Génération Y

Montréal a tout pour plaire

Benjamin Beauregard, 33 ans, est un digne représentant de la génération Y.

À 20 ans, le jeune homme originaire d’Outremont a été engagé comme cowboy à EuroDisney, en France. Trois ans plus tard, il ouvrait un centre d’appels en Inde. Puis, à 26 ans, il partait avec son sac à dos apprendre l’espagnol au Mexique.

L’an dernier, le nomade a rangé sa valise. Avec sa conjointe, Jacynthe Bouchard, 35 ans, il a acheté une maison détachée de deux étages rue Hickson, dans l’arrondissement de Verdun. Un premier bébé est attendu prochainement.

« L’hiver, je marche une demi-heure pour aller au travail. Quand il fait mauvais, j’appelle Uber. L’été, j’enfourche mon vélo », explique M. Beauregard, qui a lancé sa propre firme de marketing, Convernet, dont les bureaux sont au Château Saint-Ambroise, dans le quartier Saint-Henri. Le couple a vendu sa deuxième voiture, devenue superflue.

Les dimanches matins, les amoureux vont boire un latté au Café Saint-Henri, puis savourer des viennoiseries à la boulangerie Sweet Lee’s, rue Wellington. Ils s’arrêtent ensuite à la Fruiterie Soleil, rue de l’Église. « J’ai l’impression de voir le Plateau d’il y a 15 ans », dit M. Beauregard.

En 2021, les Y représenteront 36,4 % de la population du quartier de Benjamin Beauregard, bien au-dessus de la moyenne de la région qui s’élèvera à 27,5 %. Quand ils étaient enfants, les Y ne comptaient que pour 21,7 % de la population autour de la rue Hickson.

Avec ses festivals, ses restos, ses salles de spectacle, Montréal a en effet tout pour plaire aux milléniaux, devenus adultes.

Le maire Denis Coderre, omniprésent sur les réseaux sociaux, symbolise la volonté de la Ville de se brancher sur les valeurs et les habitudes de la nouvelle génération.

« La Ville met le paquet sur la ville intelligente et sur BIXI, ce sont des éléments qui montrent l’importance qu’elle accorde à ces clientèles. »

— Annick Germain, sociologue à l’INRS

Mme Germain a d’ailleurs participé à l’écriture du livre Vivre en famille au cœur de la ville, paru en octobre dernier aux PUM.

Il en faudra plus pour les satisfaire, croit Dominic Larivée, vice-président directeur d’Optima marketing. « Que cette génération, qui est capable de comparer 100 endroits qui vendent le même produit avec son téléphone, soit incapable d’aller sur la page Facebook de sa ville pour voir quand est la prochaine activité dans laquelle elle peut mener ses enfants, c’est complètement ridicule. Le jeune ne lira pas le recueil d’activités municipales sur papier. Mais, fais-le afficher sur son Facebook, il risque de le regarder.  »

Montréal doit de plus surmonter un handicap de taille : les propriétés sont hors de prix. Pour atténuer l’obstacle, la Ville a adopté un plan triennal de fidélisation des familles. « Nous estimons qu’environ 650 ménages de gens de moins de 35 ans profiteront de nos programmes d’accès à la propriété », dit dans un entretien Russell Copeman, responsable de l’habitation au comité exécutif.

Pour ce qui est de retenir les Y, c’est mission accomplie dans le cas de Simon Jean-Yelle. Le jeune homme de 31 ans a été élevé à Châteauguay, sur la Rive-Sud, mais a traversé le pont Mercier il y a 10 ans pour ses études. Il ne retournera pas en arrière. L’an dernier, sa conjointe et lui ont acheté une maison en brique, rue Crawford, à Verdun. « On voulait rester près de tout le choix de consommation qui est offert par Montréal », dit celui qui a travaillé récemment au projet de parc d’éoliennes de Rivière-du-Moulin.

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