Professionnels et étudiants en forte demande

Les produits issus des biotechnologies industrielles prennent de plus en plus de place autour de nous et la demande de professionnels et de diplômés universitaires du secteur est en forte croissance. Et ça n’ira pas en ralentissant ! Survol.

Si « biotechnologies » fait souvent penser aux scientifiques en blouse blanche occupés à concocter des médicaments ou des vaccins en laboratoire, l’industrie est loin de se résumer à cette image.

En effet, les procédés biotechnologiques sont nécessaires à la fabrication de nombreux produits cosmétiques et alimentaires, de certains plastiques biodégradables, des biocarburants et plus encore.

« Le taux de croissance de l’industrie biotechnologique est cinq fois plus élevé que celui de la synthèse chimique, explique Joël Sirois, directeur du programme de baccalauréat en génie biotechnologique à l’Université de Sherbrooke. Plus ça va aller, plus il y aura des procédés biotechnologiques plutôt que des procédés traditionnels chimiques. »

Preuve de la diversité du secteur, de nombreux diplômés en biotechnologies travaillent à la conception de dispositifs et d’outils médicaux, lancent des entreprises ou deviennent gestionnaires de matériel de pointe dans les hôpitaux.

L’effervescence dans le domaine crée donc un nombre incalculable d’occasions professionnelles pour les microbiologistes, les ingénieurs en biochimie ou en biotechnologie, ainsi que les biologistes.

Spécialement dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. « Nos finissants sont placés très rapidement : 100 % de ceux qui cherchent un emploi dans le domaine le trouvent en moins d’un an, souligne Delphine Périé-Curnier, directrice des études supérieures à Polytechnique. D’autres décident de se joindre à la faculté de médecine ou d’étudier aux cycles supérieurs pour se spécialiser. »

Même constat à Sherbrooke. « Il y a environ dix fois plus de stages que d’étudiants disponibles, révèle M. Sirois. Nos taux de placement sont excellents. On manque d’étudiants. »

Renverser la vapeur

Faut-il donc augmenter le quota d’étudiants, afin de satisfaire aux besoins du marché ? « Même si on augmentait le nombre d’admissions, il faudrait quand même attendre quelques années avant que les étudiants atteignent le marché du travail, ajoute M. Sirois. Et je doute qu’on ait assez de laboratoires et d’infrastructures pour former tous ces étudiants supplémentaires. »

Mme Périé-Curnier renchérit. « On ne peut pas avoir de labos pour 200 étudiants. Notre capacité est limitée en termes d’espaces et d’accès aux technologies. »

Cependant, certains étudiants étrangers offrent un début de solution. « Plusieurs étudiants qui ont fait leurs études en génie ailleurs, souvent en Europe ou en Afrique du Nord, font la dernière année de leur baccalauréat à Polytechnique Montréal avant d’y faire une maîtrise, dit-elle. Ils font donc leurs stages au Québec. Les entreprises peuvent apprendre à les connaître et à les former avant de les embaucher. »

Cela dit, des diplômés québécois font le chemin inverse. « Puisque l’Europe est en avance d’environ 10 à 15 ans sur le Québec en biotechnologies, des étudiants s’y rendent pour travailler, affirme Joël Sirois. Mais le Québec travaille fort pour rattraper son retard. »

Entre autres en misant sur la transversalité. « Les biotechnologies ne requièrent pas seulement une formation en physique ou en mathématiques, mais une capacité à interagir avec énormément d’intervenants comme des ingénieurs, des chercheurs, des médecins, des techniciens et des gestionnaires, explique la directrice. Au Québec, il y a une grande volonté de mettre tout ce monde ensemble. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.