La participation de gestionnaires « ne sera plus permise », dit Dubé
Québec — Un gestionnaire du réseau de la santé ne pourra plus détenir une participation dans une agence de placement de personnel, décrète le gouvernement Legault.
La décision survient à la suite d’un reportage de La Presse sur des cadres d’établissements de santé qui ont fondé une telle agence bénéficiant d’importants contrats publics. L’Assemblée nationale a condamné à l’unanimité cette pratique.
« C’est inacceptable », a renchéri le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, en conférence de presse mercredi. Il a demandé à sa sous-ministre Dominique Savoie d’émettre une directive pour interdire à un gestionnaire d’avoir des intérêts dans une agence de placement.
Il a expliqué que les règles concernant les conflits d’intérêts empêchent formellement cette pratique pour les cadres supérieurs, mais que des établissements de santé en concluaient que les cadres intermédiaires n’étaient pas visés.
« C’était clair que des cadres de premier et deuxième niveau ne pouvaient pas avoir de participation. Mais il y avait un certain flou, depuis plusieurs années, que des cadres intermédiaires pouvaient, selon certains CISSS ou CIUSSS, avoir cette flexibilité-là et cette possibilité. Puis, pour moi, c’est totalement inacceptable. On ne peut pas dire que, parce qu’on est à un endroit de l’organisation, on peut avoir un conflit d’intérêts ou une perception de conflit d’intérêts », a affirmé Christian Dubé. « Il va y avoir une directive qui va être émise, et ce ne sera plus permis, peu importe où on se retrouve dans la hiérarchie du réseau de la santé. »
Sa sortie a fait suite à une motion, présentée par Québec solidaire et adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, demandant au gouvernement d’interdire « minimalement » aux gestionnaires du réseau public de la santé de détenir une participation dans des agences de placement de personnel.
La motion est « un premier pas vers l’abolition complète de ces agences de placement », a fait valoir le porte-parole de Québec solidaire en matière de santé, Sol Zanetti.
Les révélations de La Presse constituent à ses yeux « une autre preuve que laisser le privé en santé, ça [prépare] la voie aux escrocs. On est en train de nous miner nous-mêmes, avec ce système hybride où le privé prend de la place, nos capacités à lutter contre la pandémie ».
Pour la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, la situation révélée par La Presse « à sa face même est un conflit d’intérêts ». Elle demandait au ministre, en début de journée, « d’intervenir pour clarifier les règles en matière de déontologie et d’éthique ».