier degré pour une mort survenue plus tôt cette semaine à l’Hôpital général de Hawkesbury, en Ontario. D’autres morts suspectes font actuellement l’objet d’enquêtes.

À sa sortie de cour, l’avocat de M. Nadler a indiqué que son client clamait son innocence et qu’il comptait se défendre face à ces accusations.

Dans la soirée du jeudi 25 mars, la Police provinciale de l’Ontario (PPO) a été appelée à se rendre à l’Hôpital général de Hawkesbury (HGH), à quelques kilomètres de la frontière québécoise, en lien avec une mort suspecte. Moins de 24 heures plus tard, l’établissement a été en mesure de confirmer l’arrestation du médecin.

« Le DBrian Nadler, un médecin de l’HGH, a été accusé de meurtre au premier degré et est toujours en détention. Tous ses privilèges à l’HGH ont été révoqués », indique un communiqué transmis par l’établissement, vendredi soir.

Il y est aussi précisé qu’une enquête était en cours concernant un « certain nombre de décès suspects », sans pour autant en dévoiler les circonstances.

L’établissement a également tenu à rassurer sa population. « Le campus de l’hôpital est un lieu sûr. Nous continuons à offrir nos programmes dans un environnement professionnel et sécuritaire […]. Les dirigeants de l’HGH collaborent activement avec les agents de la PPO affectés à cette enquête. »

« L’établissement a un gros travail à faire »

Pour le porte-parole du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, le drame n’a rien d’« anecdotique ». « Quand ça arrive à ton père ou ta mère, ce n’est plus une anecdote. Chaque drame comme celui-ci, c’est un drame de trop », tonne M. Brunet.

Si l’avocat de formation défend le principe de la présomption d’innocence, il n’en reste pas moins bouleversé par les récents évènements.

« Voyons ce qui se passera dans les prochains jours, mais ça demeure un fait marquant et, comme défenseur des droits des malades, c’est [à mes yeux] extrêmement préoccupant. »

— Paul Brunet, porte-parole du Conseil pour la protection des malades

Le DMatthew Oughton s’est aussi dit choqué par cette affaire pour le moins troublante.

« J’espère sincèrement qu’il n’y a pas d’autres cas reliés à lui ou à d’autres individus dans l’hôpital. Ce qui est certain, c’est que l’établissement a maintenant un gros travail à faire pour s’assurer qu’il n’y a pas d’autres affaires qui y seraient connectées. Ça va prendre une enquête complète pour faire toute la lumière. Pour le reste, mes pensées et mes sympathies vont surtout aux proches et aux familles concernées », insiste le DOughton.

Le spécialiste des maladies infectieuses prévient néanmoins qu’il ne faut « surtout pas généraliser ça aux médecins et infirmières, qui travaillent fort ».

Deux blâmes à son dossier

Le DBrian Nadler a été blâmé deux fois par le Collège des médecins et des chirurgiens de la Saskatchewan, alors qu’il exerçait à l’hôpital St. Paul’s, à Saskatoon. Les deux infractions pour conduite non professionnelle remontent à l’été 2014. Lors d’une altercation, le Dr Nadler avait traité une collègue de bitch, avant d’informer un autre collègue qu’il avait « envie de la gifler ». Le médecin avait aussi modifié le dossier médical d’un patient sans dater ni indiquer les changements apportés.

Selon le registre de l’Ordre, l’affaire s’est réglée après avoir reçu des excuses du Dr Nadler, qui avait promis de suivre des cours d’éthique.

Au moment d’écrire ses lignes, le Collège des médecins et des chirurgiens de la Saskatchewan n’avait pas répondu à la demande d’entrevue de La Presse.

Pour Paul Brunet, cette situation remet sur la table l’« injustice et le déséquilibre » de nos systèmes de plaintes contre les médecins. « Le médecin a toutes les ressources pour se défendre. Le plaignant a rarement des dizaines de milliers de dollars à dépenser sur des contre-expertises pour prouver la faute », déplore l’avocat.

Selon lui, tant que l’« équité procédurale » entre le plaignant et le médecin ne sera pas atteinte, le régime de plaintes sera un « leurre ».

Si le DBrian Nadler est titulaire d’un permis d’exercice au Québec, il ne s’est jamais inscrit au tableau de l’ordre, a confirmé le Collège des médecins du Québec à La Presse. Il a toutefois réalisé des stages au Centre universitaire de santé McGill en 2012, 2013, 2016 et 2017.

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