Des nouvelles de…

Michel Charette

Le monde des arts est à l’arrêt. Au cours des prochaines semaines, nous parlerons à des acteurs, auteurs, musiciens et artisans qui ont vu leurs projets interrompus par la pandémie, histoire de prendre de leurs nouvelles.

Depuis que le tournage de District 31 a été interrompu il y a trois semaines, Michel Charette fait comme tout le monde et reste confiné chez lui avec sa blonde et ses deux enfants. Et l’interprète du sergent-détective Bruno Gagné se demande bien quand seront tournés les huit derniers épisodes qui devaient être diffusés cette semaine et la semaine prochaine.

Le 17 mars, l’équipe de District 31 ne savait pas que c’était le dernier jour de tournage de l’année. Une décision qui a été prise par la production pour respecter les règles de distanciation sociale visant à contrer la pandémie de la COVID-19, et qui est venue amputer la populaire quotidienne de la conclusion de sa quatrième saison.

« C’est arrivé tellement vite, personne n’a eu le temps d’encaisser tout ça », nous dit Michel Charette au bout du fil.

« On se présente sur le plateau, l’après-midi c’est fini, tout le monde s’en va, pas de bye à personne, pas de wrap party, rien. Comme un genre de magnifique coït interrompu. »

— Michel Charette

Le comédien admet être resté « sur sa faim » avec ses textes annotés et son horaire de tournage caduc. « C’est le cas pour toute l’équipe, et pour le public qui ne l’a pas vu. La seule différence, c’est que nous on sait comment ça finit, et que vous, vous ne le savez pas ! »

Comment se conclura la saga de la Riopelle ? Le couple machiavélique formé de Julia Deveau et Richard Jetté tombera-t-il enfin ? Et cette mystérieuse résurrection du Sixers Gaétan Filion, comment sera-t-elle expliquée ? Même sous la torture, Michel Charette ne donnera aucun indice.

« Y as-tu pensé ? J’ai un piton rouge qui me suit à longueur de journée, un tireur d’élite qui est prêt à me tirer dans la nuque à tout moment ! C’est une convention qui est le fun, de ne pas brûler les affaires. Sauf que là, les gens, au lieu d’attendre tout l’été pour savoir la suite, eh bien ils vont attendre tout l’été pour savoir la fin. »

Comme ces huit épisodes doivent être diffusés au début de la prochaine saison, le tournage reprendra dès que possible – « Tout n’a pas été jeté aux poubelles, là. » La production, nous dit Michel Charette, a d’ailleurs déjà avancé des dates de reprises du travail.

« Mais il y a tellement d’impondérables. À la base, il faut que ce soit clair et sécuritaire. Si tout le monde est encore arrêté et que nous, on dit “on s’en va tourner”, je pense que ce serait mal vu. »

« On est responsables, on est intelligents, on va attendre avant d’aller de l’avant. »

— Michel Charette

Il comprend d’ailleurs tout à fait les raisons qui ont mené à l’interruption : impossible, dit-il, de respecter les règles de distanciation pendant un tournage. « Sur un autre plateau, Six degrés, des acteurs et des techniciens ont été infectés. Sur un tournage, on se fait maquiller, coiffer, on se touche, ça n’avait plus de sens. Il fallait arrêter. »

S’occuper

Pendant son confinement, Michel Charette continue son entraînement de triathlonien – il se prépare pour un demi-Ironman en juin, mais est bien conscient qu’il risque d’être reporté –, joue (beaucoup) avec ses enfants de 10 et 6 ans – « On leur a fait un horaire pour qu’ils aient un minimum de routine, pas question qu’ils soient sur les écrans toute la journée » –, regarde (beaucoup) de séries, de Breaking Bad à Fragile, de Serge Boucher, en passant par C’est comme ça que je t’aime, de François Létourneau, et Unorthodox.

« J’ai pris de l’avance, je me suis mis à jour… je n’en ai jamais écouté autant. Aussi, je suis un grand fan de heavy métal et, tous les lundis, le groupe Metallica offre un show en streaming sur sa chaîne YouTube. Et tous ces musiciens qui font des live dans leur sous-sol, ça nous désennuie, ça nous emmène ailleurs, ça fait du bien à l’âme. »

Le confinement lui permet aussi quelques constats. « Je n’ai jamais si peu dépensé de ma vie, et je ne manque de rien. Et on n’a jamais si peu jeté de nourriture, on cuisine tout, on mange tout. La consommation excessive n’existe plus en ce moment. »

S’il travaille sur des projets d’écriture avec son ami François Chénier – une pièce de théâtre et une série –, il s’ennuie de la bande de District

« Ça fait quatre ans que je passe huit mois par année avec eux. Ce sont devenus des amis, on est un groupe très soudé. »

— Michel Charette

Le défi, lors de la reprise, sera de retrouver l’intensité qu’ils avaient atteinte en fin de la saison. « On était vraiment dans le climax. D’habitude, quand on reprend, on est plus carrés, plus statiques, puis à un moment on se délie. Mais bon, j’ai confiance, depuis le temps, on sait ce qu’on fait. »

Surprises

Le personnage de Bruno Gagné a vécu son lot d’émotions cette année, ce qui a rendu son interprète heureux. « C’est tellement plaisant à jouer, il y a tellement de viande autour de l’os. Ce n’est pas le gars le plus sympathique au monde, Bruno, mais c’est certainement la police la plus droite qu’il y a dans le poste. C’est un gars d’action, de terrain, qui veut régler les affaires. »

Il l’avoue, l’auteur Luc Dionne réussit encore à le surprendre avec ses revirements. « Heureusement ! », lance-t-il. « Quand je reçois les scénarios, je les lis comme des page turner. Des fois, je me dis : “Ah non, il ne s’en va pas là pour vrai…” Et il y va. »

Au bout du compte, même s’il doit s’occuper l’esprit pour ne pas tourner comme un lion en cage, Michel Charette est conscient que son confinement se fait dans des conditions favorables, dans une maison de banlieue, avec une cour à sa disposition, et qu’il ne manque de rien.

« Quand on va pouvoir tourner la finale, les gens vont l’apprécier. Mais en ce moment, c’est juste plate pour tout le monde. Je ne parle pas de District, mais du confinement. Il y a des gens qui travaillent fort. D’autres qui vont perdre beaucoup là-dedans. Mais on va se serrer les coudes et y arriver. »

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