Opinion : Climat

Ne laissons pas la maison brûler avec nos enfants dedans

Les auteures s’adressent aux élus fédéraux, provinciaux et municipaux

En 2050, nos enfants Léo, Luce, Malik, William, Esther, Raphael et leurs amis auront à peine 30 ans. Si on ne réduit pas nos émissions de gaz à effet de serre de manière drastique dès maintenant, la qualité de vie sur Terre sera bien différente de celle d’aujourd’hui.

Les groupes d’experts scientifiques anticipent des hausses de température pouvant aller de 2 à 4 °C au Québec – par analogie, toutes les mères savent qu’une telle « fièvre » est dangereuse. Si la tendance se maintient, les pluies torrentielles en été et la pluie en hiver deviendront habituelles. Les canicules dureront presque tout l’été. Nos enfants seront davantage exposés aux rayons UV dommageables. Les sécheresses et les incendies de forêt seront plus fréquents. Tout cela affectera la qualité de l’air que l’on respire, l’accès à l’eau, et nos capacités à produire de la nourriture.

Avec la montée du niveau de la mer, l’érosion des berges de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent s’accentuera. La saison des pollens s’allongera et, par conséquent, la saison des allergies. Nos enfants auront à cohabiter avec l’arrivée et l’expansion d’espèces envahissantes et nuisibles et d’autres zoonoses comme la COVID-19 transmise par le SARS-CoV-2. De nouvelles pandémies ? C’est bien plausible, selon les experts.

Nous, mères, grands-mères et arrière-grands-mères, refusons que ce scénario soit le futur de nos descendants. De partout, nous sommes des milliers à élever notre voix pour protéger la beauté du monde et assurer un futur sécuritaire à nos enfants. C’est pour cela que nous vous demandons d’agir maintenant.

Pour la fête des Mères, nous vous demandons du courage politique. Il est de votre devoir de protéger et d’assurer un avenir viable à nos enfants. Leur futur ne doit pas faire l’objet de joutes entre les partis politiques – tous doivent travailler ensemble, avec cœur et rigueur sur tous les paliers gouvernementaux.

Nous vous demandons de transformer les solutions en actions afin d’éviter les pires scénarios.

Le gouvernement fédéral a l'occasion de développer une véritable loi climat ambitieuse et contraignante nécessaire à l’atteinte de l’objectif de carboneutralité le plus tôt possible. Il doit dès maintenant cesser le financement de l’industrie des énergies fossiles.

Au provincial, le gouvernement doit refuser le projet de gaz GNL Québec et appliquer le principe de pollueur-payeur. Il doit investir dans des infrastructures vertes, freiner l’étalement urbain, protéger la biodiversité, les espaces naturels, les terres agricoles, etc.

De leur côté, nos élus municipaux ont un rôle essentiel à jouer pour rendre nos villes plus vertes et plus saines, mettre en place une gestion responsable des matières résiduelles, assurer la qualité et la disponibilité de l’eau potable, augmenter l’accessibilité aux transports collectifs et actifs, créer des espaces verts, réduire les îlots de chaleur, protéger les terres agricoles, et créer des milieux de vie sécuritaires et agréables pour assurer le bien-être de nos collectivités.

Des élections arrivent à grands pas et nous ferons entendre nos voix. Nous ne laisserons pas la maison brûler avec nos enfants dedans. C’est pourquoi pour la fête des Mères, nous exigeons du courage politique !

Nous voulons travailler ensemble à une autre suite du monde.

* Cosignataires, représentantes des 28 groupes Mères au front présents partout au Québec et au-delà : Anne-Céline Guyon, Angela Marsh, Anne-Marie Chapleau, Aline Silva, Catherine Aubin, Catherine Beauce, Catherine Cyr-Wright, Céline Poissant, Claude Hamel, Christine Lettre, Emmanuelle Larocque, Emilie Robert, France Duquette, Geneviève Fradette, Hélène Dufresne, Johanne Saucier, Kathy Bouffard, Kelly Martin, Laure Waridel, Lysanne Villemure, Marie Motte, Marie-Josée Lepage, Marie-Hélène Blais, Marie-Hélène Cloutier, Mireille Elchacar, Mylène Fortin, Nathalie Préfontaine et Sarah Chamberland

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