Voyage Québec

Le voyage intérieur

Les séjours de ressourcement ont le vent dans les voiles depuis plusieurs années et parions que la pandémie leur donnera une belle bourrasque de plus. Si les retraites et les autres activités de groupe sont reportées jusqu’à nouvel ordre, il y a tout de même quelques belles options pour prendre soin de soi, dès maintenant, et d’autres à prévoir dans un avenir que l’on souhaite rapproché.

Quand la vie à peu près « normale » avait pu reprendre, au printemps dernier, les chambres et les retraites du Centre de vie, à Ripon, s’étaient remplies en bloc. La fréquentation n’a pas diminué jusqu’aux nouvelles restrictions. La copropriétaire Hélène Léger a constaté à quel point les Québécois avaient besoin de répit, d’introspection, de soins petits et grands.

Fondé il y a 10 ans, le centre d’hébergement de 16 chambres (32 lits) offrait autrefois principalement des retraites de groupe d’un week-end. La pandémie a naturellement obligé Mme Léger et son partenaire, Michel Stornello, à adapter leur modèle d’affaires.

« Avant la COVID-19, le centre était complet deux ans d’avance. Quand tout a été annulé, il a fallu miser sur le marketing et les communications pour se faire connaître. On a implanté un système de réservation sur le site pour les séjours individuels, maintenant offerts toute la semaine. »

Même à l’heure actuelle, on peut très bien passer quelques nuits en toute quiétude au Centre de vie. Les repas (végétariens) sont inclus. Il est possible d’explorer 206 acres de terrain, dont plusieurs sentiers de marche/raquettes. Le vieux silo à grains de la propriété a été transformé en magnifique sauna. Les soins de massothérapie, de naturopathie, d’« harmonisation énergétique », de réflexologie, etc. sont tous offerts.

« Ici, les espaces sont grands et chaque personne peut avoir son petit salon intime. Les chambres sont toutes garnies d’une table pour prendre les repas. Le sauna est réservé à une personne à la fois. Nous sommes chanceux de pouvoir encore offrir tout ça en ce moment », admet Mme Léger. Les retraites de groupe, elles, reviendront dès que ce sera possible.

Le ressourcement est encore au programme dans des lieux comme le Spa Eastman, pionnier en la matière. Les repas doivent être pris aux chambres ou dehors, quand le temps le permet, mais la piscine est ouverte, les activités extérieures et les soins individuels sont maintenus.

Le superbe Monastère des Augustines, à Québec, semble également être ouvert en ce moment. Cet hiver, il s’associe d’ailleurs à la SEPAQ pour offrir un séjour mariant bien-être en nature et ressourcement personnel et comprenant deux nuitées dans les espaces historiques du Monastère et une dans un chalet EXP du parc national de la Jacques-Cartier.

D’autres, comme le Couvent Val-Morin et le centre de méditation Vipassana du Québec, entre autres, ont décidé de fermer et d’attendre. Il en va évidemment de même pour les entreprises spécialisées en retraites de groupe, qui voient leur programmation reportée, encore une fois. Mais toutes et tous prédisent une reprise du tonnerre, comme l’été et l’automne derniers.

Un « bébé de la COVID-19 »

Jean-Christophe Viard a même profité du temps d’arrêt imposé par la crise pour lancer Plenitude Travel, une nouvelle entreprise de voyage consacrée au ressourcement et à la déconnexion. Le fondateur de ToundriGo, un voyagiste réceptif bien ancré dans le paysage québécois, a bien sûr vu ses activités réduites dans les deux dernières années. Il y a vu l’occasion de faire un séjour de ressourcement pour lui-même, chose qu’il n’aurait jamais cru faire dans le passé. « Plenitude Travel est un bébé de la COVID-19 », peut-on d’ailleurs lire sur le site de la marque naissante.

C’est alors que le spécialiste des expériences d’exception a pu constater que l’offre était encore un peu limitée, pour les séjours de bien-être. « Les lieux ne sont pas toujours très sexy. Mais, moi, je connais des lieux magnifiques au Québec qui pourraient accueillir ce type de séjour. »

« Chez Plenitude, au lieu d’organiser des voyages où on essaie d’en faire et d’en voir le plus possible, on offre des packages découverte de soi, avec des conférences, des ateliers, plusieurs différents types d’activités. »

— Jean-Christophe Viard, de Plenitude Travel

« Ce ne seront pas des retraites monoyoga ni monoméditation par exemple. Il y en a déjà beaucoup », ajoute M. Viard.

M. Viard s’est associé à des professionnels de la naturopathie, de l’herboristerie, du yoga et de la méditation, de l’aromathérapie, etc. pour offrir une diversité d’expériences. Pour l’instant, il y a six hôtes un peu partout au Québec et neuf programmes dans l’offre de Plenitude. Les premières retraites, qui devaient avoir lieu en janvier, ont bien entendu été reportées.

S’adapter pour mieux aider

Jeanne Dubé et Sophie Latreille, fondatrices de WeTreat, ne savent toujours pas si leur retraite « Weekend nature » pourra avoir lieu au Couvent Val-Morin en février. Mais elles sont résignées et ont pris l’habitude de s’adapter.

Très populaires, les activités de WeTreat attirent souvent plus de 30 personnes. En fonction des restrictions du moment, Sophie Latreille et Jeanne Dubé ont pris l’habitude de séparer les groupes pour former de plus petites équipes et de passer le plus de temps possible dehors. « Le principe de ces retraites, c’est de se ressourcer, rappelle Sophie Latreille. On n’a pas envie que les gens soient stressés par le nombre. »

« À la première “reprise”, en juin 2020, on a eu toutes sortes de réactions, se rappelle Jeanne Dubé. Il y avait des gens anxieux, des gens super excités, des gens un peu confus. On ne savait pas vraiment comment agir en société, quand il fallait porter le masque ou pas. Aujourd’hui, on a pas mal plus d’expérience et les choses se déroulent bien rondement. » Tellement, en fait, que WeTreat avait prévu une retraite par mois en 2022. À suivre...

La première activité de 2022 de Nature sacrée, l’entreprise de Chloé Robertson, n’aura pas lieu en janvier. Le programme de quatre jours Émergence, qui allie yoga, méditation, danse intuitive, marche en forêt et rituels de toutes sortes, se tiendra plutôt en mai, si tout va bien.

« Ça fait maintenant deux ans que je planifie en sachant très bien que tout pourrait être reporté. J’accepte l’incertitude et le travail de plus que ça engendre parce que je pense que c’est nécessaire de continuer à offrir ces espaces dans la société, surtout dans une période comme celle-ci. »

— Chloé Robertson, de Nature sacrée

« J’offre un environnement de respect, où tout le monde peut revivre en groupe de manière sécuritaire et libérer l’excédent de stress et d’anxiété », ajoute Mme Robertson.

Chloé Robertson, qui enseigne également au Studio Mile End (ancien Wanderlust) depuis quelques années, a animé sa première retraite il y a exactement six ans. Elle est consciente du fait que les moyens financiers des gens n’ont pas nécessairement évolué au même rythme que leur besoin de bien prendre soin d’eux-mêmes. Aussi essaie-t-elle d’offrir des tarifs raisonnables.

« Je veux encourager les gens à faire l’expérience d’une retraite. C’est le meilleur investissement qu’on puisse faire. Et plus que jamais, ça me semble important qu’on prenne responsabilité de soi-même. On a tous un impact sur les gens autour de soi et on a besoin d’individus sains pour former une société saine », croit celle qui s’est carrément investie d’une mission communautaire.

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